Depuis le début de l’épidémie de coronavirus en France, les salariés de nombreuses entreprises se battent pour les faire fermer, contre l’avis de leurs patrons, déterminés à faire tourner la machine coûte que coûte. Le Medef s’était même inquiété du « changement extrêmement brutal d’attitude des salariés ». Mais le patronat et le gouvernement ont tout de même souhaité poursuivre la production dans les secteurs non-essentiels, voire la reprendre dans les entreprises ayant fermé. Parmi ces-dernières, de nombreuses ont réouvert leurs portes alors que le pic épidémique est devant nous, à l’image d’Airbus, PSA et leurs sous-traitants, deux géants de la métallurgie employant plusieurs dizaines de milliers d’ouvriers. Cette attitude met en danger les vies de milliers de salariés et de leurs familles, et empêche d’endiguer l’épidémie en créant d’importants foyers de contagions. En effet, les quelques gages donnés par les patrons, à l’image des quelques masques distribués (lorsqu’il y en a) ne permettent absolument pas d’empêcher les contagions, du fait de la proximité imposée des travailleurs sur les chaines de productions, et de la présence dans les ateliers de nombreux ouvriers « porteurs sains », obligés contre leur gré à travailler et de contaminer leurs collègues.
Révolution Permanente a lancé une grande campagne sur les réseaux sociaux pour exiger la fermeture des usines non-essentielles, avec le #StopProductionNonEssentielle. La campagne a rencontré un écho très important, relayée par plusieurs figures de la gauche, des députés, des médias alternatifs, des figures du mouvement des Gilets Jaunes, des personnels soignants. Dans le monde ouvrier, beaucoup de travailleurs et sections syndicales s’en sont emparés pour témoigner, se faire entendre et appuyer leurs luttes pour la sécurité des salariés et la fermeture des entreprises non-essentielles. Au total, plus de 6000 personnes ont participé, et la campagne a entrainé plus de 20000 twits, ce qui a placé #StopProductionNonEssentielle en 3ème place des « tendances » nationales sur Twitter.
#StopProductionNonEssentielle
Vous savez bien que vous allez devoir vous y résoudre, comme l'Espagne, comme l'Italie.
Pourquoi attendre ?
Combien de vies menacées à chaque journée supplémentaire de production non essentielle ?
ARRETEZ !
Nos vies valent plus que le capital pic.twitter.com/lhXfiOo9Ct— Mathilde Larrere (@LarrereMathilde) April 2, 2020
Mathilde Larrere, historienne
De nombreux tweets ont mis en évidence le danger que la poursuite des activités non essentielles représentait pour les salariés, notamment dans les transports en commun...
?Les transports en commun : foyer de propagation du #COVID19 ?
La raison ? L'entêtement des patrons et gouvernement à maintenir la production non essentielle ?#StopProductionNonEssentielle sauvons des vies ! pic.twitter.com/JIOKcr9O0m
— Laura Varlet (@Laura_Varlet17) April 2, 2020
Le rôle criminel du patronat qui cherche à préserver ses profits à tous prix...
Vous vous demandez ce que les grands patrons font de leur argent ? Voilà à quoi ressemble l'anniversaire de Carlos Ghosn, ex patron de Renault. À quel prix ? Un premier ouvrier de Renault est mort cette semaine du coronavirus.#StopProductionNonEssentielle pic.twitter.com/d5bDXMbXzQ
— Léo Valadim (@LeoValadim) April 2, 2020
Députés, médias militants, figures du mouvement des Gilets Jaunes, la campagne a été relayée par plusieurs figures politiques
L’incompétence et le cynisme de nos dirigeants conduisent des salariés à travailler sans aucune protection pour des activités non essentielles à la vie de la nation.
Sauver la vie des gens plutôt que l’argent. #StopProductionNonEssentielle #onnoublierapas
— François Boulo (@BouloGiletJaune) April 2, 2020
François Boulot, Gilet Jaune
Parce que les vies valent plus que les profits, parce que les ouvriers et les employés ont droit à la même sécurité, parce qu'on ne veut plus voir la liste des morts s'allonger #StopProductionNonEssentielle ✊@LibreQg avec @RevPermanente pic.twitter.com/81YX4ZtZn8
— Aude Lancelin (@alancelin) April 2, 2020
Aude Lancelin, journaliste
#StopProductionNonEssentielle, arrêtons de fabriquer des avions, des voitures, et des paquebots ! @Airbus_SLC_FR rends les masques, les soignants en ont besoin ! pic.twitter.com/HbnARMqyz2
— NPA jeunes (@NPA_jeunes) April 2, 2020
#StopProductionNonEssentielle https://t.co/FceviQxP0Y
— Cerveaux non disponibles (@CerveauxNon) April 2, 2020
Cerveaux Non Disponible, média indépendant
Pour que le confinement soit efficace, le gouvernement doit prendre la mesure du problème et arrêter d'exposer des centaines de millers de travailleurs dans des secteurs non essentiels à la vie de la nation.
