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« Lutte contre le wokisme »

Colloque transphobe à Assas : les idéologues réactionnaires n’ont rien à faire dans nos facs !

À l’université d’Assas va se tenir ce 22 juin une journée d’études intitulée « La République universelle testée par l’identité trans » : un colloque transphobe, réunissant des intellectuels réactionnaires au service de l'offensive en cours contre le droit à disposer de nos corps.

Cathu Isnard

21 juin 2023

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Colloque transphobe à Assas : les idéologues réactionnaires n'ont rien à faire dans nos facs !

Dietmar Rabich / Wikimedia Commons

Ce jeudi, à l’initiative du Centre de droit public comparé (CDPC), un colloque est organisé à l’université Panthéon-Assas avec la problématique suivante :« quels les fondements philosophiques, scientifiques ou juridiques d’une identité citoyenne à l’heure où la fluidité de l’apparence contredit la permanence de l’être ? ». Une interrogation qui masque mal l’orientation politique de ce séminaire, qui reprend dans sa présentation la rhétorique de l’extrême-droite dénigrant les identités de genre : « La volonté toute puissante façonnerait ce que nous sommes : je peux être un homme ou une femme ; un animal ou une plante ; un robot… ».

Un colloque transphobe, comme le confirme la liste des invités. Entre Léonardo Orlando (politiste), Fabien Ollier (philosophe) et Andreas Bikflavi (biologiste), un point commun : leurs prises de position contre « l’idéologie woke [qui] menace jusqu’à la science », d’après le titre d’un édito récent au Figaro, Fabien Ollier parlant par exemple de « fake femmes » et « fake mecs » pour désigner les personnes trans.

Initialement, le colloque devait aussi accueillir une conférence de Rod Dreher, chroniqueur américain ultra conservateur, connu pour son discours sur la « guerre culturelle » et sa proximité avec le gouvernement hongrois. Dreher prône notamment l’arrivée au pouvoir des chrétiens ultraconservateurs tels que Viktor Orban pour mener une « guerre contre le wokisme » à l’échelle mondiale.

Fonder idéologiquement la politique réactionnaire

La volonté de réunir une telle figure de l’extrême-droite américaine et des intellectuels réactionnaires français n’a rien d’anodin à l’heure où les droits des personnes LGBT sont attaqués de toute part au niveau international.

Derrière un vernis et une légitimité prétendument scientifiques, de tels séminaires visent à donner une base idéologique à l’offensive en cours contre les personnes trans, dans la continuité de ce qu’on observe au Royaume-Uni, aux États-Unis ou encore en Russie.

Usant de la même rhétorique que les courants « gender critical » anglophones, centrée sur la « protection des enfants » qui seraient menacés par « l’idéologie woke », ce type de colloque accompagne l’agenda transphobe de la droite et de l’extrême-droite françaises, ayant récemment créé une « association transpartisane contre le wokisme » pour impulser une vértitable campagne contre les droits des jeunes LGBT à l’école.

Ces colloques anti-trans, et plus largement anti-LGBT, ont des conséquences sur nos vies en légitimant des attaques législatives contre nos droits et en alimentant les violences perpétrées contre la communauté LGBT. En plein mois des fiertés, peu après l’attaque au cocktail explosif du centre communautaire de Tours et alors que les actions LGBTI-phobes se multiplient comme l’a vu à Rennes avec le déploiement d’une banderole d’extrême-droite, le séminaire d’Assas apparait comme un nouvel affront contre la jeunesse féministe et LGBT.

S’organiser contre l’offensive transphobe

Mais les arguments nauséabonds de l’extrême-droite n’ont pas eu à forcer la porte de l’université, ils y ont été invités par le gouvernement et son offensive réactionnaire. On se souvient des polémiques sur le « wokisme » initiées par Jean-Michel Blanquer et de l’introduction de la rhétorique contre l’« islamo-gauchisme » par Frédérique Vidal

Autant de chimères que le gouvernement continue d’agiter dans un surenchère réactionnaire constante avec la droite et l’extrême-droite, comme le montrent encore les sorties récentes de Darmanin contre le « terrorisme intellectuel », au service de la criminalisation de celles et ceux qui luttent contre l’exploitation, l’oppression et la destruction de la planète.

Les idéologues de l’offensive transphobe n’ont rien à faire dans nos facs ! Face aux attaques contre notre droit à l’auto-détermination de genre, menée par l’extrême-droite dans les jâlons posé par le gouvernement, il est urgent d’imposer une réponse politique de l’ensemble du mouvement féministe et LGBT. Alors que la colère de la bataille des retraites est loin d’avoir disparue, ce n’est qu’avec la force de celles et ceux qui ont relevé la tête dans la dernière séquence que nous pourrons défendre nos droits et en arracher de nouveaux !

Avec Du Pain et Des Roses, collectif féministe animé par des militant·es de Révolution Permanente, c’est la perspective que nous portons pour ce mois des fiertés.

Retrouvez nous samedi 24 juin dans la Pride parisienne : rendez-vous à 13h, devant le bar « Le canon de la nation » place de la Nation !


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