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États-Unis

28 salariés de Google licenciés pour avoir dénoncé le génocide en Palestine

28 salarié·e·s de Google ont été licencié·e·s et neuf arrêtée·es par la police suite à une action d’occupation des bureaux de la direction pour dénoncer le « Projet Nimbus », un contrat signé par Google et Amazon avec le gouvernement israélien.

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28 salariés de Google licenciés pour avoir dénoncé le génocide en Palestine

Crédits photo : No Tech for Apartheid

Dans le cadre de la campagne « No Tech for Apartheid », des salarié·es de Google ont organisé mardi dernier un sit-in en simultané dans les bureaux de la direction à Sunnyvale (Californie) et à New York.

Dénonçant le génocide en cours en Palestine, les salarié·es mobilisé·es s’opposent au « Projet Nimbus », un contrat signé entre Google, Amazon et le gouvernement israélien pour fournir à ce dernier des services liés au cloud – c’est-à-dire au stockage, à la gestion et à l’analyse de données, notamment via l’intelligence artificielle.

Après avoir fait intervenir la police pour mettre fin à l’occupation pacifique de ses bureaux, Google a licencié 28 de ses salariés, dont neuf ont passé plusieurs heures en garde-à-vue. Un nouveau cas de répression brutale du soutien à la Palestine, dénoncé dans un communiqué, où les salarié·es annoncent leur volonté de continuer à s’organiser contre le projet Nimbus et le génocide en cours.

Les salarié·es dénoncent une technologie qui va permettre de « faciliter la surveillance et l’expulsion des Palestiniens de leurs terres »

Organisés au sein du groupe « No Tech for Apartheid », qui revendique rassembler aujourd’hui plus de 200 salarié·es de Google et Amazon et plusieurs centaines de sympathisant·es, les salarié·es s’opposent au projet Nimbus, qu’ils dénoncent comme un contrat qui va « faciliter la surveillance et l’expulsion des Palestiniens de leurs terres. »

Signé en 2021 entre Google, Amazon et le gouvernement israélien pour la modique somme d’1,2 milliard de dollars – avec une réduction gracieuse de 15 % – le projet vise, entre autres, à installer un centre de data Google Cloud sur le sol Israélien. D’après un rapport publié en 2022, les services offerts par Google à Israël permettraient entre autres, la reconnaissance faciale via l’intelligence artificielle, le classement automatique des images, et le tracking d’objets. Si Google se couvre en prétendant que les usages du projet Nimbus seront strictement civils, dans la réalité, la mention du ministère de la Défense israélien apparait dans le contrat, tandis que, dès 2021, le ministre des finances israélien annonçait explicitement que le projet Nimbus serait utilisé par le ministère de la défense.

Avec le retour de la guerre à Gaza, la mobilisation contre le projet Nimbus et en soutien à la Palestine a ainsi trouvé un nouvel écho. Après une première manifestation d’une trentaine de salarié-es dès le mois d’octobre, c’est plus de 400 personnes qui ont répondu à l’appel du collectif de salarié·es et manifesté devant les bureaux de Google à San Francisco en décembre dernier.

Tandis que plusieurs ex-salarié-es affirment auprès du Times avoir démissionné en raison de leur opposition au projet Nimbus, la conférence tenue à Manhattan en mars dernier par Barak Regev, directeur général de Google Israël, a été confrontée à l’intervention surprise l’un des salariés : « Je suis ingénieur logiciel Google Cloud, et je refuse de construire une technologie qui alimente le génocide, l’apartheid et la surveillance. » Une intervention qui a conduit trois jours plus tard à son licenciement.

Suite aux licenciements, les salarié·es mobilisé·es dénoncent la répression et annoncent poursuivre la lutte contre le projet Nimbus

Suite au licenciement de leurs collègues, dont certains n’étaient même pas présents lors du sit-in, les salarié·es du collectif « No Tech for Apatheid » dénoncent dans un communiqué la répression orchestrée par Google, qui, sous prétexte de « harcèlement », licencie les salarié·es qui prennent position contre le génocide en Palestine et les contrats passés par l’entreprise. Selon le collectif, les salarié·s « Palestiniens, arabes ou musulmans » sont ainsi particulièrement ciblés par Google.

Le communiqué pointe ainsi les « mensonges de Google envers ses salariés, les médias, et le public », alors même que « des informations rapportées par le TIME Magazine prouvent le contraire : Google a construit des outils sur mesure pour le ministère de la ‘Défense’ israélien, et a mis les bouchées doubles dans l’élaboration de contrats avec les forces d’occupation israéliennes depuis le début du génocide contre les Palestiniens à Gaza. » Et précisent que « Ces licenciements de masse, illégaux, ne nous arrêteront pas. […] Nous continueront à nous organiser jusqu’à ce que l’entreprises abandonne le Projet Nimbus et cesse d’alimenter ce génocide. »

Des salarié·es qui s’organisent contre la politique de leur entreprise et contre le génocide en Palestine : un exemple de lutte internationaliste

Dans leur communiqué, les salarié·es concluent : « La vérité est claire : Google est terrifié par nous. » De fait, la mobilisation des salarié·es est un exemple à ne surtout pas suivre pour Google, d’autant plus qu’au-delà du droit à soutenir la Palestine, les salarié·es du collectif revendiquent « le droit de savoir comment leur travail est utilisé, et d’avoir leur mot à dire pour faire en sorte que la technologie qu’ils fabriquent ne soit pas utilisée à mauvais escient. »

Une remise en cause de la toute-puissance de l’entreprise sur le travail de ses salariés, qui a de quoi faire peur au géant de la tech. Comme le pointe Left Voice, journal faisant partie du réseau international La Izquierda Diario, les travailleuses et travailleurs de Google, en organisant un sit-in dans les bureaux de leur direction et en arrêtant le travail « transmettent un message fort sur l’étendue des soutiens à la Palestine. Ils montrent aussi l’impact que les travailleuses et travailleurs ont sur leur lieu de travail, et l’importance d’y mener des actions sur des questions politiques, et pas seulement sur les questions économiques et matérielles de la vie de tous les jours. »

De fait, en s’organisant pour dénoncer le génocide en Palestine et pour mettre fin au projet Nimbus, les salarié·es de Google donnent un exemple de lutte internationaliste, et montrent comment les travailleuses et travailleurs peuvent lutter, au sein de leur entreprise et dans les pays qui, comme les États-Unis, sont les principaux soutiens du gouvernement Israélien. En 2018, la mobilisation des salarié·es de Google avait déjà conduit à l’abandon d’un contrat avec le Pentagon qui visait à améliorer l’intelligence artificielle pour permettre aux drones de mieux viser leurs cibles.

Cette fois, la réponse de Google a été beaucoup plus ferme. Le licenciement des salarié·es de Google intervient en effet dans un contexte où la répression du soutien à la Palestine se renforce aux États-Unis, avec la répression dans les universités, et notamment à Columbia. Alors qu’en France, le gouvernement criminalise aujourd’hui les travailleuses et travailleurs qui affichent leur soutien au peuple Palestinien, pour empêcher toute expression de solidarité et éviter qu’ils ne se mobilisent au sein de leurs entreprises, nous apportons tout notre soutien aux travailleuses et travailleurs de Google licenciés.


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