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Salaires

Grève des laboratoires Biogroup : « C’est l’argent qui fait marcher les actionnaires »

Les syndicats FO et CFDT des laboratoires d’analyses médicales Oriade-Noviale Biogroup appellent à la mobilisation pour des augmentations de salaires et contre des conditions de travail de plus en plus dégradées. Un appel suivi par une quarantaine de sites en Isère, Savoie et Haute-Savoie.

Pierre Chavatte

19 janvier

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Grève des laboratoires Biogroup : « C'est l'argent qui fait marcher les actionnaires »

Crédit Photo : © École polytechnique - J.Barande

Ce mardi, des grévistes se sont réunis devant le laboratoire d’analyse médicale d’Echirolles, près de Grenoble. Dans ce secteur largement féminisé, il s’agissait pour la plupart des grévistes de leur toute première mobilisation. « On ne ressent aucune bienveillance de la part de notre direction, et là c’était trop ! », témoigne Corinne, technicienne de laboratoire. Lors des dernières négociations salariales, le refus catégorique de la direction générale d’Oriade-Noviale Biogroup d’augmenter les salaires a été la goutte de trop pour ces travailleuses et travailleurs, qui ont décidé d’appeler à la grève.

Les salariées dénoncent une lente détérioration de leurs conditions de travail : départs non remplacés, postes de nuit laissés vacants, des équipes épuisées, et des salaires qui stagnent depuis des années. Une situation dramatique qui se fait au détriment des patients, dont les résultats d’analyses prennent de plus en plus de temps, faute de personnel suffisant. « On souhaite être entendu, reconnu pour notre travail, on a des gens qui sont en labo technique de qualité, avec de l’expérience, on forme des gens toute la journée, et humainement on est pas reconnu ! » s’indigne Claire, technicienne de laboratoire.

Elles dénoncent également des salaires restés presque inchangés depuis 2018, alors même que ces travailleuses ne bénéficient pas du Ségur de la santé puisqu’elle travaillent dans le privé. Une situation scandaleuse, dénoncée par les syndicats Force ouvrière et la CFDT, qui pointent du doigt dans leur communiqué les bénéfices records des laboratoires Oriade-Noviale. Pendant la période Covid, ils ont atteint « des sommets inavouables, quand les salariés ont répondu présent au détriment de leur santé et de leur vie familiale ». 

Fondé en 1998 par Stéphane Eimer, Biogroup rachète les laboratoires Oriade-Noviale lors de la crise du coronavirus, et s’enrichit alors considérablement : « En l’espace de quatre ans, le groupe est passé de 215 millions à 1.3 milliard de chiffre d’affaires en 2020 pour un total de 742 laboratoires et 870 biologistes ». Avec Cerba et Inovie, Biogroup occupe aujourd’hui près de 40% du marché des laboratoires généralistes. Une croissance exponentielle dont ont largement bénéficié les actionnaires et son ex-PDG Stéphane Eimer, classé 167ème fortune de France en 2021 selon Challenges. Un enrichissement rendu possible grâce au gouvernement qui a délégué aux laboratoires privés la tâche centrale d’étudier le comportement du coronavirus durant la crise sanitaire, comme nous le soulignions déjà en 2020 en dénonçant le scandale des tests.

Les grévistes déplorent que les logiques marchandes aient pris le pas sur la biologie. Pour Corinne, « le problème c’est que c’est une société d’actionnaires qui a pris les rênes et que ce n’est plus la biologie, c’est l’argent, qui fait marcher. Comme je le dis souvent, Biogroup c’est le tronc, et ils rentabilisent, ils pressent au maximum sur les branches pour faire remonter l’argent dans le tronc ! ».

L’appel à la grève a été largement suivi par une quarantaine de sites répartis en Isère, en Savoie et en Haute-Savoie. Les grévistes décideront à l’issue du préavis de trois jours de la suite à donner à leur action pour arracher à la direction de Biogroup des augmentations de salaires, et des conditions de travail dignes. Alors que l’inflation a fait augmenter les prix de 4,9 % en moyenne en 2023, il est urgent que notre classe se dote d’un véritable plan de bataille, pour arracher des augmentations des salaires, des pensions et des minimas sociaux. Dans les laboratoires de Biogroup, comme à Toulouse, où le personnel soignant est en grève à l’hôpital Purpan et dans les hôpitaux psychiatriques, soyons solidaires avec les travailleurs et les travailleuses de la santé qui se mobilisent contre la destruction du service public par les logiques capitalistes de rentabilité et de profit.


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