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« Fichage racial » : Adecco passe en correctionnelle après 17 ans d’impunité 

Depuis près de 20 ans, les associations SOS Racisme et Maison des Potes bataillent en justice contre l’entreprise Adecco. Elles viennent seulement d’obtenir le renvoi au tribunal correctionnel de l’entreprise. Adecco est accusée d’avoir mis en place un système de fichage raciste, qui lui permettait de sélectionner les employés selon leur couleur de peau.

Lorélia Fréjo

26 février 2021

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Samuel Thomas, interrogé par L’Humanité dénonce « la mise en place d’un fichage racial qui a concerné 500 intérimaires de couleur, et a été reconnu par les dirigeants de l’agence mise en cause au moment de l’éclatement du scandale  ». Il y a dix-sept ans, en février 2001, il avait déposé la plainte aujourd’hui, suite aux dénonciations d’un des salariés de l’agence Adecco Montparnasse. 

Ce système de fichage, permettait à l’entreprise de discriminer les personnes racisées dès leur embauche. Selon Mediapart, l’employé en question avait dénoncé, à l’époque, l’utilisation : « d’un code (PR4) permettant de leur octroyer ou refuser certaines missions dans la restauration ». Le média ajoute même qu’ :« une liste plus précise reposant sur des critères d’apparence aurait même été mise en place pour classer les intérimaires selon quatre catégories : PR1 pour « très bonne présentation », PR2 pour « présentation moyenne », PR3 (qui n’a pas été défini avec certitude), PR4 pour les « personnes de nationalité étrangère très typées » ».

Interrogé, Olivier Poulain, directeur de l’agence en question avait expliqué en 2001 que : « La mention PR4 n’est pas une méthode de recrutement pour nous, mais nous reconnaissons qu’il existe un phénomène de rejet et de discrimination raciale а l’embauche dans la demande quotidienne de certains de nos clients. En conséquence, nous essayons de déléguer nos intérimaires possédant le critère “PR4” chez d’autres clients plus “accueillants” ». Un aveu on ne peut plus clair de l’utilisation effective de cette méthode, obtenu dès 2001. 

Le dispositif fonctionnait simplement, lorsqu’un nouvel employé se présentait pour recrutement, il était fiché et catégorisé selon sa couleur de peau. Les entreprises étaient elles aussi catégorisées, « BBR » (bleu, blanc rouge), pour celles qui ne voulaient pas employer des salariés racisés. 

Pourtant, il a fallu des années d’enquête pour arriver à cette simple décision de justice. En effet, l’entreprise Adecco et les dirigeants de l’agence en question ont tout fait pour faire ramer la justice. Malgré les multiples témoignages de salariés, intérimaires ou recruteurs, ce n’est que ces derniers jours que le renvoi au tribunal correctionnel a été obtenu. Pour les plaignants, la prochaine étape est de trouver un moyen de retrouver les 500 victimes pour les constituer partie civile. 

Cette affaire démontre encore une fois la structure raciste de notre société, et l’impunité qui pèse contre les victimes. Ces méthodes de fichage dévoilent aussi la dure réalité des plus précaires, ici les intérimaires racisés, qui subissent, en plus des pires emplois et salaires, le poids du racisme.


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