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Droit des femmes à disposer de leur corps

Irlande du Nord. La loi anti-IVG condamne une femme à accoucher d’un fœtus mort

Les attaques constantes au droit à l’IVG sont emblématiques du sexisme structurel, mais aussi des inégalités entre les femmes selon leurs moyens. En Irlande du Nord, où la loi est particulièrement rétrograde en la matière, le cas d’Ashleigh Topley en est la parfaite illustration.

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En Irlande du Nord, la loi interdit aux femmes d’avorter, même en cas de viol, d’inceste ou de détection d’une malformation grave du fœtus. Une femme ayant recours à l’IVG en Irlande du Nord risque la prison à vie, à une exception près : il faut qu’elle prouve que sa vie est menacée par la grossesse.

Ashleigh Topley, dès la 20ᵉ semaine de sa grossesse, savait que le fœtus ne survivrait pas. L’échographie avait révélé qu’il était atteint d’ostéogenèse imparfaite, une maladie génétique grave qui empêche les poumons de se développer. Mais la loi l’a condamnée à poursuivre la grossesse quinze semaines supplémentaires. Et lorsqu’elle a accouché, le fœtus était déjà mort depuis deux jours.

Contrairement au reste du Royaume-Uni – où l’avortement a été décriminalisé depuis seulement quelques mois – en Irlande du Nord une IVG est considérée comme un meurtre. Les femmes qui ont recours ne serait-ce qu’à la pilule du lendemain risquent des perquisitions et l’emprisonnement.

Nombre d’entre elles, celles qui sont issues des milieux les plus aisés, vont en Angleterre ou au Pays de Galle pour avorter. Elles seraient environ 2000 chaque année dans cette situation, pour un prix – voyage, séjour, opération – qui atteint plusieurs milliers de livres. Mais pour l’immense majorité des Irlandaises, qui n’en ont pas les moyens, la seule solution reste de commander des pilules abortives sur internet, sans aucun accompagnement médical et en risquant des années de prison.

Le cas d’Ashleigh Topley, s’il est particulièrement parlant, est loin d’être isolé. Chaque année, des milliers de femmes risquent leur vie, leur santé physique et mentale, simplement pour disposer de leur corps, partout dans le monde. Le droit à l’IVG est sans cesse remis en cause dans les pays où il est légal, et c’est une question qui révèle les inégalités criantes entre celles qui, malgré la criminalisation, ont les moyens d’avorter accompagnées par des professionnels tandis que des milliers d’autres, les plus précaires, meurent des suites d’un avortement clandestin. En France, malgré l’hommage unanime à Simone Veil qui a eu lieu récemment, de très nombreux centres IVG sont fermés tous les ans : en 2015, près de 130 centres IVG ont ainsi fermé, le rythme s’accélérant avec les fermetures de centres hospitaliers.

La lutte pour le droit des femmes à disposer de leur corps est toujours d’une actualité brûlante, et Ashleigh Topley, qui dénonce une loi nord-irlandaise particulièrement « barbare » est là pour nous le rappeler.

Crédits photos : Paul Faith/AFP


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