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Non aux méga-bassines !

15 mégabassines annulées : une victoire juridique et politique sur l’agro-industrie et le gouvernement

Ce mardi, une décision de justice annonçait l’annulation de 15 méga bassines en Nouvelle Aquitaine, notamment jugées « inadaptées aux effets du changement climatique ». Une première victoire pour le mouvement écologiste contre l’argumentaire des patrons de l’agro-industriel, après des mois de mobilisation et d’acharnement policier et judiciaire du gouvernement.

James Draoust

5 octobre 2023

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15 mégabassines annulées : une victoire juridique et politique sur l'agro-industrie et le gouvernement

Crédits photos : Manifestation à Sainte Soline contre les mégabassines / Unité CGT

 
Ce mardi 3 octobre, le tribunal administratif de Poitiers a rendu caduc la construction de 15 méga-bassines, réparties entre la Charente, la Charente-Maritime, les Deux-Sèvres et la Vienne, pour un volume total de 3 millions de mètre cube d’eau prélevée. Suite à un recours de plusieurs associations environnementales locales, en alliance avec UFC-Que-Choisir et la Confédération Paysanne, le tribunal de Poitiers a annulé deux arrêtés préfectoraux autorisant la construction de ces projets écocides. En plus de cette annulation, il a aussi mis à mal les arguments avancés par les défenseurs du projet, tant agro-industriels que gouvernementales. 
 
Analysant cette méthode d’irrigation agricole, les juges ont insisté sur l’irrationalité environnementale de ces réserves d’eau. Ils ont ainsi conclu que « le projet n’est pas associé à de réelles mesures d’économies d’eau et ne tient pas compte des effets prévisibles du changement climatique », jusqu’à pointer l’irresponsabilité de certaines autorités locales. Par exemple, les magistrats ont qualifié d’« erreur manifeste d’appréciation », la décision de construction des méga-bassines des 2 arrêtés préfectoraux de la préfète de la Vienne. Ces déclarations remettent en cause les tentatives de greenwashing de l’agro-industrie, des autorités et du gouvernement pour défendre les méga-bassines.
 

Une première victoire sur l’argumentaire des lobbys et du gouvernement

 
En effet, depuis le développement de projet de méga bassines, les autorités et les lobbys n’ont cessé d’avancer des arguments écologiques pour légitimer leur projets écocides.
 
Alors qu’une étude hydrologique HMUC (Hydrologie, Milieux Urbains, Climats) prouvait l’inefficacité du projet, la coopérative des irrigants du Res’eau Clain et le préfet de Vienne, défenseurs des méga-bassines, ont mené une campagne de décrédibilisation des résultats de l’étude. Les deux acteurs ont remis en cause l’étude qui insistaient sur le fait de réduire les quantités d’eau prélevés car « incompatibles avec l’alimentation en eau potable et la survie des milieux aquatiques et de leur biodiversité » comme l’explique le site internet Vienne Nature. Comme l’expliquait le journal Médiapart en juin dernier, le préfet de Viennes a été jusqu’à faire invalider cette étude. Dans le recours juridique, les arguments contre l’étude ont été balayés, considérant qu’en effet les volumes d’eaux prélevés seraient trop importants.
 
Cette décision de justice a été poussée par les mobilisations contre les méga bassines, à l’image de Sainte-Soline, demeurant d’ailleurs la plus grande crainte des institutions locales et du Rés’eau Clain. Bertrand Lamarche, président du Rés’eau Clain, expliquait que c’était la chose qu’il redoutait le plus après l’autorisation de construction : « Cela va être le départ d’une nouvelle aventure, la construction. En espérant que les opposants ne soient pas aussi virulents qu’à Sainte-Soline, parce que c’est la plus grande peur de nos adhérents. »
 
Bertrand Lamarche a aussi pu compter sur le soutien de plusieurs ministres pour réprimer et délégitimer ces mobilisations. Certains ont même été au cœur du soutien au projet dans les deux Sèvres, comme Marc Fresneau, ministre de l’agriculture : « Dès lors qu’on a des projets légaux et vertueux, il n’y a aucune raison de les entraver », ou encore Emmanuelle Borne : « Ce projet va permettre de réduire les prélèvements dans les milieux naturels, c’est un projet responsable qui lie la réalisation des réserves à des engagements environnementaux pris par les agriculteurs ». Un battage médiatique, combiné aux qualifications d’éco-terrorisme de Darmanin » et à la tentative de dissolution des Soulèvements de la Terre
 
Pour faire valoir cet argumentaire, les autorités n’ont reculé devant rien et cette première victoire a été arrachée par plusieurs mois de lutte du mouvement écologiste, marqués par une répression policière ultra-violente notamment à Sainte Soline, où 200 blessés et 2 personnes dans le coma étaient à dénombrer. Mais aussi par un acharnement judiciaire contre le collectif les Soulèvements de la terre à l’origine de ces mobilisations et les militants écologistes. Tentative de dissolution, perquisitions, garde à vue, emprisonnement de militants, l’arsenal judiciaire utilisé dans son entièreté, pour défendre les méga-bassines a été sans précédent
 

Une victoire juridique qui doit être un premier pas pour construire le rapport de force contre l’acharnement répressif

 
Cette première victoire juridique montre que la mobilisation des écologistes peut payer, et doit servir d’appui pour continuer la bataille contre la répression des militants écologistes et les projets écocides. Si le mouvement obtient aujourd’hui gain de cause sur 15 méga-bassines, cela ne doit pas cacher l’ensemble des projets écocides toujours en cours et le rôle actif joué par la justice contre la lutte écologiste.
 
D’autant plus que rien n’est encore assuré quant à l’avenir de ces réserves d’eau privées puisqu’il reste encore une quarantaine de projets de méga-bassines contestés selon Julien Le Guet, militant des Soulèvements de la Terre. D’autre pas car les sociétés productrices des bassines se sont engagées à faire appel et que le fonctionnement même de ces procédures juridiques particulièrement longues favorise l’avancement des chantiers plus que leur contestation. 
 
Contre toute illusion sur le rôle de la justice, acteur historique de la répression des écologistes, il s’agit de continuer de se mobiliser contre l’ensemble des projets écocides. Si les méga-bassines sont une des vitrine de la politique écocide et pro-patronale du gouvernement, de nombreux autres terrains de lutte s’ouvre avec cette rentrée, notamment autour du projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castre.

Par ailleurs, la bataille pour l’abandon des poursuites contre l’ensemble des militants du mouvement climat continue, alors que la rentrée a été marquée par le procès des organisateurs de la manifestation de Saint Soline, de douze militants d’Attac et d’Extinction Rebellion pour une action contre les jets privés, ou encore la poursuite de l’acharnement sur des militants écologistes identifiés, comme Loïc, une nouvelle fois convoqué par la police.


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