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Valeria, 2 ans, et son père, retrouvés noyés

Drame du Rio Grande : aux Etats-Unis comme en Méditerranée, les frontières assassinent

Ce lundi, les grands médias américains ont diffusé la photo d'un homme et d'une fillette retrouvés morts au bord du Rio Grande en tentant de franchir la frontière mexicaine. La photo provoque depuis une vague d'émotion aux Etats-Unis.

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L’homme s’appelle Oscar Alberto Martinez Ramirez, et sa fille de deux ans, Valeria. Ils venaient du Salvador mais face aux difficultés pour déposer une demande d’asile auprès des services d’immigration, le père a décidé de traverser le fleuve à la nage. Après avoir déposé sa fille sur la rive, il est reparti chercher sa femme. Mais la fillette, prise de peur en se voyant seule, s’est jetée à l’eau pour le rejoindre. Le père a pris l’enfant sur son dos dans son t-shirt, mais ils ont été emportés par le courant. Ces détails sont connus grâce aux déclarations de la mère, Tania Vanessa.

La photo, choquante, et l’histoire, tragique, expliquent l’émotion collective aux Etats-Unis. Mais cette histoire singulière se répète depuis des années, sous mille figures diverses : hommes et femmes, enfants, qui fuient, qui traversent des déserts ou des fleuves, qui voient leurs compagnons de route périr sous leurs yeux, qui perdent un.e ami.e, un enfant, un frère, une sœur, sans rien pouvoir faire, qui regardent des visages disparaître en Méditerranée, qui sont abattus par des gardes-frontières zélés et à qui tout est permis, sauf le sauvetage.

C’est à la frontière, dans sa militarisation et son usage idéologique, qu’on lit le mieux la guerre sociale qui nous est faite. L’émotion est légitime, mais elle cache aussi combien ces morts sont quotidiennes, le plus souvent invisibles et anonymes, et qu’elles servent doublement à protéger la bourgeoisie et ses richesses. En effet, si ces morts sont le plus souvent muettes, c’est que ce sont les pauvres parmi les pauvres qui meurent à la frontière : une pauvreté créée et entretenue par les gouvernements bourgeois. Et ce sont ces pauvres-là, tous ces dépossédés, que la même bourgeoisie montre du doigt aux pauvres d’ici pour en faire « le problème  » de tous – opposant l’un à l’autre deux régimes de dépossession pour rester la seule classe possédante et dirigeante.

Dans cette guerre sociale, les noms s’égrènent, parmi beaucoup de corps sans vie et anonymes, et seules quelques associations militantes, ou des collectifs d’artistes, s’inquiètent de cette humanité qui se disperse en vain en tentant de trouver le lieu où une vie sera possible. Et en Europe, c’est probablement parce qu’on commence à sentir que nos propres dépossessions s’accélèrent et qu’une vie plus misérable encore nous est promise par nos propres gouvernements que certains acceptent de hurler avec les loups contre ceux à qui, déjà, la classe dominante a tout pris. Mais dans cette guerre sociale, nous n’avons qu’un seul ennemi et c’est celui qui garde la frontière.


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