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Génocide à Gaza. Les données de WhatsApp utilisées pour assassiner les Palestiniens

Paul Biggar, fondateur de Techforpalestine dénonce l’utilisation des données de Whatsapp par l’IA Lavender, utilisée par Tsahal pour organiser le ciblage et l’assassinat de milliers de Palestiniens.

Adan Obu

3 mai

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Génocide à Gaza. Les données de WhatsApp utilisées pour assassiner les Palestiniens

Crédit photo : CC BY-NC - NTB

En avril dernier, +972mag révélait l’existence de Lavender, un système permettant de générer des cibles palestiniennes à partir des données obtenues par la surveillance de masse des 2,3 millions d’habitants de la bande de Gaza. Les personnes figurant sur cette liste, qui a pu s’élever à 37 000, sont ensuite localisées et suivies. Lorsqu’elles rentrent à leur domicile, Israël les bombarde avec leur famille quasiment sans supervision humaine. Le système permettant d’effectuer la localisation et le suivi a reçu pour nom sordide « Where’s Daddy ».

D’après ce que nous comprenons de l’enquête de +972mag publiée le 3 avril, Lavender fonctionne comme un algorithme de recommandation de contenu. Sur la base des traces numériques des membres présumés de la branche militaire du Hamas, Lavender assigne un score de similarité à tous les Palestiniens. Si le score dépasse un certain seuil variable, le nom du palestinien passe dans la « kill-list ». Dans son enquête, +972mag explique qu’une partie des données utilisées par Lavender proviendrait de l’application de messagerie Whatsapp.

Une information sur laquelle Paul Biggar, ingénieur et fondateur de techforpalestine, revient dans un article intitulé Meta and Lavender. L’ingénieur note que ces révélations entrent en contradiction avec le fait que « Meta fasse la promotion de WhatsApp comme étant un réseau social « privé », incluant un chiffrement de bout-en-bout des messages ». Paul Biggar a interpellé publiquement Meta sur ce sujet le 16 avril dernier. Le 18 avril, Middle East Monitor relaie les interrogations de Paul Biggar auprès d’un représentant de Meta qui leur répond le 19 avril : « Nous ne savons pas si ces rapports sont exacts. »

Interrogé par Révolution Permanente, Paul Biggar estime que cette réponse n’est pas satisfaisante : « Ils ne le prennent pas au sérieux. Ils auraient dû lancer une enquête interne massive. » Dans sa réponse à Middle East Monitor, le représentant de Meta affirmait : « Il n’y pas de porte dérobée dans Whatsapp ». Une réponse totalement insatisfaisante pour Paul Biggar qui note : « Le fait qu’il n’y ait pas de porte dérobée ne signifie pas qu’il n’y ait pas de vulnérabilité. »

Comment Lavender aurait-t-il pu accéder aux données des utilisateurs de Whatsapp ? Paul Biggar souligne dans son article que « Le Chief Information Security Officer de Meta, Guy Rosen, est leur décideur politique le plus sénior. Il est Israëlien, vit à Tel Aviv et était dans l’unité 8200. L’unité 8200 est la NSA Israélienne et est le département qui a construit et opère Lavender ». Guy Rosen est aussi le fondateur de Onavo, l’application d’analytique mobile rachetée par Facebook pour espionner ses compétiteurs (Onavo proposait un service de VPN, Onavo Protect, censé garantir la vie privée mais qui collectait les données venant des autres applications avant leur chiffrement). Meta joue par ailleurs un premier rôle dans la censure du contenu pro-palestinien et participe à la diffusion de l’amalgame entre antisionisme et antisémitsme.

Autre scénario, celui d’une fuite de données depuis Meta. A ce propos, Paul Biggar explique auprès de RP que « s’il y avait une fuite de données provenant d’un individu, cela pourrait venir de plus bas dans la hiérarchie car il y aurait au moins 50 employés qui étaient auparavant dans les renseignements Israéliens ». D’autres hypothèses permettent d’expliquer la présence de ces données, selon Paul Biggar : « Si quelqu’un contrôle le fournisseur d’accès à internet, il pourrait y avoir une vulnérabilité. C’est une spéculation. Il pourrait aussi y avoir quelque chose comme Pegasus [Un spyware créé par l’entreprise israélienne NSO Group] qui inspecterait les téléphones infectés des Palestiniens. »

Qu’il s’agisse d’une politique active de collaboration avec Tsahal ou d’une négligence aux conséquences gravissimes, pour Paul Biggar : « on est au-delà de l’obscène et cela rend Meta complice de l’assassinat par Israël de cibles « pré-criminelles » et de leur famille, en violation du droit international et de l’engagement public de Meta vis-à-vis des droits de l’homme. »

Cette possible complicité fait écho à celle des autres GAFAM. Ainsi, avec le projet Nimbus, Google Cloud et Amazon Web Services ont noué un contrat de 1.2 milliard de dollars avec le gouvernement Israélien pour la mise en place d’une infrastructure Cloud et de services liés à l’intelligence artificielle à des fins militaires. Par ailleurs, Google Photos a été utilisé pour la reconnaissance des visages des Palestiniens. 50 travailleurs ont été licenciés pour s’être opposés à la complicité de Google avec l’État d’Israël.

Comme le montre le collectif NO TECH FOR APARTHEID, Apple n’est pas en reste et a financé des organisations qui construisent des habitations illégales dans les territoires occupés, collaboré avec ADL, l’Anti-defamation League, une ONG pro-israélienne qui référence les actes antisionistes en les faisant passer pour des actes antisémites et licencié des employés Palestiniens.

Pour Paul Biggar, Lavender représente une « automatisation du génocide » et les parties derrière le projet Nimbus sont celles qui « vendent l’automatisation ». Parce que « l’IA est chère à utiliser, […] Israël a besoin de beaucoup de GPU, de beaucoup d’ordinateurs. […] Peu de compagnies peuvent mettre cela en place correctement. Si ces compagnies refusaient de travailler avec Israël cela pourrait infléchir le génocide ». La résistance des travailleurs pourrait ainsi avoir des conséquences importantes pour la guerre coloniale à Gaza. En ce sens, il est fondamental que les travailleurs de Meta et des autres entreprises complices se mobilisent, à l’image des travailleurs de Google, et exigent la cessation immédiate de toute collaboration avec l’État d’Israël.


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