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Militarisme

« Economie de guerre » : à Bergerac, Macron inaugure une usine militaire pour faire parler la poudre

Macron veut nous faire passer en « mode économie de guerre ». Il posait aujourd'hui la première pierre d’une nouvelle usine de poudres d’obus de gros calibre à Bergerac. La marche à la guerre fait le malheur des peuples mais le bonheur de marchands de canon.

Joël Malo

11 avril

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« Economie de guerre » : à Bergerac, Macron inaugure une usine militaire pour faire parler la poudre

Crédit photo : capture d’écran BFMTV

Les commandes de poudre explosent

C’est sur ce site de Bergerac que sont actuellement produites les charges modulaires qui permettent la propulsion des obus de 155mm, ceux lancés par le canon CAESAR avec une portée pouvant atteindre 40km. « Aujourd’hui nous faisons 500 000 charges, 90 000 coups complets [les charges peuvent être assemblées pour augmenter la portée d’un obus] » déclare Thierry Francou, directeur de la Société Nationale des Poudres et Explosifs (SNPE) qui chapeaute Eurenco. Il promet de doubler la production de charges du site d’ici 2026 : « Globalement, nous allons monter à 1,2 million de charges, c’est-à-dire 200 000 coups complets  ». 80% de cette production est destinée à être envoyée en Ukraine, le reste à garnir les stocks de l’armée française.

C’est au nom de la défense de l’Ukraine que Macron poursuit sa course à l’armement et appelle les industriels de l’armement à « un effort urgent » mais surtout « durable ». En réalité, l’enjeu central pour le complexe militaro-industriel est surtout de se mettre à niveau pour rester le second exportateur mondial d’armement tout en augmentant considérablement les stocks de l’armée. « Le monde de demain ne s’arrêtera pas si demain la guerre se termine  » prévient ainsi Macron « parce qu’il y a un réarmement massif qui s’est opéré ces derniers temps de la Russie […] partout en Europe les dépenses militaires et les commandes augmentent ».

Des commandes qui annoncent des cataclysmes pour les peuples mais une aubaine pour les capitalistes. Là où quiconque verrait un massacre de la population pour la domination de la Russie ou de l’OTAN sur l’Ukraine, les PDG comme Thierry Francou voient la situation comme un « accélérateur de croissance  ». Et les affaires sont promises à un bel avenir !

Selon le PDG, les carnets de commande d’Eurenco sont pleins jusqu’en 2030. Durant les six derniers mois, l’entreprise a reçu des commandes pour un montant de 1,2 milliards d’euros. L’enjeu est donc d’accélérer la cadence pour faire face aux nouvelles commandes et aux prochains conflits. Pour 2025, selon La Tribune il est ainsi prévu de multiplier la production de charges modulaires par sept, de doubler la production de poudre de petits calibres et de multiplier par dix la production de poudres de gros calibres. Un investissement de 500 millions d’euros, financé à hauteur de 76 millions d’euros par la Commission Européenne ! « Une formidable métaphore de ce qu’on veut pour notre industrie  » a lancé Emmanuel Macron.

Macron n’a pas encore gagné la bataille de l’économie de guerre

Ce n’est donc pas la volonté de s’armer jusqu’aux dents qui manque. Les capitalistes de tous les pays savent que leurs différends finiront par se trancher en envoyant leurs travailleurs s’entretuer pour leurs intérêts. Mais ils savent aussi très consciemment que plusieurs obstacles se dressent sur leur chemin.

D’abord, la nécessité de réadapter leurs capacités industrielles et leurs stocks à des guerres de haute intensité entre États. C’est ce que Macron a mis en scène lors de sa visite en Dordogne, suite à laquelle il s’est entretenu avec différents marchands de morts comme les PDG de Thalès, de KNDS (ex-Nexter), de MBDA ou d’Aubert et Duval pour étudier les possibilités de produire plus, plus vite et plus létal. C’est également ce qu’a signifié Sébastien Lecornu au complexe militaro-industriel en agitant la menace de « réquisitions » de personnels, de machines ou de stocks du secteur pour accélérer les chantiers-clefs comme la production de canons Caesar. Des canons « que nous sommes en train de vendre un peu partout à travers le monde, ce qui en fait un produit d’export extrêmement puissant » s’est ainsi réjoui Macron devant la poudrerie.

Mais le principal pour une économie de guerre réussie, c’est de mettre au pas les ouvriers et la population, d’augmenter les cadences, de baisser les salaires et de rogner sur l’ensemble des droits au nom de la défense de la patrie et du patrimoine des capitalistes. Et ce défi, Macron est encore bien loin de l’avoir relevé. De nombreux analystes bourgeois ont ainsi correctement analysé la mobilisation contre la réforme des retraites, c’est-à-dire l’intervention du mouvement ouvrier par des grèves massives, comme le principal obstacle à la mise en place d’une économie de guerre.

Mais les capitalistes sont bien déterminés à présenter la course aux armements comme une chance qui va créer des emplois et à embrigader la jeunesse. Le patronat local de la métallurgie avait ainsi organisé la venue de lycéens du CFA de Bergerac, les futurs travailleurs de la poudrerie, saluer Macron. « Merci à tous pour votre mobilisation  » a ainsi lancé Macron aux ouvriers du site. Aujourd’hui derrière les machines mais demain sur les champs de bataille ?

Pour enrayer la machine guerrière de Macron, c’est la mobilisation des travailleurs qui sera déterminante. Les organisations du mouvement ouvrier doivent clairement prendre position et s’engager contre l’escalade militariste : pas un euro pour leurs guerres, non au réarmement !


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