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Marée verte

Après l’Argentine, un texte de loi sur la dépénalisation de l’avortement examiné au Chili

Trois semaines après la légalisation de l’IVG en Argentine, une proposition de loi permettant de dépénaliser l’avortement jusqu’à 14 semaine est examinée ce mercredi au Congrès chilien.

Tyshka Rostov

13 janvier 2021

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Crédits photo : La Izquierdia Diario

Depuis 2017 seulement, la loi chilienne prévoit une légalisation partielle et minimale de l’avortement seulement en cas de viol, de risque pour la mère, ou de fœtus non viable. La proposition qui est soutenue au Parlement ce mercredi 13 janvier, vise à amender deux articles de cette loi, pour repousser la pénalisation des avortements à quatorze semaine de grossesse. Loin d’en finir définitivement avec la pénalisation de l’avortement, le gouvernement accorde un délai. « Le porte-parole du gouvernement chilien, Jaime Bellolio, a même déclaré mardi que les autorités du pays « ne sont pas favorables à l’avortement sans motif  » et a insisté pour que le gouvernement du président Sebastián Piñera rejette « l’avortement libre ».

Le Chili à la suite de la dictature de Pinochet interdisait totalement l’avortement. Aujourd’hui encore, l’Eglise catholique, très puissante et influente au Chili, joue un rôle de pression conservatrice sur la question de l’avortement. Ainsi, même la loi minimale de 2017, a été largement retardée et décriée par les institutions catholiques. Selon Libération : « la droite ultraconservatrice a obtenu du Tribunal constitutionnel la reconnaissance d’une « objection de conscience institutionnelle ». Cela signifie que n’importe quel praticien peut refuser, pour des raisons religieuses ou idéologiques, de pratiquer un avortement. Selon une étude du ministère de la santé publiée en juin 2018 : « Au total, plus de 30 % de l’ensemble des spécialistes ont invoqué l’objection de conscience. ». Les chiffres parlent d’eux-même. Selon RFI, « seuls 800 avortements ont lieu légalement chaque année. », tandis qu’« entre 60 000 et 200 000 avortements clandestins » sont réalisés chaque année au Chili, faute d’argent (les avortements légaux sont couteux) ou faute de ne pas remplir les critères de dépénalisation. Ces avortements clandestins mettent en péril la santé et la vie de milliers de femmes.

Cette situation est largement dénoncée par les militantes féministes chiliennes, qui revendiquent la séparation de l’Église et de l’État, une condition nécessaire pour obtenir la légalisation libre, gratuite et accessible à tous.tes, de l’avortement. Les militantes de Pan y Rosas au Chili expliquent : « contrairement à ceux qui ont présenté le projet de loi, nous ne devons pas baisser nos attentes et nous devons faire confiance à la force de la mobilisation des femmes. Notre combat est celui de l’exigence d’un avortement légal, libre, sûr et gratuit.  »

Le débat au Chili revient quelques semaines à peine après la victoire en Argentine de la marée verte. La légalisation de l’avortement y a été le fruit de décennies de lutte féministe massive et d’organisation des femmes pour arracher ce droit fondamental. Ce mouvement, symbolisé par le foulard vert a beaucoup inspiré l’Amérique Latine, et plusieurs manifestations chiliennes ont eu lieu, en 2019 par exemple, en reprenant le symbole du foulard vert. Alors que ces derniers mois et années, les femmes sont sorties en nombre dans la rue contre les violences faites aux femmes mais également contre les attaques du gouvernement de Pinera, la victoire argentine pourrait bien donner un nouveau souffle.


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