×

Violences d'État

« Je n’ai pas peur de retourner en manif » : Théo, 16 ans, après 24h de garde à vue

Le 3 mai dernier, à Brest, cinq manifestants ont passé 24 heures en garde à vue après une manifestation pacifique dans la CAF puis en dehors. L'un d'entre eux, dans le cadre de la campagne contre la répression lancée par Le Poing Levé, a accepté de témoigner pour Révolution Permanente.

Facebook Twitter
« Je n'ai pas peur de retourner en manif » : Théo, 16 ans, après 24h de garde à vue

Crédits photo : Hubert2T

Ce témoignage a été recueilli dans le cadre de la campagne anti-répression menée par le collectif jeune de Révolution Permanente, Le Poing Levé. Pour y participer également et témoigner, vous pouvez remplir ce formulaire.

Le Poing Levé : Bonjour, merci de nous accorder ton témoignage. Peux-tu commencer par te présenter et nous dire si avant ton arrestation, tu avais déjà participé à des manifestations contre la réforme des retraites ?

Je m’appelle Théo*, j’ai 16 ans. Je vais souvent en manif, pour aider les autres. Je ne suis plus au lycée mais en recherche d’un service civique. Avant mon arrestation j’avais déjà participé à 5 ou 6 manifestations.

Le Poing Levé : Peux-tu nous raconter comment s’est déroulée ton arrestation ?

Nous avons envahi la CAF le mercredi 3 mai. On est venu avec une enceinte et un texte à lire par rapport aux dossiers qui n’avancent pas et parce qu’ils n’aident pas les gens. Ils font tout pour retarder les choses. Une personne nous a dit que ça faisait 9 mois qu’elle vivait avec 900€ par mois, à 5 en appartement. Des employés disaient que l’on faisait tout pour bloquer la CAF, alors que ça n’était pas le cas. On voulait juste aider, contrairement à ce qu’a pu dire la directrice. Tout le monde était très calme. La police est arrivée. Après leurs sommations tout le monde était en train de partir. Il y aurait eu une insulte envers la police d’après la Presse locale. Je n’ai moi entendu aucune insulte. Ils ont attrapé un camarade sans aucune raison. Je le connais, c’est quelqu’un qui est très pacifiste. Quelqu’un d’autre a voulu le reprendre mais a été plaqué au sol, a été gazé et a reçu des coups de matraque. Sur les cinq interpellés, trois ont été gazés. Ils m’ont attrapé et mis les menottes qu’ils ont bien serrées, alors que j’étais calme.

Le Poing Levé : Comment s’est passée la garde-à-vue ? As-tu subi des violences ?

Je n’ai pas subi de violences. Ils se moquaient un peu de nous, nous prenaient de haut. Je suis resté 24 heures, en refusant de manger et de boire car je n’avais rien envie de recevoir d’eux. Au début, ils se sont trompés, ils m’ont mis avec un majeur, pendant environ quarante minutes. J’ai réussi à avoir ma mère au téléphone. Et l’avocat est venu pour tous les interpellés. J’ai été surpris quand j’ai lu le PV, c’était marqué que je désirais un avocat commis d’office, ce que j’ai fait changer car ce n’était pas le cas.

Le Poing Levé : Sais-tu si des charges sont retenues contre toi ?

Je suis convoqué au tribunal en juin 2023 pour « attroupement après sommations et à visage dissimulé ». Si je recommence d’ici là, je serai considéré comme récidiviste.

Le Poing Levé : Comment te sens-tu depuis cette arrestation ?

À chaque fois que je croise la police j’ai peur de me faire arrêter. D’ailleurs j’ai été contrôlé il n’y a pas longtemps. Je ne me sens pas en sécurité avec la police. Ils ne sont pas là pour nous servir. Ils essayent de nous dégoûter pour que l’on ne retourne plus manifester. Mais s’il faut que je refasse 24h de GAV, je le ferai. Je n’ai pas peur de retourner en manif.

Vas-tu continuer à te mobiliser ? Sur quoi ? Qu’est ce qui te met en colère ?

Oui, contre la réforme des retraites même si ça ne me concerne pas directement mais aussi contre la Loi Darmanin, et ça ne me plaît pas du tout ce qui se passe à Mayotte. Ce qui me met en colère c’est qu’ils fassent passer en force la réforme des retraites alors que personne n’en veut. Je trouve ça ignoble, pas normal. Macron, son gouvernement est corrompu, la plupart ne sont pas clairs. Je n’ai pas envie que l’on me fasse être quelqu’un que je n’ai pas envie d’être, d’être un robot.

Comment interprètes-tu le fait qu’autant de jeunes soient interpellés, réprimés dans les manifs ?

Leur réflexion c’est que plus ils sont jeunes, plus on peut les dégoûter d’aller en manif. Ils peuvent continuer à me mettre en garde à vue, essayer de me faire peur, je m’en fiche... mais ça peut bloquer d’autres personnes. J’étais le plus jeune parmi les personnes arrêtées ce jour-là. La police n’est pas censée nous empêcher de manifester. Tout ce que fait Macron est en rapport avec l’argent. C’est un banquier, il n’est pas là pour nous servir. Ils nous disent qu’il y a la dette à payer, qu’il n’y a pas d’autres solutions. On est censé pouvoir décider. La France est à nous, pas à Macron.

Comment vois-tu la suite ?

Faut pas lâcher, c’est pas en nous réprimant tout le temps que l’on va s’arrêter.

*Le prénom a été modifié à la demande de l’intéressé


Facebook Twitter
Columbia, Sciences Po, Buenos Aires : la jeunesse montre la voie

Columbia, Sciences Po, Buenos Aires : la jeunesse montre la voie

Soutien à la Palestine : après Science Po Paris, les étudiants de Poitiers occupent leur campus

Soutien à la Palestine : après Science Po Paris, les étudiants de Poitiers occupent leur campus

Sciences Po occupés : rejoignons leur combat contre le génocide à Gaza

Sciences Po occupés : rejoignons leur combat contre le génocide à Gaza

Etats-Unis. La mobilisation étudiante pour la Palestine s'intensifie face à la répression

Etats-Unis. La mobilisation étudiante pour la Palestine s’intensifie face à la répression

De la Guadeloupe aux quartiers populaires : Darmanin soutient le couvre-feu des mineurs

De la Guadeloupe aux quartiers populaires : Darmanin soutient le couvre-feu des mineurs

Université du Mirail. La présidence veut faire taire les critiques sur sa gestion des VSS

Université du Mirail. La présidence veut faire taire les critiques sur sa gestion des VSS

Macron à la Sorbonne : la police interpelle deux personnes et réprime les étudiant·e·s mobilisé·e·s

Macron à la Sorbonne : la police interpelle deux personnes et réprime les étudiant·e·s mobilisé·e·s

Sciences Po : les CRS expulsent le campement des étudiants pro-Palestine, solidarité !

Sciences Po : les CRS expulsent le campement des étudiants pro-Palestine, solidarité !