Restriction du regroupement familial et du droit du sol, conditions différenciées selon la nationalité pour l’accès aux allocations familiales, restauration d’un délit de séjour irrégulier, instauration d’une politique de quotas migratoires : la Loi Immigration, adoptée la semaine dernière au Parlement, signe l’alignement total de Macron derrière LR autour du programme de l’extrême-droite. Parmi les nombreuses mesures visant à stigmatiser et réprimer toujours plus les immigrés et les sans-papiers, on retrouve notamment des attaques historiques contre les étudiants étrangers.
Les macronistes et les républicains se sont en effet mis d’accord sur la mise en place d’une caution pour la délivrance d’un titre de séjour étudiant pour aller vers un « encadrement plus strict de l’immigration étudiante » et vers une « vérification du caractère réel et sérieux des études » selon les parlementaires. Cette mesure constitue une attaque d’une brutalité historique contre les étudiant⋅es étranger⋅es, dans la continuité de la loi raciste Bienvenue en France adoptée par la macronie en 2018 augmentant déjà par 10 les frais d’inscriptions des étudiants extra-UE. Il s’agit de mettre en place un véritable tri des étudiants en fonction de leur situation financière, dans la lignée de la volonté d’une immigration choisie assumée par le projet de loi. Fernando, étudiant étranger en sciences sociales à Paris 8, explique ainsi : « Pour les étudiants riches, il n’y a pas de problème, mais pour les étudiants pauvres ça va être compliqué. »
Alors que le projet de loi facilite les expulsions et les conditions de rétention administrative tout en durcissant les voies de régularisation, les attaques contre les étudiants étrangers visent l’ensemble des immigrés, les titres de séjour pour étudiants étant « clairement devenus une voie d’immigration » pour le sénateur LR Roger Karoutchi. Fernando affirme ainsi : « Grâce à cette loi, l’extrême-droite réussit à faire passer ses idées xénophobes. Ils mettent les étudiants étrangers dans des conditions qui vont les pénaliser. » En effet, l’attaque va toucher directement de nombreux étudiants dans toutes les universités, rendant encore plus compliquées leurs conditions de vie, alors que ces derniers vivent déjà pour la grande majorité dans des conditions très difficiles.
Fernando témoigne en ce sens : « La majorité des étudiants étrangers sont obligés de louer des chambres de bonne minuscules, et doivent quand même travailler à côté des études pour pouvoir payer le loyer. » Et ce, souvent au détriment de leurs études pour lesquelles ils sont arrivés en France. Fernando, en master de sciences sociales, explique ainsi : « j’ai eu des périodes de rupture, j’ai dû arrêter les études pour travailler dans le BTP. » Pour lui, avec la Loi Immigration, les perspectives d’avenir s’obscurcissent encore plus qu’elle ne l’étaient déjà : « Les contrôles existent déjà avec la préfecture, on doit déjà remplir des attestations d’assiduité. Mais là peut-être que ça va s’accroître, peut-être qu’on aura la préfecture derrière nous à chaque liste d’appel, avec beaucoup plus de communication entre la préfecture et les universités. »
Face à cette attaque historique, Fernando ne perd pas espoir. Pour lui, « il faut s’organiser et ne pas rester chacun dans son coin, précaire et déprimé. » Dans les universités, il va falloir structurer la mobilisation et construire par en bas la riposte au gouvernement, à l’extrême-droite et à toutes les idées racistes et xénophobes !
