Ce sont des bruits de casseroles et le célèbre chant des gilets jaunes "On est là même si Macron ne le veut pas" qui ont rompu le silence plombant qui règne dans les rues parisiennes depuis bientôt début mars. Derrière leurs masques, plusieurs centaines de personnes ont rejoint le rassemblement appelé devant l’hôpital Robert Debré pour la deuxième fois en deux semaines.
Devant l'hôpital Robert debré à Paris #Covid_19 manifestation appelée pour le 3ème jeudi d'affiler contre la politique criminelle du gouvernement ! #soignants #hopitaux pic.twitter.com/6BPMttgBMB
— Révolution Permanente (@RevPermanente) May 21, 2020
Cette semaine la manifestation avait pour but de réunir tous ceux et celles qui s’opposent au gouvernement Macron et à la politique criminelle menée tout au long de la crise sanitaire. Dans les prises de parole organisées aux portes de l’hôpital la colère exacerbée par la gestion catastrophique de l’épidémie a continué ce jeudi à s’exprimer hors les murs.
Les griefs sont nombreux, et rien ne semble pouvoir calmer la colère de soignants dont la vie a été mise en danger et celle de leurs patients faute de personnels, de moyens, de lits, de masques, de tests. Tous tiennent à dire qu’ils ont réussi, qu’ils ont tenu mais à quel prix ? Pour les soignants de l’hôpital Robert Debré il est hors de question que l’après Covid soit un retour à "la normale" qui ne serait qu’un retour à "l’anormal". Un travailleur de l’hôpital énumère ainsi les revendications : "Pour l’hôpital c’est plus de lits ! On veut un plan d’embauche massif et la régularisation de tous les CDD ! On veut plus de rémunérations pour tous ! (...)" .
Un soignant de l'hôpital Robert debré énumère les revendications des soignants applaudi par plusieurs centaines de soutiens "Plus de lits ! Des revalorisations des salaires ! Un plan d'embauche !" #hopitaux #Covid_19 pic.twitter.com/lcrVhFxJCg
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Des revendications que partagent les soignants de différents hôpitaux de région parisienne qui ont été au cœur de la lutte contre le Covid et s’étaient déplacés pour l’occasion. Ce sont les soignants de l’hôpital de Saint-Denis, de Tenon, Mondor qui sont intervenus successivement au micro. Eux-mêmes organisent des rassemblements devant leurs propres établissements depuis le 11 mai. Un aide soignant de l’hôpital Tenon a annoncé que lui et ses collègues organiseront également tous les jeudis un rassemblement pour manifester leur colère et participeront à la date appelée le 16 juin dans la santé "jusqu’à ce qu’on obtienne gain de cause".
Soignants de l'hôpital Tenon, Robert debréde Saint Denis, Mondor, des gilets jaunes, des travailleurs de la ratp et de la sncf. "On va faire les jeudis de la colère jusqu'à ce qu'on obtienne gain de cause" #hopitaux #Covid_19 pic.twitter.com/sxlv71DYd1
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Le mécontentement des soignants, leurs revendications et le début de mobilisation sont populaires. Un soutien qui s’est exprimé dans la rue ce jeudi alors même que le déconfinement en est à ces débuts et que l’épidémie n’est pas encore derrière nous. Étaient présents de nombreux gilets jaunes ainsi que des personnalités politiques comme Eric Coquerel de la France insoumise ou Pierre Laurent du Parti Communiste, mais aussi des travailleurs d’autres secteurs.
A ce titre, Eric Bezou, militant syndical, agent SNCF, entouré de ses collègues de la coordination RATP-SNCF née au cours de la grève contre la réforme des retraites, est intervenu pour dénoncer la procédure disciplinaire pour le licenciement dont il fait l’objet et qui a été validée le 12 mai par Muriel Pénicaud contre l’avis de l’inspection du travail.
@EricBezouSUD, militant syndical, cet après midi au rassemblement devant l'hôpital Robert Debré pour dénoncer son licenciement et la répression qui s'abat contre les militants, les grévistes, tous ceux qui relèvent la tête ! #Covid_19 #HopitalPublic https://t.co/nD4eW3248Z pic.twitter.com/vAzui97Sl1
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Il a parlé plus largement de la répression brutale qui s’abat sur les militants syndicaux comme Gaël Quirante à la Poste, Ahmed Berrahal à la RATP, les grévistes suite aux derniers mouvements quelque soit les secteurs, le ferroviaire, l’éducation et aussi l’hôpital public. L’autre visage de la répression est celui de la répression policière qui accompagne chaque mobilisation et le rassemblement d’hier n’a pas été une exception à la règle : un fort dispositif policier avait été déployé et trois personnes ont finalement été interpellées en marge de la manifestation.
"Il faut des services publics qui nous appartiennent à nous les agents, reprenons les choses aux mains" a conclu Eric Bezou s’adressant aux soignants. Une présence importante pour signifier que le combat des soignants est le nôtre et s’étend au delà des murs des hôpitaux à l’heure où les contre réformes touchent l’ensemble des services publics et que les plans de licenciement tombent dans le privé.