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Répression

Un étudiant étranger menacé d’expulsion pour un tag en réaction aux bombardements à Gaza

Un étudiant chinois de 25 ans a été placé quatre jours en CRA et est toujours menacé d’OQTF pour avoir réalisé un tag en réaction aux bombardements de l’armée israélienne. Une répression qui s’inscrit dans la criminalisation du soutien à la Palestine et l'instrumentalisation du meurtre d'Arras au service de l’agenda xénophobe du gouvernement.

Arno Gutri

20 novembre 2023

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Un étudiant étranger menacé d'expulsion pour un tag en réaction aux bombardements à Gaza

Crédit Photo : Capture d’écran du compte X de Gérald Darmanin

Lundi 13 novembre, un étudiant chinois de 25 ans a été interpellé et placé au CRA (Centre de rétention administratif) de Rennes pour « apologie du terrorisme » suite à des tags en réaction aux bombardements de l’armée israélienne à Gaza. Après quatre jours de détention, l’étudiant en cinquième année de l’Ecole nationale supérieure des arts (Ensa) de Bourges a finalement été libéré. Mais si le parquet de Bourges a classé l’affaire sans suite, la préfecture du Cher réclame le retrait du titre de séjour de l’étudiant, une OQTF ainsi qu’une interdiction de territoire pour une durée de trois ans pour « menace de trouble à l’ordre public ».

« Il voulait dénoncer la politique d’Israël »

D’après Libération, ces tags réalisés dans la nuit du 18 octobre « représentent notamment des avions en plein bombardement. Mais aussi une étoile de David et une croix gammée avec un signe égal entre les deux symboles. Le tout accompagné de la phrase « Stop au génocide des Palestiniens ». » Cette phrase ainsi que la date de la réalisation du tag, soit le lendemain du bombardement de l’hôpital d’Al-Ahli Arabi par Tsahal, est explicite quant à l’intention de l’auteur de dénoncer les crimes de l’armée israélienne. Le caractère indéniablement antisémite du tag, que nous ne pouvons que condamner, semble cependant relever davantage d’une confusion que des intentions réelles de l’auteur, d’après son avocat Me Raphaël Kempf. « Pour lui, l’étoile de David ne représente pas le peuple juif mais Israël », explique-t-il pour Libération. « Il voulait dénoncer la politique d’Israël ».

Cette ambiguïté ne doit pas masquer la répression qui touche l’étudiant. Pour y faire face, les étudiants et le personnel de l’Ensa se sont mobilisés dès le lendemain de l’interpellation. Dans une lettre adressée au Préfet du Cher, signée par 36 membres de l’équipe pédagogique et 111 étudiants, ils ont réclamé « la suspension immédiate des mesures administratives » prises à l’égard de l’étudiant tout en dénonçant la disproportion de celles-ci au regard des faits reprochés. Pour ces soutiens mobilisés, elles sont « les conséquences directes d’une demande de rigueur émanant du Ministère de l’Intérieur en direction des préfets et procureurs à l’égard de ce type de délit ».

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En effet, ce placement en CRA pour « apologie du terrorisme » s’inscrit dans l’offensive répressive et xénophobe menée par Gérald Darmanin depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre. Dès le 11 octobre, dans une circulaire envoyée aux préfets et aux magistrats, le ministre de l’Intérieur demandait que les auteurs d’actes antisémites « qui ne seraient pas de nationalité française » se voient retirer « immédiatement » leur titre de séjour en vue d’une expulsion. Dans un contexte de criminalisation du soutien à la Palestine, le simple fait de brandir un drapeau palestinien peut conduire au CRA, comme ces 3 personnes placées au CRA de Vincennes pour « apologie du terrorisme » pour une photo devant la tour Eiffel avec un drapeau palestinien.

Cette offensive s’est renforcée suite au meurtre de Dominique Bernard à Arras, que le ministre de l’intérieur s’est empressé d’instrumentaliser pour avancer son agenda xénophobe. Depuis, le nombre d’expulsion d’étrangers condamnés par la justice a augmenté de 30% et Gérald Darmanin s’en félicite quotidiennement sur les réseaux sociaux.

Ce contexte répressif sert également à légitimer le passage de la loi immigration, durcie au Sénat sous la pression de la droite et de l’extrême droite, qui représente une attaque sans précédent contre les étrangers. Face à cette offensive, il est nécessaire de se mobiliser pour l’abandon de toutes les charges à l’encontre de cet étudiant et plus largement contre la loi immigration, pour la régularisation des sans-papiers, en articulant cette lutte au mouvement de solidarité à la Palestine, dont la criminalisation s’appuie sur les mêmes ressorts xénophobes et sécuritaires.


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