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Sevrey. 90% de grévistes chez Amazon : « on veut 300 euros net d’augmentation de salaire »

Après les mobilisations dans les entrepôts de Montélimar et Bretimy-sur-orge, les travailleurs de Sevrey (71) se sont mis en grève ce début de semaine. Ils revendiquent une augmentation de leur salaire, notamment face aux superprofits du géant Amazon et à l’augmentation généralisée des prix.

Marina Hagen

29 mars 2022

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CREDIT PHOTO : LA CGT AMAZON FRANCE LOGISTIQUE

C’est sans préavis que les travailleurs de l’entrepôt Amazon de Sevrey, en Bourgogne-Franche-Comté, ont lancé leur mobilisation. A l’aube des NAO (Négociations Annuelles Obligatoires) sur les salaires, ils étaient près de 90% à se mobiliser en équipe de nuit, et 50% en équipe de jour.

« Toutes les équipes se sont mobilisées, on a vu des gens sortir qui étaient jamais sortis » déclare Antoine Delorme, délégué syndical à la CGT Amazon auprès de Révolution Permanente. Au départ sous la forme de tractage, puis de débrayage, la mobilisation a rapidement pris la forme d’une grève. Et les raisons sont limpides : la direction ne leur propose que 2% d’augmentation annuelle sur leur salaire, soit 26 euros net, alors même que leur salaire frôle le SMIC et que l’inflation elle, est de 3,6%.

« Dans la conjoncture actuelle, dans l’entreprise dans laquelle on travaille, oui, c’est insatisfaisant. Ce qu’on demande nous, c’est du 300 euros net, soit un 32 heures payé 35. » Car « le climat actuel, c’est l’augmentation de tous les tarifs pendant que nous on a rien alors tout le monde se dit "mais on bosse quand même chez Amazon quoi !" »

En effet, fin 2021, l’entreprise doublait ses profits, à hauteur de 14 milliards de dollars pour le quatrième semestre de l’année. « On travaille chez Amazon : c’est la plus grosse boutique du monde ! En même temps, on sait que leur politique et leur façon de faire c’est pas redistribuer aux salariés, c’est de gagner du pognon et le réinvestir pour grandir, grandir, grandir… Et nous, en tant que salariés, on stagne. Y a de plus en plus de chiffres d’affaires, de bénéfices, mais nous nos salaires n’augmentent pas. Y a rien qui augmente pour nous. » martèle Antoine.

Cariste (moniteur de chariots) depuis dix ans, Antoine explique également que ce statut n’existe pas chez Amazon, au profit d’un autre spécifique à l’entreprise, celui d’« agent d’exploitation polyvalent ». Une reconnaissance de statut pourtant nécessaire aux travailleurs pour faire prévaloir leurs acquis ailleurs, pour laquelle ils avaient mené leur direction au tribunal. « Soit t’es ouvrier [agent d’exploitation polyvalent], soit t’es chef d’équipe, y a pas d’intermédiaire, pas de coef, tu peux pas gravir d’échelons si tu veux pas prendre les responsabilités d’un chef d’équipe. »

A cela, il faut ajouter les conditions de travail chez Amazon. Antoine raconte : « C’est infecte. On nous répète que c’est la sécurité avant tout mais tout le monde vous dira que c’est pas vrai : c’est de la productivité à plein gaz. Faut toujours en donner plus, faut engranger un maximum de commandes… Faut toujours, toujours courir. »

Les grévistes de Sevrey se sont mobilisés 24h en vue des négociations nationales, qui ont lieu jeudi. « Là on a envoyé un message assez fort, et ils seront obligés de prendre en compte ce qui s’est passé. » Pour reconduire, les travailleurs attendent la deuxième réunion de négociations, afin de savoir ce que la direction va leur proposer.

Chez Amazon mais aussi dans d’autres entreprises des mobilisations inédites pour des salaires à hauteur d’une vie digne fleurissent depuis quelques mois. Cette grève chez Amazon s’inscrit dans une séquence d’inflation généralisée, et alors que les grandes firmes comme Amazon engrangent des profits record, il faut exiger que le patronat paye et augmente les salaires.


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