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Série noire pour les cheminots

SNCF : deux jours, deux morts

En moins d'une semaine, ce sont déjà deux agents employés par la SNCF qui sont morts dans l'exercice de leur emploi : lundi, un homme a été broyé par une foreuse à la Gare d'Austerlitz ; mardi c'est un agent du service électrique qui a été percuté par un TER à Nancy. Ces deux morts sont directement liées à la détérioration considérable des conditions de travail à la SNCF, et à l'insuffisance des mesures de sécurité dénoncées depuis des années. Gherasim B.

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Lundi 5 Décembre, un ouvrier de 48 ans, intérimaire pour une entreprise de sous-traitance, elle même sous-traitée par une société engagée par la SNCF, est mort dans d’atroces conditions. L’accident est survenu en début d’après-midi, face aux voies 20 et 21 sur les chantiers de rénovation de la Gare d’Austerlitz, visant à accueillir prochainement de nouveaux commerces. La victime devait assister le foreur – "qu’il ne connaissait pas" – en remplaçant les mèches. La foreuse à un moment a rencontré des difficultés. C’est alors qu’il se penchait pour déterminer la cause du blocage qu’un pan de sa veste ouverte a été happé par la machine, entraînant son corps avec elle. Le grutier et les deux cheminots présents sur la scène ont immédiatement arrêté la machine, mais il était trop tard, ils n’ont pu qu’assister impuissants à la mort barbare de leur collègue.

Le lendemain c’est à Nancy qu’un autre accident meurtrier a eu lieu. José Garcia, cheminot de 49 ans, travailleur d’astreinte pour le service électrique de SNCF Réseau, a été appelé pour un dépannage. Tandis qu’il travaillait sur les rails, il a été percuté aux alentours de 23 heures par un TER en provenance de Metz. Sur ces deux affaires, comprenant de nombreuses "zones d’ombre", des inspecteurs du travail ont été dépêchés et des enquêtes ouvertes.

Ces morts ne sont que les dernières en date d’une longue lignée : en 2007 à Lille un homme perd une jambe sur un chantier à proximité de voies à grande vitesse ; en janvier 2012, en Lorraine également, un cheminot travaillant sur la gare de triage de Woippy est écrasé par un train ; quand sur cette même gare quelques mois plus tôt un ouvrier avait été amputé des deux jambes suite à un accident de chantier. Ces accidents graves et décès sont directement liés à la politique menée par la direction de la SNCF, que dénonçait en Août dernier Alain Leclerc, cheminot syndicaliste de Lille, dans une interview pour Révolution Permanente :

"Il faut savoir que depuis de nombreuses années, la direction de la SNCF essaie de mettre en place une politique d’entreprise qui va à l’encontre d’un service public de qualité et sécurisé : suppression de personnels au niveau de l’annonce des circulations de trains, recours à des salariés intérimaires sans formation précise pour travailler sur les voies ferrées alors que la circulation ferroviaire n’est pas arrêtée, et j’en passe… c’est tout le système de sécurité qui est remis en cause, et ça concerne aussi bien le personnel que les usagers."

Aujourd’hui, la SNCF – et notamment SNCF Réseau – a massivement recours à la sous-traitance. La part d’intérimaires dans les travaux de rénovation frôle les 50% aujourd’hui et atteindra 55% dans quatre ans. C’est notamment ce recours à l’externalisation qui est dénoncé depuis longtemps par les syndicats comme une des causes principales de la dégradation du réseau, suite aux différents accidents et rapports accablants de ces dernières années, ajoutéeaux dégradations des conditions de travail et à l’augmentation des cadences. Alors que les cheminots soumis au risque ferroviaire doivent suivre des formations assez poussées, celles des salariés intérimaires sont pour le moins sommaires : Alain Leclerc parle d’une formation de deux heures dans son service pour travailler le lendemain sur les voies. Le recours à la sous-traitance permet à la SNCF d’employer des travailleurs exerçant les mêmes métiers que les cheminots, sans en avoir le statut et les droits. Alors qu’elle a déjà été condamnée par la justice pour sous-traitance illégale, combien de vies humaines faudra-t-il encore que la SNCF sacrifie ? Pour mettre fin à ce gâchis humain, c’est bien sur nos propres forces qu’il va falloir compter.


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