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Expulsions

« On n’avait jamais vu autant d’expulsions » : chasse aux pauvres et aux migrants à Toulouse

Depuis mai, la préfecture de Toulouse a mis à la rue plus de 944 personnes dont 658 s’y trouvent encore. Mardi avait lieu un rassemblement appelé par la Fédération des Acteurs de la Solidarité devant le tribunal administratif de Toulouse afin de dénoncer cette politique alors que l’hiver arrive.

Léo Stella

7 novembre 2023

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« On n'avait jamais vu autant d'expulsions » : chasse aux pauvres et aux migrants à Toulouse

Depuis le mois de mai, la Préfecture de Haute-Garonne expulse massivement les personnes vivant dans les hôtels d’hébergement d’urgence. La Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS), qui regroupe différentes associations comme le DAL31 ou Utopia56, avait porté l’affaire devant les tribunaux. Ainsi, ce mardi un rassemblement était appelé devant le Tribunal Administratif de Toulouse pour appuyer le recours contentieux déposé par la Fédération.

Au 28 octobre, la FAS recensait 944 personnes remises à la rue dont 439 enfants depuis le mois de mai. Parmi elles, 658 personnes dont près de la moitié sont des enfants dorment encore dans la rue sans propositions de relogement ! Des chiffres qui vont en s’accentuant : la semaine dernière ce sont plus de 40 familles qui ont de nouveau été mises à la rue. Parmi ces familles, il y a des enfants en bas âge, des enfants en situation handicap, qui vont devoir faire face à l’hiver sans logement.

«  On n’avait jamais vu autant d’expulsions ! Des centaines de personnes sont mises à la rue » raconte Koralane, militante d’Utopia 56. « Le logement est un droit fondamental, la préfecture ne le respecte pas ! Elle le fait en plus avec la mairie qui dans le cas des squats ou des bidonvilles fait même appel à elle pour expulser les personnes. Que ce soit dans le cas des squats ou des hôtels d’hébergement d’urgence, ce sont de plus majoritairement des personnes exilés ou sans-papiers et la préfecture s’appuie sur ça. »
Les places d’hébergement d’urgence dans les hôtels sont en effet occupées à 80% par des exilés ou des sans-papiers. Ils sont les premiers à être visés par la préfecture qui mène ainsi une véritable chasse à l’immigré.
Lors de l’audience, la représentante du préfet persiste et signe : « La plupart des cas sont des personnes dont le demande d’asile a été déboutée ou qui sont sur le coup d’OQTF. Sans droits, il n’a pas de solution, la seule solution est que les personnes rentrent dans leurs pays récite-t-elle religieusement au nom des objectifs de « fluidité » de l’hébergement d’urgence fixés par le gouvernement.

Une politique générale de délogement des pauvres menée tambour battant par le gouvernement. Elisabeth Borne, annonçant ses mesures répressives après les révoltes de juin, a trouvé de nouveau prétextes pour virer les ménages les plus pauvres des HLM. Plus globalement, la fondation Abbé Pierre révèle que l’année 2022 a été une année record avec plus de 17 500 expulsions.

A Toulouse, la Préfecture avec l’appoint de la mairie, se veut à l’avant-garde de cette politique du dé-logement. Au-delà, de la politique d’expulsion des centres d’hébergement d’urgence, la préfecture et la mairie procèdent aussi à des expulsions systématiques quant aux squats et bidonvilles. En tout, selon Utopia 56 ce sont huit bidonvilles ou squats qui ont été expulsés depuis début 2023.

Ces expulsions ont connu une accélération ces dernières semaines avec l’expulsion du squat à Saint-Martin-du-Touch qui a mobilisé une vingtaine de fourgons de la gendarmerie, des effectifs de la Police Aux Frontières, de la police municipale et de la préfecture. A la suite de cela, une centaine de réfugiés qui étaient à Saint-Martin-du-Touch ont occupé avec l’aide d’associations et des étudiants le bâtiment d’Epicure dans l’université du Mirail. Une occupation qui aura été encore plus rapidement expulsée grâce à la demande d’intervention de la présidente de la fac. Une intervention de la PAF qui a mené à sept interpellations. Un rassemblement est appelé jeudi 9 novembre à 12h45 à l’université du Mirail pour dénoncer cette décision scandaleuse.

Dans une autre université de Toulouse, à Paul Sabatier, une centaine de mineurs étrangers est toujours menacée d’expulsion par la présidence de la fac. Depuis moins d’un an, ils vivent dans un bâtiment désaffecté de la fac, après avoir été successivement expulsés de l’ancien Ehpad des Tourelles puis de leur campement aux allées Jules Guesde, sans aucune alternative de relogement.

Alors qu’environ 29 000 logements sont vides à Toulouse, dans la droite lignée de l’offensive xénophobe et raciste menée par Darmanin avec sa loi immigration, les priorités de la préfecture et de la mairie sont claires : réprimer, et priver de conditions de vie les plus minimales les réfugié.es et les sans-abris. Face à cette politique raciste et anti-pauvre menée par la préfecture, il est urgent que les organisations syndicales, politiques et associatives fassent front pour imposer la réquisition des logements vides et le blocage des loyers pour loger tous les sans-abris.


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