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Violences faites aux femmes

Témoignage. Noire et femme, abusée et violée par son beau-père : la triple peine.

Nous publions ci-dessous l'histoire d’une jeune femme noire relatée par l'une de ses amies. Ce texte nous a été envoyé en réponse à l'appel à témoignage que nous avions publié le 23 novembre, pour la journée de lutte contre les violences faites aux femmes. Elle sera surnommée Awa par soucis d’anonymisation.

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Elle est née au Sénégal. Sa mère a épousé cet homme blanc, français, lorsqu’elle était encore toute petite. Il avait presque le double de l’âge de sa mère, l’âge d’être son grand-père à elle. Sa mère l’a suivi en France, notamment dans l’espoir de trouver un meilleur emploi et a laissé ses deux enfants, Awa et son grand-frère, à leur grand-mère qui les a élevés.

Awa et son frère ont rejoint leur mère des années plus tard. Awa avait alors 11 ans. Sa mère travaillait à l’usine et le beau-père lui, ne travaillait pas. C’est à cette époque que je les ai tous rencontrés. Awa est rapidement devenue ma meilleure amie, celle qui – croyais-je – me racontait tout, et à qui je pouvais me confier sans peur d’être jugée. Elle a vécu chez moi pendant un an lorsque nous étions au collège, quand sa mère et son beau-père sont retournés au Sénégal. Awa, elle, n’a jamais revu sa grand-mère, la femme qui l’avait vue grandir et qui est morte quelques années après le départ de ses petits-enfants pour la France.

Mais il est des choses qu’on ne peut pas raconter, même à sa meilleure amie. C’est ce que j’ai appris par la suite. Nos chemins se sont éloignés lorsque j’ai commencé mes études dans une grande ville, loin d’elle. C’est à ce moment qu’elle m’a raconté. Les viols réguliers de son beau-père, de ses 12 à ses 15 ans, sa mère qui fermait les yeux, probablement par peur de devoir retourner définitivement au Sénégal et de perdre ce qu’elle essayait désespérément de construire en France. Et j’ai ressenti envers cet homme blanc, bien plus âgé que nous, une haine comme jamais je n’avais ressenti auparavant. Une haine envers moi-même aussi, de ne pas avoir su voir ce qui se passait presque sous mes yeux.

La perversion du système a fait que même quand Awa a réussi à se libérer de ses chaînes et qu’elle est partie s’installer loin de ce beau-père abusif, qu’elle a trouvé du travail pour ne plus dépendre de lui et de sa mère financièrement, elle a dû faire appel à lui pour qu’il devienne son garant, afin qu’elle puisse trouver un appartement où vivre, pour rassurer les propriétaires.

En cette journée de lutte contre les violences faites aux femmes, même si nous n’avons presque plus de contact, c’est le visage de Awa qui m’apparaît. Je me dis que le meilleur moyen de l’aider, elle et toutes les autres, est de s’organiser pour abattre ce système patriarcal et raciste pourrissant dans lequel de telles horreurs peuvent se produire.


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