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Etoile de la liberté

D’où vient le drapeau républicain catalan ?

S’il y a bien quelque chose qui a envahi les écrans télé et les photos illustrant les reportages sur la situation en Catalogne, c’est ce drapeau méconnu, agité dans toutes les manifestations : quatre bandes horizontales de couleur rouge sur fond or dominées par un triangle bleu, à gauche, frappé d’une étoile blanche. Quelle est l’origine et la signification de la « Estelada blava », le drapeau républicain catalan ?

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A l’origine il y a la « Senyera », l’un des plus vieux étendards connus en Europe, dont les origines remontent au Moyen-Âge. Il s’agit du drapeau à quatre bandes horizontales rouges sur fond jaune que l’on retrouvait derrière Carles Puigdemont, lors de ses déclarations officielles au « Palau », le Palais de la Généralité, ou au « Parlament ». Selon certains chroniqueurs de la Renaissance, repris par la première vague du nationalisme romantique catalan de la fin du XIX°, il y aurait, dans ce drapeau, le blason des premiers véritables souverains de Catalogne : le Roi de France aurait passé ses doigts, teints du sang du Conte de Barcelone blessé lors d’une bataille conjointe contre les Normands, sur son écu doré, conférant ainsi aux Contes de Barcelone leurs armoiries.

Le drapeau est remis en avant par le mouvement de renaissance culturelle catalan à la fin du XIX° siècle qui tente de construire, de reconstruire et de réinventer, à partir du passé, un récit national. En 1932, lorsqu’est créée la Généralité, après la proclamation de la IInde République espagnole, c’est « La Senyera » qui est tout naturellement choisie comme drapeau officiel par Companys. Même si « La Senyera » est loin de représenter l’option la plus radicale du séparatisme catalan, elle n’en sera pas moins bannie et interdite par les autorités franquistes jusqu’en 1979. Ce n’est qu’un an après l’entrée en vigueur du Pacte de la Moncloa que les autorités madrilènes accepteront de revoir flotter à Barcelone un drapeau catalan.

Beaucoup plus ouvertement indépendantiste, en revanche, et en rupture avec une légende dorée d’un catalanisme qui plongerait ses racines dans l’histoire médiévale, on trouve « L’Estelada ». Le drapeau reprend les quatre bandes de « La Senyera » mais rajoute un triangle bleu frappé d’une étoile blanche. Apparu pour la première fois à la toute fin du XIX°, il s’agit d’un renvoi explicite au drapeau indépendantiste cubain inspiré, quant à lui, du tricolore républicain français et des couleurs du drapeau des Etats-Unis, par opposition au drapeau monarchiste colonial. La Havane, en effet, ne s’était libéré du joug impérial madrilène qu’en 1898, aux côtés de Puerto Rico et des Philippines. « L’Estelada », ou drapeau étoilé, est un rappel de ces volontaires catalans qui, au cours des terribles guerres de contre-insurrection menées par les Espagnols contre les Cubains, entre 1868 et 1878 et 1895 et 1898, prennent le maquis aux côtés des indépendantistes antillais.

[Premier document sur lequel figure une "Estelada". En 1918, les indépendantistes demandent à l’Entente de reconnaître à la Catalogne le droit à l’autodétermination, promis par le président nord-américain Wilson]

Au tournant des années 1960, avec la resignification de la question nationale au prisme d’une gauche plus militante et parfois ouvertement marxiste (processus que l’on retrouve du côté de l’Euskadi-Pays Basque avec l’adhésion de l’ETA aux « principes du socialisme » lors de sa seconde assemblée, en 1963), plusieurs groupes considèrent « L’Estelada Blava » comme trop réformiste, et proposent « L’Estelada Vermella » ou « Groga », où un triangle et/ou une étoile rouges remplacent le bleu et le blanc. C’est aujourd’hui le symbole de la CUP, le courant de gauche radicale qui soutient la coalition Junts Pel Sì de Carles Puigdemont et d’Oriol Junqueras qui, en dépit du coup de force de Rajoy, ne s’est pas encore résolu à décréter, réellement, l’indépendance républicaine vis-à-vis de la couronne madrilène.

[Illustration de l’article. Carte postale publiée par le Comité pro-Catalogne d’Argentine revendiquant le droit à l’indépendance - 1920 circa]


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