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Palestine

Aide humanitaire française à Gaza : le cynisme des complices du génocide

Après avoir accompagné et soutenu la politique génocidaire d’Israël depuis le 7 octobre, les puissances occidentales dont la France et les États-Unis opèrent ces dernières semaines des parachutages d’aide alimentaire. Une opération de communication hypocrite et ridicule, alors que Gaza meurt de faim.

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Aide humanitaire française à Gaza : le cynisme des complices du génocide

Crédit photo : Capture d’écran, X

Le 27 février, la France délivrait, pour la deuxième fois depuis janvier, de l’aide humanitaire vers Gaza, larguant 2,2 tonnes de colis alimentaires et de kits d’hygiènes sur la bande depuis un avion militaire, en partenariat avec la Jordanie. Une deuxième opération a eu lieu le 5 mars, dont s’est félicité sur les réseaux sociaux Emmanuel Macron, publiant à cette occasion une vidéo des colis, arborant pour certains un drapeau bleu blanc rouge.

Une initiative qui a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, dénonçant l’hypocrisie du gouvernement. Et pour cause, aux côtés des autres puissances impérialistes, celui-ci a activement accompagné la politique israélienne qui a plongé Gaza dans l’horreur totale aujourd’hui. Depuis le 7 octobre la France joue un rôle de soutien premier plan au plein génocide que poursuit l’État d’Israël, en lui fournissant des armes, en affirmant le droit d’Israël à se défendre, et en criminalisant toute démonstration de solidarité avec la Palestine en France.

Quelques semaines avant de larguer ces maigres tonnes d’aide alimentaire sur Gaza, la France rejoignait la dizaine de pays annonçant la coupure de tout financement à l’UNRWA, la principale agence de l’ONU intervenant auprès des réfugiés palestiniens. Les annonces sont survenues juste après le rendu de la décision de la Cour Internationale de Justice (CIJ), reconnaissant un « risque génocidaire » à Gaza. Clairement, derrière son appel au « cessez-le-feu » et au respect du droit humanitaire, la France n’a jamais eu cesse de soutenir l’État sioniste dans sa course à l’épuration ethnique ouvertement assumé.

Aujourd’hui, à l’heure où la France et d’autres pays occidentaux haussent le ton vers Israël et daignent de faire rentrer quelques gouttes d’aide dans la bande de Gaza, au moins dix enfants sont mort de malnutrition et de déshydratation, sur les plus de 30 320 victimes depuis le 7 octobre. Le 29 février, alors que des réfugiés affamés tentaient de récupérer de la farine d’un convoi, Tsahal a ouvert le feu, faisant au moins 112 morts et 760 blessés. Un triste décompte face auquel les parachutages, aujourd’hui, ne sont qu’une triste mascarade, comme le dénonce Rami Abou Jamous, fondateur de GazaPress, pour Orient XXI :

« Ils veulent montrer au monde entier, et surtout à leurs populations, qu’ils sont en train d’aider Gaza. Mais en fait ils sont en train d’humilier Gaza. Cette façon de larguer quelques gouttes d’aide humanitaire c’est comme donner à manger à des chiens. On leur jette des morceaux, et les chiens se précipitent pour les manger. »

Ces dernières victimes de la crise humanitaire sont le résultat d’une accumulation d’horreurs, pourtant dénoncées depuis le début de l’offensive israélienne. Dès octobre, les associations humanitaires alertaient sur les conséquences du blocus mortifère de Gaza, et l’utilisation de la famine comme arme de guerre. Aujourd’hui, l’effondrement total des structures et des institutions a causé l’explosion des maladies et des infections. Alors que les bombardements aériens se poursuivent, Tsahal continue d’exiler, de déporter et d’exécuter les Palestiniens. Face au désastre et au flou stratégique de Tsahal, la France est obligée, suivant les États-Unis, de laver son image, et le fait en larguant des colis munis d’un drapeau français.

Derrière le tournant rhétorique, les puissances impérialistes tentent de sauver leur image

Alors qu’Israël poursuit le massacre, désertant les négociations pour un cessez-le-feu, les puissances occidentales qui affirmaient leur « soutien inconditionnel » à ses politiques depuis le 7 octobre modifient aujourd’hui leur propos, face au risque d’un embrasement régional qu’aucun pays, et particulièrement les États-Unis, ne souhaite. Fin février, Macron prévenait que l’incursion de Tsahal à Rafah était un « point de rupture ». Un avertissement à Netenyahou faisant écho à ceux des diplomates de Biden, tentant de rattraper les dégâts politiques de leur soutien sans faille à Israël. A ce titre, le massacre de la farine a été vivement critiqué, la France s’empressant de demander une enquête indépendante.

Aujourd’hui, les macronistes renforcent les critiques d’Israël et se retrouvent à la défensive. Invitée sur France Inter, Yaël Braun-Pivet a tenté de nuancer le « soutien inconditionnel » que son gouvernement a apporté à la politique d’Israël après le 7 octobre : « Lorsque j’ai apporté mon soutien inconditionnel à Israël, et je le maintiens, à ce moment-là, Israël n’avait pas riposté, et je n’ai jamais prononcé le mot de “soutien inconditionnel” au gouvernement de Netenyahou, c’était un soutien à l’État d’Israël dans la souffrance qu’il venait de subir. »

Un tournant suivi dans d’autres pays également. Se retrouvant en difficulté à quelques mois des élections présidentielles face à une jeunesse pro-palestinienne, Joe Biden a annoncé récemment que les États-Unis commenceraient à envoyer de l’aide. Depuis fin février, le Royaume-Uni, la France, et les Pays-Bas commencent à larguer des palettes d’aide humanitaire en coordination avec la Jordanie. L’Égypte et les Emirats arabes unis ont également fait des parachutages.

Mais ces gouttes d’aide sont une mesure presque cosmétique, comme l’a prévenu le porte-parole de la Coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), Jens Laerke, auprès du Monde : « L’aide qui arrive de cette manière ne peut être qu’un dernier recours, a-t-il déclaré. Le transfert par voie terrestre est tout simplement meilleur, plus efficace et moins coûteux. Si rien ne change, une famine est presque inévitable. » Une alerte claire, comme toutes lancées depuis octobre par les soutiens de la Palestine, auquel l’hypocrisie des pays impérialistes soucieux de laver leur image ne pourra répondre.


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