Alors que les occupations des campus universitaires pour dénoncer le génocide à Gaza aux États-Unis ont essaimé jusque dans les Science Po, le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche souhaite désormais reproduire la violente répression exercée outre-Atlantique contre les étudiants mobilisés.
C’est ainsi que Sylvie Retailleau, ministre de l’ESR, a convoqué en visioconférence les présidences d’université ce jeudi matin pour prendre des mesures afin d’étouffer dans l’œuf ce mouvement qui pointe la complicité de l’État français dans le génocide. Tandis que de nouvelles actions avaient lieu au même moment à l’ENS et à Science Po Lille, les consignes de la ministres ont été claires : veiller au « maintien de l’ordre » et ne pas hésiter pour cela à utiliser « l’étendue la plus complète des pouvoirs que vous confère le Code de l’Éducation ». Une injonction claire faite aux présidences d’université pour appeler les forces de répression sur les campus et prendre des mesures de répression administratives contre des étudiants mobilisés : exclusion, interdiction de campus etc. Un nouveau statut pourrait ainsi être expérimenté pour exclure les étudiants « fauteurs de trouble » !
En effet, seules les présidences d’université peuvent autoriser la police à entrer sur une université. On devine aisément que sans cette restriction, la ministre aurait déjà envoyé des CRS occuper les campus, afin d’assurer eux-mêmes « la pluralité des expressions » que la ministre appelle de ses vœux dans son messages aux directions d’université ce jeudi matin. Une pluralité déjà mise en œuvre avec zèle par les présidences d’université qui interdisent les unes après les autres les conférences sur la Palestine, qui sont à chaque fois l’occasion d’un front uni de calomnies de la part de l’extrême droite et du camp gouvernemental.
Alors que Macron a d’ores et déjà proclamé « l’acte II de l’autonomie des universités » qui prévoit de nouvelles attaques austéritaires contre l’université publique, la tutelle répressive du gouvernement se resserre sur les facs. Blanquer et Vidal menaient une chasse aux sorcières contre « l’islamo-gauchisme » dans la recherche et invitait le CNRS à mener des enquêtes. Gabriel Attal mène désormais une lutte contre le « wokisme » et s’est invité fin mars au Conseil d’Administration de Sciences Po pour démettre la direction à la faveur d’une fake news médiatique, pour s’en prendre au mouvement de solidarité avec la Palestine.
Ces derniers jours, alors que la mobilisation étudiante avait obtenu la levée de sanctions contre des étudiants à Sciences Po Paris, Sylvie Retailleau a annoncé les maintenir. Dans un contexte où l’État cherche à faire des dizaines de milliards d’économie, qu’il ira notamment chercher dans les universités et où un palier a été franchi avec la coupure de subventions publiques par la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, les directions d’université reçoivent un message limpide. Le manque de docilité vis-à-vis des sommations du gouvernement se paiera cher.
Avec la répression en cours, le gouvernement est en train de créer un précédent pour que toute contestation universitaire soit immédiatement réprimée. L’ensemble des organisations syndicales d’enseignants, de personnel et étudiantes doivent réagir, en commençant par apporter un soutien entier aux étudiants mobilisés pour la Palestine.