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Palestine

Transports en commun bloqués, commerces fermés : grève générale en Cisjordanie pour un cessez-le-feu

Une grève générale a eu lieu ce lundi en Cisjordanie pour exiger un cessez-le-feu, à l’appel d’une coalition d’organisations politiques palestiniennes et des syndicats. La grève a également été suivie dans plusieurs pays arabes, après avoir largement été relayée sur les réseaux sociaux.

Wolfgang Mandelbaum

11 décembre 2023

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Transports en commun bloqués, commerces fermés : grève générale en Cisjordanie pour un cessez-le-feu

Crédit photo : Grève générale à Bethléem, Cisjordanie @Quds News Network

Tandis que la guerre s’intensifie dans le sud de Gaza, que la crise humanitaire empire de jour en jour, et que les attaques par l’armée israélienne et des colons se multiplient en Cisjordanie, une grève massive a eu lieu lundi dans de nombreuses villes de Cisjordanie ce lundi. Cette grève intervient alors que les États-Unis viennent à nouveau de bloquer une résolution de cessez-le-feu au conseil de sécurité de l’ONU.

La grève générale a été appelée par les Forces nationales et islamiques en Palestine, une coalition large de partis et organisations de résistance palestinienne créée à l’occasion de la première intifada sous la direction de Marwan Barghouti. La coalition est en recul depuis la prise de pouvoir de Mahmoud Abbas, mais a appelé sporadiquement à des actions en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ces dernières années.

« Nous espérons que le monde entier se joindra à la grève, qui s’inscrit dans le contexte d’un vaste mouvement international impliquant des personnalités influentes. Ce mouvement s’oppose au génocide ouvert à Gaza, au nettoyage ethnique et à la colonisation en Cisjordanie. »

L’appel a également été largement partagé sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #StrikeForGaza, notamment sous l’impulsion de la réalisatrice palestinienne Bisan Owda, qui a partagé l’appel dans un post viral ayant récolté 800 000 likes et a contribué à lui donner une envergure mondiale. Les appels à la grève demandaient un arrêt du travail et de toute activité économique.

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Des nombreuses organisations cisjordaniennes, et notamment des syndicats, se sont joints à la grève. À Ramallah, Naplouse, Bethléem, Jérusalem-Est, les transports en commun étaient à l’arrêt aujourd’hui, et un grand nombre de boutiques étaient fermées, de même qu’une partie des services publics. Une manifestation a eu lieu à Ramallah, appelant à un cessez-le-feu et critiquant la passivité de l’Autorité palestinienne, et visant tout particulièrement Mahmoud Abbas.

La grève a par ailleurs été largement suivie au Liban, où le gouvernement soumis a annoncé la fermeture de toutes les écoles et services publics. Des vidéos montrent les rues de Beyrouth quasiment vides, et les devantures des boutiques habituellement en effervescence étaient pour la plupart fermées, tandis que le port de Tripoli au nord du pays était à l’arrêt. En Jordanie aussi, où vivent des millions de réfugiés palestiniens, les travailleurs et petits commerçants se sont mis en grève dans la capitale Amman. Même l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), a mis une partie de ses structures à l’arrêt en Jordanie.

Selon Middle East Eye, des travailleurs isolés ont également fait grève en Mauritanie, au Qatar, en Irak, au Maroc et en Tunisie. En dehors du monde arabe, la grève a également été suivie à Istanbul en Turquie. De nombreux commerces étaient fermés dans le quartier d’Esenyurt, où vivent et travaillent une forte communauté de réfugiés syriens. Le mouvement de grève est largement passé sous les radars dans le reste du monde, et malgré de nombreux messages de soutien venant d’un peu partout, aucune action d’envergure n’a eu lieu. À New York, The People’s Forum a relayé l’appel et a organisé des piquets.

L’appel à la grève est reconduit demain d’après un post partagé par Bisan Awda, en anticipation d’un vote à l’Assemblée générale des Nations Unies sur une résolution appelant à un cessez-le-feu, une initiative portée conjointement par l’Égypte et la Mauritanie.

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La grève de ce lundi, malgré une forte exposition sur les réseaux sociaux, n’a suscité qu’un écho modéré en dehors de la Cisjordanie. Elle constitue néanmoins le meilleur outil des travailleurs palestiniens et du monde entier afin de mettre un terme aux atrocités perpétrées par l’armée israélienne à Gaza. La trêve fin novembre n’était ni le résultat de la diplomatie, ni de l’action de l’ONU, ni des tractations des chefs d’État : c’est la pression de la rue qui l’a permise, de la même manière que c’est la rue qui a contraint les élites des pays arabes à consentir à la grève de lundi.

Une grève massive, généralisée et internationale, y compris dans les pays impérialistes, constitue la condition indispensable pour en finir avec la guerre et avec l’État d’apartheid imposé par Israël sur les Palestiniens. Pour qu’elle porte ses fruits, il faudra néanmoins qu’elle soit prise à bras-le-corps par le mouvement ouvrier palestinien et du monde entier, et qu’elle se développe en indépendance des organisations politiques corrompues et notamment des bourgeoisies arabes.


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