Alors #StopProductionNonEssentielle— Mathilde Panot (@MathildePanot) April 2, 2020
Mathilde Panot, députée France Insoumise
Mais surtout, bien que virtuelle, cette campagne a trouvé un écho très important dans les secteurs qui sont en première ligne face à la crise. Des figures publiques parmi les personnels soignants ont vivement soutenu l’initiative, la fermeture des entreprises non-essentielles étant un enjeux central arrêter l’hécatombe...
Les entreprises non indispensables à la vie du pays ne doivent pas poursuivre ou reprendre leur activité.
Elles ne peuvent pas réellement garantir les mesures barrieres et font peser le risque d’une diffusion du #COVIDー19 #StopProductionNonEssentielle— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) April 2, 2020
Chaque jour des patients de la region Toulousaine s’alarment de la reprise d’activité de secteur aujourd’hui non essentiels à la lutte contre #COVIDー19 trop de risques de dissémination de l’infection : #StopProductionNonEssentielle
— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) April 2, 2020
Et dans les entreprises en question, de nombreux travailleurs et sections syndicales se sont emparés de la campagne, notamment dans l’aéronautique, les transports ou l’automobile.
Les agents de la RATP en 1ère ligne pour conduire les soignants et tous les travailleurs essentiels en cette période de pandémie, mais pas au prix de nos vies ! Pour désengorger les bus toutes les entreprises non essentielles doivent fermer ! ?゚ムハ #StopProductionNonEssentielle pic.twitter.com/LvqDBlfnna
— Ahmed Berrahal (@berrahalAhmed93) April 2, 2020
La #CGT #JTEKT soutient l'initiative #StopProductionNonEssentielle
Nous sommes confrontés aux décisions absurdes de la Direction de JTEKT de redémarrer l'activité.#Automobiles #Fournisseurs #Coronavirus
Suivez notre lutte sur https://t.co/T7xe9mrEgT#RT apprécié ;)
— CGT_JTEKT (@UGICT_CGT_JTEKT) April 2, 2020
@DuseVincent : À PSA #Mulhouse et dans beaucoup d'usines non essentielles, les ouvriers tombent comme des mouches, malades du #COVIDー19 ?
Nos vies valent plus que leurs profits !! #StopProductionNonEssentielle pic.twitter.com/kvw39X0tgY
— Laura Varlet (@Laura_Varlet17) April 2, 2020
Usine d'Argenteuil, cet AM :
Vote du CSE pour la levée du Danger Grave et Imminent : nos camarades CGT, majoritaires, ont réussi a empêcher la reprise prévue lundi.
Plus d'info ici https://t.co/yLqLJADG2z
?゚ムマ ?゚ムヘ ?゚ムヘ#StopProductionNonEssentielle— CGT Dassault-Aviation (@AviationCgt) April 2, 2020
Au-delà de l’enjeu immédiat et vital de la fermeture de ces usines, l’initiative des salariés des Ateliers de la Haute Garonne de demander la reconversion de leur entreprise pour répondre aux besoins des soignants et de la population a largement été saluée. Dans cette entreprise travaille Gaetan Gracia, militant CGT et à Révolution Permanente.
Interview @CNEWS :
"On revendique la fermeture de la production non-essentielle !Que tous les masques soient donnés aux soignants en urgence !
Nous on travaillerait avec fierté pour faire des respirateurs, pas des rivets ! "#StopProductionNonEssentielle pic.twitter.com/sbdJdg6hK7
— Gaëtan Gracia (@GaetanGracia) April 2, 2020
Cet important succès démontre le sentiment de révolte qui existe dans de larges secteurs de la société face à l’injustice des injonctions à travailler dans des conditions aussi dangereuses, pour garantir les profits d’actionnaires qui eux se tiennent à l’écart de la pandémie. Il exprime, bien que virtuellement pour l’instant, le potentiel d’une jonction entre le mouvement ouvrier des transports et de l’industrie avec les personnels médicaux. Si des franges de ces deux milieux qui ont peu l’habitude de collaborer se sont retrouvés dans une commune campagne aujourd’hui, cette mobilisation est à reproduire et à intensifier. C’est un enjeux déterminant pour pouvoir imposer la fermeture des usines non-essentielles, ce qui ne se fera pas sans la construction d’un rapport de force, à l’image des droits de retraits victorieux de ces dernières semaines.