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Covid19

Guerre entre États sur les vaccins : l’UE se déchire sur la répartition des doses

Alors que l’OMS a épinglé l’Union Européenne sur la « lenteur des vaccinations » et que le spectre de la pénurie a refait son apparition, les pays du vieux continent se sont déchirés sur la répartition des doses, ce 1er avril.

Julian Vadis

2 avril 2021

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Crédits photo : JOEL SAGET / AFP

Ce jeudi 1er avril a été source de tensions pour l’ensemble de l’Union européenne. En premier lieu, l’organisation mondiale de la santé a sévèrement épinglé les pays du vieux continent. En cause, une « lenteur inacceptable » de la vaccination en Europe. « Actuellement la situation régionale est la plus inquiétante que nous ayons observée depuis plusieurs mois » a ainsi expliqué Hans Kluge, directeur de l’OMS Europe.

Mais ce jeudi 1er avril a aussi été le théâtre de nouveaux épisodes de tensions entre les différents pays européens. Alors que, la semaine dernière, les relations entre l’UE et la Grande Bretagne avait donné lieu à une sévère passe d’armes, c’est aujourd’hui au sein même de l’Union que les désaccords se cristallisent. Et au centre des tensions, la même question : celle des doses de vaccins contre la Covid19.

En effet, l’Autriche, la République Tchèque et la Slovènie ont refusés la proposition de compromis du Portugal qui prévoyait la répartition de 7 millions de doses, au prorata de la population de chacun des pays, du vaccin Pfizer-BioNTech. Le but affiché était d’accorder un surplus de doses à cinq pays en difficultés : la Bulgarie, la Croatie, l’Estonie, la Lettonie et la Slovaquie.

Au final, l’Autriche, la République Tchèque et la Slovénie ont obtenu leur prorata initial de 10 millions de doses. Les cinq pays en difficultés recevront eux aussi leur 10 millions de vaccins prévus, avec un partage de 2,8 autres millions de doses en provenance de l’Allemagne, la Belgique, Chypre, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Roumanie et la Suède, qui eux obtiendront 6,6 millions de doses, toujours au prorata de leur population respective.

Au centre de cet imbroglio géo-politique et de cette montée des tensions entre Etats-membres se pose la question des retards de livraison du vaccin AstraZeneca, annoncé à la mi-mars et sur lequel certains pays ont beaucoup misé en raison de son plus bas coût en rapport à ses concurrents. Un retard qui a des conséquences directes, comme en Suède ou les objectifs de vaccinations ont été repoussés de deux mois en raison de ces retards, comme le souligne un article de Capital.

En soi, ce nouvel épisode de tension illustre une nouvelle fois la véritable guerre des vaccins que se livrent les Etats capitalistes, y compris au sein de l’Union européenne. Une concurrence absurde sur le plan sanitaire, dicté en premier lieu par les intérêts économiques qui dictent les politiques de santé vis à vis du coronavirus depuis plus d’un an maintenant. Surtout, cette situation est la cause directe de la concurrence entre les laboratoires pharmaceutiques, engagé dans une guerre sans merci pour les parts de marché au détriment de la santé publique. Une fois de plus, cet épisode met au centre la nécessité absolue de la levée des brevets, pierre angulaire de la concurrence funeste, au sens strict du mot, sur le plan sanitaire. Une levée des brevets pour permettre une mise en commun de l’ensemble des connaissances sur la lutte contre le Covid19, condition indispensable pour la production d’un vaccin sur d’une part, et d’une transparence totale nécessaire pour lutter contre les doutes légitimes qu’il peut y avoir vis à vis des différents vaccins d’autre part, en particulier après les cas de tromboses lié à l’administration du vaccin AstraZeneca.

Cette logique, absolument rationelle sur le plan sanitaire, est pourtant en totale contradiction avec les fondements meme de la logique capitaliste qui place au premier rang des priorités l’accumulation de profit dans les mains de quelques grands capitalistes. C’est pourquoi, pour imposer un plan sanitaire à la hauteur des enjeux, il s’agit de mettre en avant, dans la lutte, la nécessité de l’expropriation des grandes firmes pharmaceutiques et leur mise sous contrôle des travailleurs et de la population.


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