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Ouvrons les frontières

Lampedusa : Meloni profite de la crise pour durcir sa politique xénophobe en Italie

La cheffe du gouvernement d’extrême-droite italien, Giorgia Meloni, instrumentalise la crise humanitaire en cours à Lampedusa pour durcir le système de rétention des sans-papiers en Italie. Première illustration d'une orientation européenne sur l’immigration.

Raji Samuthiram

20 septembre 2023

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Lampedusa : Meloni profite de la crise pour durcir sa politique xénophobe en Italie

Depuis l’arrivée de 11 000 réfugiés à Lampedusa, la droite, l’extrème-droite et l’Union Européenne, se sont saisies de la situation pour avancer des mesures de répression toujours plus racistes et meurtrières aux frontières. C’est en ce sens que Giorgia Meloni, cheffe du gouvernement italien, a annoncé dimanche dernier un durcissement de la législation italienne sur l’immigration.

Cherchant à envoyer « message très clair à toute l’Afrique », elle propose notamment la création de nouveaux centres de rétention et l’allongement de la durée maximale de détention des sans-papiers de 135 jours à 18 mois, soit un retour à la période maximale en place de 2011 à 2014, afin de pouvoir faciliter les expulsions. Ces annonces s’isncrivent dans le programme xénophobe et raciste de renforcement des frontières italiennes, sur lequel la première ministre s’était faite élire il y a un an. Mais elles prennent place, plus largement, dans l’orientation de l’UE sur l’immigration, où le gouvernement Meloni joue un rôle central.

Celui-ci avait déjà alloué 42,5 millions d’euros à la création de nouveaux centres à la fin de l’année dernière, en plus des sites déjà existants que le ministre de la Défense est chargé de reconvertir. À l’heure actuelle, les centres de rétention en Italie sont dénoncés comme des « camps de concentration » par des militants. Des personnes y sont mortes, à l’image du migrant marocain décédé suite à un incendie en décembre dernier. L’annonce de l’expansion de ce système sert à renforcer le profil anti-immigration du gouvernement Meloni, tout en restant à l’écoute d’un patronat qui réclame une plus grande réserve de travailleurs immigrés sur-exploitables à merci.

Mais aujourd’hui, Meloni pilote son agenda xénophobe depuis les échelons de l’UE, reflet d’une évolution importante pour celle qui, au début de sa campagne, prônait une approche « nationaliste » à la question migratoire. Elle joue maintenant un rôle moteur dans l’UE sur ce plan. Notamment, en juin dernier, le Conseil de l’UE s’est accordé sur une réforme de l’immigration alignée sur les politiques de Meloni : censée être adoptée avant les élections européennes en 2024, elle prévoit notamment un renforcement de la sécurisation des frontières ainsi que la mise en place d’une système d’expulsion beaucoup plus rapide aux portes de l’Europe.

C’est également Meloni, avec l’appui de la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, qui a piloté l’accord avec le régime autoritaire du président tunisien Kais Saied en juillet, dans le cadre du projet d’externalisation des frontières de l’UE. Cet accord proposerait une somme de 900 millions d’euros, en contrepartie desquels la Tunisie devrait renforcer son rôle de garde-frontière, une mission qu’elle endosse déjà en multipliant les opérations militaires contre les migrants, moyennant blindés et hélicoptères.

La situation à Lampedusa est un nouvel appui pour l’agenda xénophobe et meurtrier de l’Union européenne aux frontières. Un agenda dans lequel la macronie compte elle aussi jouer un rôle, comme le montrent les déclarations de Gérald Darmanin qui, en visite à Rome hier, a réaffirmé dans un interview sur Cnews son intention « d’aider l’Italie en protégeant d’avantage nos frontières, c’est à dire déployer davantage Frontex en Méditerranée […] pour empêcher les personnes de traverser pour aller à Lampedusa […] ainsi que travailler beaucoup plus avec la Tunisie ».

Face au durcissement réactionnaire des frontières, tant au niveau national comme le font les gouvernements italien ou français qu’à l’échelle européenne, il est urgent de lutter contre tous les projets de loi visant à renforcer la chasse aux migrants, à l’instar de a loi immigration, et d’exiger l’ouverture inconditionnelle des frontières, l’accueil de tous les réfugiés et la régularisation de tous les sans-papiers.


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