A un mois de l’élection présidentielle, l’inflation est au cœur des préoccupations et de l’actualité. La parodie de débat organisée par TF1 ce lundi n’a pas manqué d’en faire une question centrale, et les huit candidats invités ont pu développer leurs lots de promesses. Il faut dire que la hausse actuelle atteint des niveaux inédits depuis mi-2008. En février, l’inflation en France a augmenté de 3,6%, en particulier sous l’effet du prix de l’énergie qui a explosé de 21,1% en une année selon l’Insee. Selon la Banque de France, l’inflation pourrait dépasser rapidement les 4%.
Le déclenchement de la guerre en Ukraine après l’invasion russe, a exacerbé l’explosion des prix de l’énergie, déjà en hausse depuis septembre, à cause notamment de la spéculation, au point d’être qualifié par Bruno Lemaire de choc comparable à celui pétrolier de 1973 . Comme le rapporte le journal Capital, « la hausse des prix des produits pétroliers atteint 26,9% sur un an, avec +26,3% pour le gazole et +22,4% pour l’essence. Les prix de l’électricité ont gagné 4,9% et ceux du gaz "ralentissent à peine", à 47,1% de hausse après 50,9% le mois précédent. » Cela se traduit concrètement par des prix à la pompe difficilement concevables il y a encore quelques semaines. Celui-ci a dépassé les deux euros le litre et certains s’inquiètent qu’il n’atteigne rapidement les trois euros !
Dans ces conditions, certains travailleurs qui doivent se déplacer plusieurs fois par jour pour leur emploi se posent la question : « avec le prix de l’essence, est-ce que travailler vaut encore le coup ? ». Autre symptôme de cette explosion des prix, depuis le début de semaine, certains dépôts pétroliers sont bloqués par des agriculteurs et des entrepreneurs du BTP ou des transports comme à Brest, Rennes ou encore Lorient.
De surcroît, l’inflation ne concerne pas seulement l’énergie mais aussi les produits alimentaires, qui d’après la banque de France, « devrait nettement augmenter dans les mois à venir ». Dans le même sens Michel-Edouard Leclerc, milliardaire et patron de l’institution du même nom, met en garde face au risque d’une « nouvelle vague de spéculation et d’inflation » et de l’augmentation des prix alimentaires « à venir ». Et d’annoncer notamment une hausse de 15% à 20% du prix du café. Un avertissement qui fait écho aux propos d’Emmanuel Macron le 11 mars dernier, pour qui « l’Europe et l’Afrique seront très profondément déstabilisées sur le plan alimentaire » par la guerre en Ukraine.
Ainsi, il est clair que ce sont les millions de travailleurs qui subissent la situation économique et en payent les conséquences au quotidien. Depuis septembre les salaires n’augmentent pas pour compenser l’inflation, pourtant les bénéfices des grandes entreprises ne cessent de dépasser de nouveaux records. Souvent, à l’occasion des Négociations Annuelles Obligatoires (NAO), le patronat consent à augmenter les salaires de moins de 3% : ce qui revient en définitive à ce que les travailleurs perdent de l’argent ! A rebours, un rapport Oxfam a montré qu’en France, la fortune des milliardaires a augmenté de 86% depuis le début de la pandémie. Pourtant face à cette situation explosive, le gouvernement enchaîne comme à son habitude les annonces fumeuses et électorales à l’image du chèque carburant fin 2021 ou plus récemment la compensation carburant et l’augmentation du point d’indice de la fonction publique. Ces dernières semaines, le gouvernement a clairement affiché sa volonté de faire payer cette crise aux travailleurs. Voulant éviter à tout prix un nouveau « quoi qu’il en coûte », la macronie appelle à « faire un effort ».
Bien loin de la démagogie électorale des politiciens macronistes et de l’opposition autour de la question pouvoir d’achat, des mesures d’un autre type sont nécessaires pour lutter contre l’inflation, et pour garantir le niveau de vie de la majorité des travailleurs.
Il est certains que nous ne pouvons attendre des élections à venir l’application de ces mesures d’urgences. Nous assistons depuis septembre 2021 à une vague de mobilisations sur les salaires dans le secteur privé, et ce dans plusieurs pays du monde, comme aux Etats-Unis. Cela montre qu’il existe une colère à la base. En France ces mobilisations sont encore isolées et avec peu de perspectives. Il s’agit de les coordonner pour permettre d’approfondir le rapport de force. Cela passera nécessairement par le fait de briser l’isolement des luttes menées entreprise par entreprise, chacune focalisée sur son propre calendrier de négociation. C’est pourquoi il nous faut un véritable plan de bataille offensif, qui donne envie de se battre, cherche à coordonner les différents secteurs déjà en lutte et à élargir la grève dans la perspective d’un grand mouvement d’ensemble pour les salaires et contre la vie chère.