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Mayotte

A Mayotte, des profs, soignants, avocats et magistrats alertent sur l’opération Wuambushu et s’organisent

A Mayotte, des enseignants, des soignants, des avocats ou des magistrats ainsi que des organisations comme la CGT Éduc’action, le Syndicat des avocats de France ou le Syndicat de la magistrature alertent dans un communiqué sur les conséquences graves de l’opération Wuambushu.

Gabriel Ichen

22 avril 2023

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A Mayotte, des profs, soignants, avocats et magistrats alertent sur l'opération Wuambushu et s'organisent

Crédits photo : Daniel Gros

Récemment confirmée par Darmanin, l’opération militaro-policière « Wuambushu » se prépare à Mayotte et devrait démarrer ce lundi 24 avril. Elle prévoit d’expulser massivement des immigrés sans-papiers, en grande partie des Comoriens, ainsi que de détruire des quartiers entiers sous prétexte de lutte contre « les bidonvilles ».

Un communiqué interprofessionnel pour dénoncer l’opération Wuambushu

Ce samedi 22 avril, un collectif interprofessionnel composé d’enseignants, de soignants, d’avocats et de magistrats de Mayotte a publié un communiqué pour alerter sur les conséquences graves de cette opération militaire. Dans ce communiqué, le syndicat de la magistrature, le syndicat des avocats de France, la CGT éduc’action Mayotte, le collectif « Ra Hachiri pour nos élèves », le collectif des soignants engagés de Mayotte, l’association « JAM NEFPE » (jeunes à Mayotte nés en France de parents étrangers), « répètent leur inquiétude au sujet de cette opération ».

Ils dénoncent une « stratégie délibérée de désinformation de la population et des acteurs locaux par un exécutif qui s’apprête à déployer un dispositif d’envergure de nature militaire sur son territoire ». En effet, « Wuambushu » est appuyée idéologiquement par une importante propagande du gouvernement et des politiciens locaux qui justifie l’opération par toute une série d’arguments xénophobes et sécuritaires, mettant toute la situation sociale dramatique de l’Île sur le dos des jeunes immigrés, notamment Comoriens. Fidèle à la propagande coloniale utilisée par l’État français pour justifier ses opérations militaires, Darmanin a même récemment été jusqu’à invoquer le « péril islamiste » venu des Comores.

Mais cette opération violente ne fera que plonger davantage la population de l’île dans la précarité, mettant à la rue des milliers de familles et expulser des immigrés qui fuient la misère dont des lycéens qui doivent passer des épreuves du baccalauréat. Cela aggravera toujours plus la situation de l’Île où presque 80% de la population, mahoraise comprise, vit sous le seuil de pauvreté, sans résoudre les éléments structurels qui fondent la situation actuelle.

Dans ce cadre, ces enseignants, soignants, avocats et magistrats affirment leur volonté de pouvoir « poursuivre, dans ce contexte, la mise en œuvre des missions de service public qui nous incombent » et se mobilisent pour organiser « une campagne d’information par la diffusion d’affiches rappelant les droits des personnes visées par cette opération, qu’elles soient françaises ou étrangères », visant à « guider les populations les plus fragiles dans l’exercice de leurs droits, à l’heure où nombreux sont ceux qui les ignorent ».

Une dénonciation qui ne plaît pas : des membres du collectif intimidés

Mais cette campagne visant essentiellement à rappeler aux habitants et aux immigrés leurs droits ne plaît pas à l’État et aux politiciens locaux, qui cherchent à museler les voix qui alertent sur cette opération militaire. François*, enseignant à Mayotte, explique avoir été intimidé avec certains de ses collègues par les gendarmes alors qu’il distribuait des fiches informatives sur l’opération à destination de ses élèves devant son lycée.

« Nous avons subi un contrôle de police effectué par quatre gendarmes surarmés venus spécialement pour nous (prévenus par leur collègue qui nous avait demandé un tract en passant). Nous avons eu droit à un interrogatoire en règle, ils cherchaient vraiment les noms des organisateurs du collectif et voulaient tout savoir » raconte-t-il. Une intimidation policière contre ces enseignants qui s’organisent aujourd’hui pour leurs élèves et pour dénoncer « Wuambushu » qui montre que le gouvernement et ses relais locaux sont conscients de la violence de cette opération et souhaitent la mener à bien sans la moindre opposition et en toute discrétion.

En effet, l’opération qui vise à détruire des quartiers entiers et à expulser militairement une partie de la population de Mayotte aura forcément pour conséquences d’importantes violences contre les personnes qui pourraient indigner largement et au-delà de l’île. D’où les attaques virulentes de l’une des principales promotrices locales de l’opération, la députée Estelle Youssoufa, contre des associations et ONG qui se sont prononcés contre l’opération de « droits de l’hommiste ».

Le communiqué interprofessionnel :


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