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Palestine : Netanyahou refuse le plan de cessez-le-feu et annonce la poursuite du carnage

Après des négociations menées avec les États-Unis, l'Égypte et le Qatar, Netanyahou a rejeté la contre-proposition du Hamas, faisant le choix de la poursuite totale des opérations génocidaires de Tsahal dans la bande de Gaza.

Raji Samuthiram

7 février

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Palestine : Netanyahou refuse le plan de cessez-le-feu et annonce la poursuite du carnage

Crédit Photo : Capture d’écran The Guardian

Alors que la diplomatie étasunienne et certains gouvernements arabes avaient engagé des négociations à Paris pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza, le premier ministre israélien a annoncé, ce mercredi soir, vouloir poursuivre sans trêve l’offensive génocidaire dans l’enclave palestinienne, affirmant que la « victoire totale » d’Israël était proche.

Le dernier cessez-le-feu n’avait pas empêché Tsahal de poursuivre ses bombardements. La proposition israélienne évoquée à Paris défendait une trêve de six semaines qui aurait permis à la population gazaouie de bénéficier d’aides plus importantes alors que la situation humanitaire de la bande de Gaza est catastrophique. Le Hamas avait transmis ses conditions aux médiateurs égyptiens et qataris, exigeant notamment la libération de tous les prisonniers palestiniens, en échange de la libération des otages israéliens, et un cessez-le-feu total. Dans une conférence de presse, Netanyahou a balayé d’un revers de la main la proposition du Hamas et a annoncé que Tsahal poursuivrait sans trêve ses opérations génocidaires dans la bande de Gaza tout en étendant le périmètre de ses interventions terrestres.

Depuis le 7 octobre, près de 27 700 palestiniens ont été tués par les forces de Tsahal, selon le bilan officiel. C’est sans compter les 67 000 blessés, les 350 000 patients qui dépendent de soins pour survivre et les milliers de personnes perdues sous les décombres. Selon l’ONU, 85% de la population de Gaza a été déplacée de force depuis le début de l’offensive. Alors que l’armée israélienne a déjà rasé le nord de Gaza, exilant ses habitants au sud, elle bombarde aujourd’hui Rafah, proche de la bordure de l’enclave où plus de la moitié des 2,3 millions d’habitants de Gaza se sont réfugiés.

Netanyahou maintient ainsi les nouveaux objectifs de guerre de Tsahal : prendre le contrôle du corridor de Philadelphie, sous souveraineté égyptienne, et du point d’accès de Rafah, condition impérative du projet d’expulsion des palestiniens vers le Sinaï.

Si Netanyahou annonce la poursuite du génocide, il se trouve dans une position politique compliquée. En dépit des déclarations tonitruantes des membres du cabinet de guerre qui font de chaque avancée de Tsahal à Gaza une étape décisive pour la réalisation de ses buts de guerre, l’armée israélienne ne peut vraisemblablement pas atteindre ses objectifs stratégiques. À l’heure où le gouvernement de Netanyahou affronte une grave crise de légitimité, les gains objectifs de l’invasion terrestre semblent limités : le Hamas est loin d’avoir perdu ses ressources combattantes et la pacification coloniale de l’enclave est au-dessus des moyens de l’armée. En outre, le spectre d’un embrasement régional menace toujours : Yoav Gallant a récemment déplacé une partie des troupes déployées à Gaza vers la frontière israélo-libanaise tandis que l’État-major multiplie les déclarations belliqueuses.

Face à l’opposition importante d’une partie de la société civile, inquiète du sort des otages et hostile à Netyanhou, la seule solution du gouvernement pour conserver le pouvoir est de prolonger la guerre. Alors que le consensus colonial se durcit en Israël, la continuation de l’offensive et son hypothétique extension permettent à la coalition gouvernementale d’extrême-droite de maintenir un semblant d’unité nationale, de disqualifier temporairement les oppositions et d’essouffler la société civile.

Enfin, cette décision est un camouflet pour la diplomatie étasunienne. Alors que Biden est confronté à la désertion d’une partie de son électorat, solidaire avec la cause palestinienne, et à la pression des Républicains, la prolongation du calendrier de la guerre menace encore davantage ses positions électorales. Fidèle allié d’Israël, il sera contraint de maintenir son soutien à l’État colonial au risque d’affaiblir encore ses chances de réélection, et ce alors que la riposte étasunienne, aussi massive que superficielle, en réponse à la mort de trois soldats tués en Jordanie, a fait office de nouveau signe en direction de l’intensification des tensions dans toute la région.

Le gouvernement Netanhyahou affiche ainsi clairement ses objectifs : décimer totalement le peuple palestinien, même au prix d’une escalade régionale, dans le sang et l’horreur.


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