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Pour une écologie anticapitaliste !

Equateur. Le Président utilise l’écologie pour justifier les mesures dictées par le FMI

Des affrontements d’une ampleur inédite sont en cours en Equateur suite à l’annonce par le président Lénin Moreno de la mise en place de différentes mesures économiques pour satisfaire les demandes du FMI. Des mesures que le Président n'a pas hésité à justifier au nom de l'écologie.

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Crédit Photo : Juan Ruiz, AFP

Des affrontements d’une ampleur inédite sont en cours en Equateur suite à l’annonce par le président Lénin Moreno de la mise en place de différentes mesures économiques pour satisfaire les demandes du FMI afin d’obtenir un crédit. Au-delà des réformes touchant le droit du travail c’est la suppression des subventions pour les carburants qui a provoqué la plus forte contestation, une mesure qui fait monter de plus de 123% le prix de l’essence et touche donc principalement les plus pauvres

Malgré les premières manifestations, le président a annoncé qu’il ne reculerait pas et décidé de déplacer son siège à Guayaquil. S’il se présente comme prêt à dialoguer avec les manifestants il organise dans le même temps leur répression et l’arrestation de centaines d’entre eux. La tension monte de plus en plus et avant-hier les équatoriens ont pris d’assaut l’Assemblée à la veille d’une journée de grève générale.

L’écologie à nouveau instrumentalisée pour justifier des attaques

Par-delà l’importance de la situation insurrectionnelle déclenchée par les mesures, c’est une justification avancée par le Président qui mérite d’être soulignée. Lors de son allocution télévisée du 2 octobre, le Président a en effet défendu sa décision en expliquant : « Supprimer cette subvention aux combustibles fossiles, en lien avec l’agenda mondial de lutte contre le changement climatique, nous permettra de libérer des ressources afin de soutenir nos entrepreneurs, et en particulier ceux qui dirigent des petites et moyennes entreprises ».

Ainsi, une fois de plus un dirigeant au service des intérêts capitalistes et en particulier ici du FMI n’hésite pas à instrumentaliser l’écologie pour faire payer la crise économique aux plus pauvres. Car en effet, les mesures prises par le gouvernement avantageront en premier lieu les entreprises capitalistes et la bourgeoisie du pays au détriment des populations les plus précaires.

Des ONG équatoriennes comme Acción Ecológica ont par ailleurs dénoncé ces mesures. Celle-ci a dénoncé l’hypocrisie d’un gouvernement qui favorise les activités polluantes des grandes entreprises et organise notamment le découpage de l’Amazonie en faveur des géants du pétrole. Ainsi, depuis cet été des communautés indigènes ont dû s’organiser pour affronter les entreprises qui mettent la main sur des pans entiers de l’Amazonie pour y chercher du pétrole.

Dans la zone du Yasuni, pourtant protégée, la forêt est de plus en plus affectée par ces activités qui polluent l’air, les sols, le fleuve, et menacent les tribus indigènes. Certaines d’entre elles, les communautés Waorani ont d’ailleurs gagné leur procès contre le gouvernement, mais celui-ci ne recule pas et souhaite permettre de nouveaux forages. Les 16 communautés concernées ont manifesté en septembre pour empêcher d’être envahie par l’industrie pétrolière.

Le communiqué dénonce également les « crédits préférentiels » dont profite l’industrie de la palme et les subventions pour la construction de barrages et l’agro-industrie. Ainsi, le gouvernement cherche à se cacher derrière des arguments écologiques tout en favorisant des activités qui mènent à la destruction environnementale. Tout cela n’est donc qu’hypocrisie pour tenter de faire passer des mesures qui vont précariser la classe travailleuse.

Face à l’instrumentalisation croissante de l’écologie : refuser que les travailleurs paient la crise

Encore une fois, derrière les prétextes hypocrites, il s’agit de faire payer la crise aux travailleurs au nom de l’écologie ce prétexte pour faire passer des mesures qui en réalité sont vouées à augmenter la précarité.

Un argumentaire qui n’est pas sans rappeler celui de Macron et de sa taxe carbone dont l’augmentation a provoqué la crise des Gilets jaunes, et dont il a été révélé que, derrière un prétexte écologique, qu’elle avait servi en 2016 à financer le CICE, une subvention allouée aux entreprises notamment écocides comme Total ou Carrefour.

Cette multiplication des instrumentalisations de la cause écologique doit attirer l’attention de ceux qui défendent ce combat fondamental sur la nécessité de construire une lutte écologique qui lutte contre ce danger. Ainsi, comme le note Leo Valadim dans un article : « Pour vaincre, le mouvement pour le climat doit rejeter en bloc toutes les mesures qui visent à faire payer aux exploités et aux classes populaires les désastres climatiques. C’est la première des conditions pour pouvoir réaliser une alliance absolument nécessaire entre les travailleurs et les mouvements de jeunesse pour le climat qui secouent de nombreux pays du monde depuis plusieurs mois. Aucun compromis ne pourra être trouvé avec les multinationales et les gouvernements qu’elles dirigent. Pour mettre fin au péril qui pèse sur l’humanité, c’est à ceux qui possèdent tout et mènent jusqu’à aujourd’hui la barque de payer. Il faut mettre à bas ce système qui ne pourra jamais se passer de l’exploitation des travailleurs et de la nature pour le profit de quelques-uns. »


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