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Jeux de la honte

Jeux Olympiques : le budget explose pendant que le gouvernement prépare l’austérité

Alors que le gouvernement se prépare à des coupes austéritaires, les dépenses pour les Jeux de la honte n’en finissent pas de grimper. La facture pourrait s’élever à plus de 10 milliards d’euros, dont 3 à 5 milliards de dépenses publiques.

Raji Samuthiram

17 avril

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Jeux Olympiques : le budget explose pendant que le gouvernement prépare l'austérité

Crédit photo : capture d’écran Métropole du Grand Paris

Plus de 10 milliards d’euros. C’est la probable facture finale des Jeux olympiques. C’est aussi le niveau des nouvelles coupes budgétaires annoncés par Bercy en avril, sur fond de pression des agences de notation internationales à rendre la France plus attractive en imposant le « retour de l’austérité ». A l’heure où le gouvernement n’a que la dette à la bouche, les dépenses pour les JO de la honte n’ont pas fini de grimper.

Sur ces 10 milliards, près de 3 à 5 milliards sont de l’argent public, selon les projections avancées par le président de la Cour des comptes fin mars. Aujourd’hui, le budget s’élève à 9 milliards d’euros, dont plus de 2,4 milliards d’argent public. Ce chiffre ne compte pas encore certaines dépenses comme les primes de 1 900 euros aux policiers, dont 45 000 seront mobilisés rien que pour la cérémonie d’ouverture.

Dans le dossier de candidature initial, le budget prévu pour le Comité d’organisation des JO (financé à 96% par le privé) était de 3,2 milliards d’euros. En 2019, l’enveloppe s’élevait à 3,8 milliards. Celle-ci est passée à 4 milliards fin 2022, pour atteindre les 4,4 milliards aujourd’hui — avec quelques coups de pouce de l’État et des collectivités, qui, fin 2022, ont versés 111 millions d’euros. Une hausse justifiée par l’inflation que les travailleurs, eux, continuent évidemment de subir, alors que le gouvernement et le patronat refusent toujours des mesures comme l’augmentation des salaires et leur indexation sur l’inflation. L’État a également octroyé une garantie à hauteur de 3 milliards d’euros en cas de déficit.

Autre grand opérateur des JO, la Solideo, société de livraison des ouvrages olympiques, est partiellement financée par de l’argent public car elle se charge d’infrastructures censés être conservées après les Jeux. Son budget s’élève aujourd’hui à 4,4 milliards d’euros dont 1,8 milliards venant de deniers publics. C’est elle qui construit, par exemple, le Village Olympique, dont le financement s’élève à 646 millions (dont 542 de l’État), et qui devra être reconverti en logements mis sur le marché par la suite. Il s’agit d’un violent projet de gentrification, chassant des centaines de familles de leur logement et entraînant une hausse des prix général dans le quartier. Historiquement, les JO sont souvent été l’occasion pour l’État de « nettoyer » les quartiers populaires, processus qui a totalement vidé certaines zones de leurs habitants dans des grandes villes, comme à Athènes en 2004 ou encore à Londres en 2012.

Alors que le gouvernement se préoccupe de financer l’ultra-sécurisation et la chasse aux pauvres et aux immigrés au nom des JO, les habitants, eux, se préparent à payer des augmentations drastiques dans les transports (les tickets de métro passeront à 4€ contre 2,15€ aujourd’hui), et à subir une surveillance généralisée. Ce sont aussi les travailleurs sans-papiers surexploités sur les chantiers, ou encore les bénévoles qui devront travailler gratuitement jusqu’à 48 heures par semaine, qui paient le véritable coût des jeux. De leur côté, propriétaires et grandes entreprises peuvent se frotter les mains : Airbnb devrait générer 1 milliards d’euros de retombées, et les grands groupes de construction comme Bouygues et Vinci encaissent des profits monstres avec les travaux nécessaires aux nouvelles infrastructures.

A 100 jours des JO, alors que les dépenses s’envolent, les couacs s’accumulent dans les préparatifs. Après les ordinateurs volés contenant des informations sur les plans de sécurité des JO et les difficultés de recrutement obligeant Pôle emploi à se tourner des prestataires privés, c’est la cérémonie d’ouverture, prévue en grandes pompes sur la Seine, qui est maintenant remise en question, Macron ayant laissé entendre que celle-ci serait peut-être organisée selon un plan B au Stade de France.

Ces jeux de la honte cristallisent la politique du gouvernement actuel, qui, fragilisé par les crises, agite le spectre de la dette et de la guerre pour avancer son agenda de casse sociale et de répression, tout en tentant de redorer son image à l’international, et surtout, sans toucher aux aides et aux profits du patronat. Alors que la CGT vient de déposer un préavis de grève dans la fonction publique allant jusqu’au 15 septembre, celui-ci pourrait servir de tremplin pour la colère générale, malgré les réticences des directions syndicales à combattre franchement les offensives en cours. A rebours d’une logique de dialogue social avec un gouvernement qui veut imposer la misère, c’est la construction un mouvement d’ampleur dans la rue qui pourrait réellement le mettre en échec.


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