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La lutte jusqu’à la victoire

Calomnies contre le mouvement à Emmaüs Grande-Synthe : les grévistes répondent à la direction !

Plus de trois semaines après le début de la grève sur le site d’Emmaüs à Grande-Synthe, près de Dunkerque, les compagnons en lutte font face à une direction qui multiplie les calomnies à leur encontre avec le relai complaisant de la Voix du Nord.

Boris Lefebvre

20 septembre 2023

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Calomnies contre le mouvement à Emmaüs Grande-Synthe : les grévistes répondent à la direction !

Crédits Photo : Révolution Permanente

Blocage d’Emmaüs : « 21 personnes mettent en danger le travail de 130 ». Avec ce titre, La Voix du Nord a clairement choisi son camp dans le traitement du conflit et de la grève que mènent les compagnons sans-papiers de la communauté Emmaüs de Grande-Synthe, près de Dunkerque ce lundi. Ne donnant pas la parole aux grévistes, qui bloquent les entrées du site depuis plus de trois semaines, mais uniquement aux personnels d’administration du site contre lesquels les compagnons sont vent debout, la partialité dans le traitement de la situation n’étouffe pas le quotidien régional.

« Quand on est traitée de raciste, d’esclavagiste, c’est dur », confie notamment Lydie Ahmed-Lemoine, directrice du site Emmaüs Grande-Synthe, au journal. Mais il faut rappeler que les compagnons de la communauté sont payés seulement 392 euros par mois pour 35h de travail hebdomadaire et que leur lutte a commencé parce que la direction ne leur versait pas l’intégralité de cette somme. Il faut aussi rappeler les brimades que les compagnons racontent sur le piquet : les reproches de détournements de la communauté quand ils envoient à leur famille des objets qu’ils ont acheté grâce à leur travail, les renvois secs quand certains demandent où en est l’état d’avancement de leur dossier de régularisation.

Certains compagnons sans-papiers sont présents depuis quatre, cinq ou six ans sans avoir été régularisés alors qu’on leur promet de l’être au bout de trois ans. Passer sous silence ces faits et plaindre la direction, c’est tout simplement mépriser le combat pour la dignité des sans-papiers qui de Saint-André-lez-Lille à Tourcoing et Grande-Synthe ont décidé de relever la tête face à des pratiques d’un autre âge.

La Voix du Nord apporte même le témoignage suivant, de la part du président d’Emmaüs Dunkerque : « La mère d’une compagne a une allocation de 130 € alors qu’elle est nourrie, logée et blanchie sans la moindre heure de travail en contrepartie ». Un propos visant à souligner la prétendue générosité de la direction face à l’ingratitude des compagnons sans-papiers grévistes. Mais si l’on en croit Christelle Veignie, secrétaire générale de l’UL CGT Dunkerque, sur sa page Facebook, cette dame serait en réalité « âgée de 78 ans » et « travaille à la lingerie voire même la nuit » alors qu’elle a « aujourd’hui des problèmes de santé ». Là encore, La Voix du Nord sert la soupe à une direction qui ne recule devant aucun mensonge pour défendre son cas désespéré.

Les compagnons sur place dénoncent les propos rapportés dans l’article de La Voix du Nord, contre lequel ils sont remontés. Fode, compagnons gréviste sans-papiers, déclare à propos de l’article : « Cet article c’est archi-faux. Nous, on n’a pas empêché un seul compagnon de sortir. Ici, nous ne sommes pas en lutte contre les compagnons mais contre la direction et le système mis en place ». Aux accusations de menaces contre les compagnons non-grévistes, il répond : « Nous, on ne peut pas mettre d’autres compagnons dehors. Mais ceux qui soutiennent la direction veulent qu’elle nous mette dehors. S’ils disent qu’ils sont menacés, c’est faux car c’est nous qui sommes menacés. Il n’y a pas la police derrière eux, mais derrière nous si. Il n’y a pas les huissiers de justice derrière eux, mais derrière nous si. Leurs noms ne sont pas au palais de justice, mais les nôtres si. Leurs noms ne sont pas à la préfecture, mais les nôtres si. Eux, ils dorment bien, il mangent bien, mais nous dès qu’on entre dans nos chambres notre cœur bat car on ne sait pas ce qui va se passer demain ».

Le président de l’association Emmaüs Dunkerque, Jean-Pierre Wexsteen, cherche également à calomnier les sans-papiers grévistes en mettant en avant que « l’aide alimentaire donnée aux migrants et à 500 familles dans le besoin est en danger ». Amara Lamine Soumah, porte-parole des compagnons grévistes, l’assure : « Il n’y a aucun blocage sur les denrées pour les migrants dans les camps [de Grande-Synthe]. […] Jusqu’à présent, les associations, la banque alimentaire, Salam... tout ce qui est humanitaire, on le laisse passer. Rien n’a été refusé ici ! ».

Si la situation est bloquée, et si l’aide que la communauté d’Emmaüs Grande-Synthe apporte aux migrants est mise en danger, c’est avant toute chose la responsabilité du CA d’Emmaüs et de sa présidente. Comme le rappelle Amara Lamine Soumah : « Elle n’a jamais voulu négocier. Elle n’a jamais voulu entendre. Elle dit "Emmaüs ne peut rien contre moi. Je suis indépendant. On n’a pas de leçon à recevoir d’eux". […] Elle veut coûte que coûte nous mettre dehors ». Preuve en est, jeudi dernier « le CA d’Emmaüs Grande-Synthe » a convoqué les compagnons sans-papiers grévistes « avec une possibilité de les exclure d’Emmaüs et de leur statut OACAS, ce qui veut dire les renvoyer dans la rue », comme le rappelle Christelle Veignie, secrétaire générale de l’UL CGT Dunkerque au micro de Delta FM.

Ce vendredi, le président d’Emmaüs Dunkerque, Jean-Pierre Wexsteen, est convoqué devant la justice pour répondre aux accusations de maltraitances contre les compagnons sans-papiers grévistes. Bien qu’il revendique dans un courrier signé de son nom et du CA d’Emmaüs Grande-Synthe avoir toujours voulu aider les sans-papiers, il s’en prend également à Emmaüs France et à son président, Antoine Sueur, qui a choisi de se ranger au côté de la CGT, qualifiée pour le coup de « minorité agissante », car elle menacerait « nos existences » et qu’elle voudrait « remettre en cause le statut OACAS ». Rien de plus faux ! La CGT soutient la régularisation des sans-papiers et sera à leur côté jusqu’au bout et y compris devant le tribunal où, comme le rappelle Christelle Veignie, la direction locale de Emmaüs est poursuivie pour « entrave au droit de grève des travailleurs ». Soutien aux grévistes sans-papiers d’Emmaüs Grande-Synthe !


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