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Témoignage

Récit d’une grève victorieuse aux urgences psychiatriques de Toulouse : « nous avons laissé de côté la culpabilité »

Nous relayons ici le témoignage d'infirmier.e.s et d'aides-soignant.e.s des urgences psychiatriques du CHU de Toulouse qui, par la grève, ont obtenu gain de cause.

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Il y a un peu plus d’un mois nous écrivions un article sur Révolution Permanente pour vous expliquer que nous entrions en grève. Aujourd’hui c’est de notre victoire dont nous allons vous parler. Pour remettre un peu de contexte, nous sommes les infirmier.e.s et les aides-soignant.e.s du service des urgences psychiatriques de Purpan (CHU de Toulouse). Le 21 février dernier nous avons entamé un mouvement de grève illimité afin de pouvoir accueillir les patients plus dignement.

Commençons par vous expliquer l’état d’esprit dans lequel nous étions avant de débuter ce mouvement. Cela faisait plusieurs mois que la situation et les conditions de travail se dégradaient. En témoigne le nombre toujours plus grand de collègues qui quittent le service. Forts de ce constat nous avons alerté la direction à de nombreuses reprises mais les silences de notre administration n’ont fait qu’accroître la colère. Nous étions indignés, révoltés et doucement nous avons construit un collectif. Au fur et à mesure que le temps passait, la situation s’empirait et le groupe prenait de la force. Lorsque ce groupe est arrivé à maturité, nous avons posé un préavis de grève illimité.

Puis vint le temps de notre première réunion de négociation. Nous sommes arrivés avec l’intime conviction que rien ne pourrait nous arrêter. Nous avons laissé de côté la culpabilité. Cette émotion néfaste qui empêche tout mouvement social dans le milieu de la santé et qui laisse à penser que le soignant ne peut pas faire grève car il a des patients à s’occuper. Venir travailler en écrivant « je suis en grève, mais je vous soigne » ne faisait pas partie de notre stratégie. Nous étions déterminés et nous avions décidé de cesser le travail. Nous étions persuadés que seul un véritable rapport de force entraînerait une victoire. Cet état d’esprit ne nous a jamais quitté, pas un seul instant.

Comme dans chaque lutte, il y a eu des moments difficiles. Il y a eu ce jour où nous nous sommes faits gazer par des policiers lors d’une action devant l’Agence Régionale de Santé. Ou encore lorsque à plusieurs reprises nous avons rencontré notre direction. Cette direction dure et ferme qui ne voulait pas négocier. La violence des mots, le mépris sont autant d’éléments qui nous ont soudé. Il y a aussi eu deux incendies. Nous observions le bateau couler et la direction restait sourde. Ce sont nos jeunes collègues, parfois arrivés depuis à peine deux mois qui tenaient le service pendant la tempête que fut cette grève, évitant de peu le naufrage, la catastrophe. Il aura fallu que nous soyons 15 grévistes à ne pas venir travailler pour que la situation évolue. Le vendredi 22 mars dès 21h et le temps d’une nuit les urgences psychiatriques de Toulouse étaient fermées. Le début de semaine qui suivait, la direction nous rencontrait pour nous proposer une réunion de négociation. Satisfaits de cette dernière rencontre, nous avons repris le travail. Nous avons obtenu deux postes d’infirmiers supplémentaires. Des travaux d’aménagement vont être réalisés. Et enfin 6 de nos collègues seront prochainement stagiairisés.

Aujourd’hui la vie a repris son cours dans notre service. Nous sommes heureux d’avoir amélioré les conditions d’accueil pour les patients. Nous sommes également heureux d’avoir amélioré nos conditions de travail. Une phrase que nous ne disions plus ressort depuis peu : « Aujourd’hui j’ai fait de la qualité ». Enfin il y a quelque chose qui a changé dans nos esprits. Nous sommes conscients du collectif que nous avons crée lors du mouvement, et nous avons à cœur de faire perdurer cette force. Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli.


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