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Violences policières

Meurtre de Nahel : l’enquête révèle les mensonges de la police

Alors que la vidéo publiée sur les réseaux sociaux avait montré aux yeux du monde entier le meurtre policier du jeune Nahel, les nouveaux éléments de l’enquête relayée par RTL démontrent les mensonges de la défense policière.

Natacha Lubin

21 décembre 2023

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Meurtre de Nahel : l'enquête révèle les mensonges de la police

Selon le média RTL, de nouveaux éléments issus d’un rapport de l’IGPN et des investigations menées par les magistrats en charge de l’affaire remettent en question la version des faits rapportés par Florian M., le policier ayant tué Nahel le 27 juin dernier à Nanterre. Celui-ci, toujours mis en examen pour homicide volontaire, avait été remis en liberté en novembre, provoquant l’indignation face à un traitement témoignant des deux poids deux mesures alors que des jeunes emprisonnés suite aux révoltes avaient écopé de prison ferme pour vol de fromage ou de canettes Red Bull.

Si la vidéo publiée sur les réseaux avait déjà montré aux yeux du monde entier le meurtre à bout portant du jeune Nahel, l’enquête révèle la version mensongère des policiers. Alors que le policier avait affirmé que la voiture de la victime lui «  fonçait dessus  », justifiant ainsi le tir mortel, les éléments d’enquête indiquent que la réalité est toute autre : l’analyse des vidéos conclut que la voiture ne se dirigeait pas vers les policiers, et ne représentait donc aucune menace.

Autre information venant contredire les mensonges des deux policiers : cinq témoins affirment avoir vu Florian M. frapper Nahel au visage avec la crosse de son arme, ce qu’il nie. Toujours selon RTL, l’auteure de la vidéo de 40 secondes publiée sur les réseaux sociaux confirme avoir vu des violences physiques contre Nahel : «  Ce policier a commencé à taper directement le jeune conducteur à la tête avec la main droite. Je ne sais pas avec quoi il a frappé, mais c’était avec la main droite. [...] Je l’ai vu faire le geste plusieurs fois.  » L’autopsie du corps de Nahel a permis de constater «  deux ecchymoses au bras gauche  » qui pourraient être des lésions survenues au moment où le jeune homme tentait de se protéger des coups.

Enfin, les différents témoins du meurtre indiquent également avoir entendu des menaces de mort à l’encontre de Nahel et des passagers du véhicule : plusieurs d’entre eux affirment notamment avoir distinguer les expressions «  shoote-le  » et «  balle dans la tête  ». Si Florian M. nie encore une fois avoir prononcé ces mots, son collègue a même reconnu d’entendre «  balle dans la tête  » dans l’une des vidéos—en niant d’avoir tenu lui-même les propos. Un aveu corroborant l’exploitation vidéo réalisée par l’IGPN qui souligne que le terme «  balle dans la tête  » a été prononcée à deux reprises.

Ces éléments de l’enquête font écrouler la version des faits des policiers, relayées par les syndicats de police et des personnalités politiques, qui ont justifié ce meurtre policier au nom de la légitime défense. Alors que l’État s’était acharné avec une violence inouïe pour mater les révoltes, résultant dans la mort de Mohamed ainsi que de nombreuses blessures, une fronde policière s’était étendue pour dénoncer la mise en examen de policiers impliqués dans le lynchage de Hedi à Marseille. Une fronde avec pour objectif d’obtenir légalement un permis de tuer et de lyncher dont la police bénéficie déjà en réalité, comme le rappelle le résultat de cette enquête. En effet, le mois dernier, le policier Florian M., emprisonné suite au meurtre, a été remis en liberté après cinq mois de prison.

Dans un même temps, six mois après les révoltes dans les quartiers populaires contre les violences policières et le racisme systémique, les cas de meurtres policiers après un soi-disant «  refus d’obtempérer  » se multiplient. En trois mois, trois personnes ont été tuées dans des circonstances similaires, le dernier cas datant de la nuit du 15 au 16 décembre dernier à Marseille. Il s’agit de conducteurs pris en chasse par des policiers qui les poursuivent jusqu’à ce que mort s’en suive. Comme pour Nahel, les victimes sont déshumanisées et dépeintes comme des criminels sur les plateaux télé, justifiant ainsi leur mise à mort par les policiers.

Face à la liste des victimes de meurtres policiers qui s’allonge, les révélations de l’enquête sur le meurtre de Nahel viennent rappeler la nécessité toujours actuelle de dénoncer l’institution policière et l’impunité dont elle jouit, mais également d’exiger la vérité et la justice pour toutes les victimes des violences policières.


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