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Islamophobie

Classes pour « radicalisés », fermeture d’un collège privé : Belloubet poursuit l’offensive islamophobe

A peine arrivée au ministère de l’Éducation, Nicole Belloubet relance l'offensive raciste. Une tentative de canaliser la colère des enseignants face à la crise dans l'éducation sur un terrain répressif et islamophobe.

Raji Samuthiram

28 février

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Classes pour « radicalisés », fermeture d'un collège privé : Belloubet poursuit l'offensive islamophobe

Tout juste arrivée au ministère de l’Éducation pour faire oublier les nombreuses casseroles d’Amélie Oudéa Castera, l’ancienne membre du Parti socialiste Nicole Belloubet ne se fait pas attendre pour appliquer les directives islamophobes de son gouvernement. Au programme ces derniers jours, la fermeture d’un collège privé musulman à Nice sur la base de la loi séparatisme et projet de classe spécialisée pour les « élèves radicalisés ». Une nouvelle pierre à l’édifice du projet réactionnaire et raciste pour l’école du gouvernement qui, dans sa volonté de mettre au pas les élèves, vise tout particulièrement la jeunesse racisée et musulmane, à l’image de la récente interdiction du port de l’abaya.

Fermeture du collège Avicenne : la loi séparatisme invoquée pour agiter le spectre de la radicalisation

Lundi, soit moins de trois semaines depuis sa nomination au gouvernement Attal, Belloubet a annoncé vouloir faire fermer le collège privé musulman Avicenne à Nice en raison d’un « problème de financement opaque » et « contraire à la loi antiséparatisme ». Un motif contesté par l’établissement, qui affirme être en règle. S’il entend exécuter la fermeture, le rectorat lui-même précise qu’« à ce stade il n’y a jamais eu d’alertes sur un éventuel embrigadement ou une situation de radicalisation dans cet établissement ».

En réalité, cette annonce s’inscrit dans la continuité de la politique de fermetures islamophobes à l’encontre des organisations, lieux de cultes et d’éducation musulmane, s’appuyant sur tout prétexte pour mieux criminaliser et dissoudre ces structures. Dernièrement, les écoles sont particulièrement visées : en décembre la préfecture du Nord avait envoyé la résiliation de son contrat avec l’État au lycée musulman Averroès à Lille. La préfecture avait avancé des arguments sur l’opacité des financements, mais également sur l’utilisation de contenus pédagogiques « hostiles à la République » comme des livres de la bibliothèque ou qui auraient servi de support au cours d’éthique musulmane.

Une procédure totalement opaque, à partir de rapports tronqués et d’éléments ouvertement mensongers comme l’a souligné Mediapart. Alors que le gouvernement fait de la « radicalisation » un cheval de bataille pour justifier ses mesures islamophobes et sécuritaires, tout prétexte sert à justifier la fermeture d’écoles, d’associations et d’organisations accusées de s’opposer aux « valeurs républicaines ».

« Prise en charge » des « élèves radicalisés » : Belloubet veut appliquer le programme sécuritaire d’Attal après Arras

Aux fermetures d’écoles se rajoutent les mesures sécuritaires qui visent particulièrement le milieu de l’éducation, surtout suite au meurtre de Dominique Bernard à Arras en octobre dernier. Selon Attal, 183 élèves avaient alors été signalés pour avoir perturbé les hommages rendus à Bernard et Samuel Paty. Ils ont été exclus de la rentrée le 6 novembre par la suite. Ces accusations floues ont servi comme marche-pied au ministre pour annoncer qu’il envisageait de sortir les « mineurs radicalisés » des établissements.
« Quand on a des signes qui attestent d’une potentielle dangerosité, je souhaite que ces élèves puissent être sortis de nos établissements scolaires » avait-il expliqué, précisant qu’il réfléchissait à des « structures spécialisées pour les accueillir. »

Un projet désapprouvé par la suite par trois inspections ministérielles, déconseillant la création de centres spécifiques, selon Mediapart, mais que Belloubet a décidé de reprendre. Lundi sur France 2, la ministre a évoqué la possible « prise en charge dans des classes spécifiques » des « élèves radicalisés ». Sans dire si ces classes seraient dans des établissements dédiés ou au sein des écoles existantes, la ministre a affirmé la volonté du gouvernement de mettre en place « un suivi encore plus fin » que les mesures existantes. Celles-ci permettent déjà aux proviseurs d’empêcher l’entrée des élèves, ou d’engager « un certain nombre de procédures disciplinaires ».

Dit autrement, Belloubet compte mettre en œuvre la politique du gouvernement qui, dans la continuité des mesures répressives à l’encontre de la jeunesse promises récemment par le gouvernement Attal, cherche à se doter de moyens pour enfoncer la surveillance et la mise au pas dans le cadre scolaire. Les élèves racisés, issus des quartiers populaires, ou musulmans sont particulièrement visés par ces dispositifs, alors qu’ils sont dressés dans les discours politiques et médiatiques comme intrinsèquement incapables de s’adapter aux valeurs de la nation française.

C’est dans cette logique, qui a également nourri la répression des quartiers populaires suite aux révoltes contre les violences policières, que le gouvernement avait annoncé dans l’interdiction de l’abaya, ou encore la création des TIG spécifiques pour les mineurs de moins de 16 ans ou leurs parents.

« En permanence aux côté des enseignants » : face à la casse des écoles, le gouvernement souhaite gagner les professeurs à son projet islamophobe

Interrogée sur BFMTV, Belloubet a tenu à préciser que son plan d’action contre la « radicalisation » des élèves incarne, en premier lieu, une solution pour les enseignants. « Je ne laisserai pas les professeurs en situation de difficulté », a tonné la ministre du gouvernement qui vient de confirmer 700 millions d’euros d’économie dans l’Éducation nationale. Si Macron et Attal affirment que l’école est aujourd’hui « la mère des batailles » du quinquennat, il est clair que celle-ci consiste à y renforcer les logiques de sélection et de répression déjà à l’œuvre.

La campagne de propagande visant les élèves cherche à justifier un modèle d’école autoritaire et raciste, et à embrigade les professeurs dans une logique policière. Une tentative d’‘accompagner les transformations néo-libérales et l’austérité dans l’institution, en canalisant la colère des profs en direction des élèves, érigés en menaces potentielles pour leurs professeurs.

Il est essentiel de refuser et de dénoncer cette logique raciste et la tentative de division. A l’heure où les personnels de l’éducation dans le 93 rentrent en grève reconductible contre la casse de l’éducation publique, mais également contre le tri social et la mise au pas de la jeunesse populaire, il faut suivre cette exemple et construire un plan de bataille d’ensemble qui s’appuie sur ces dynamiques progressistes pour lutter contre le projet réactionnaire du gouvernement pour l’école, avec un programme pour l’augmentation des moyens, des salaires, et pour le retrait de tous les lois et dispositifs autoritaires et islamophobes, à commencer par la loi séparatisme.


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