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Free Palestine

800.000 manifestants pour Gaza à Londres : une gifle pour le gouvernement et le Parti travailliste

Une mobilisation massive malgré le soutien inconditionnel du gouvernement conservateur britannique, mais aussi de la direction du Parti travailliste, à Israël.

Sayf Zalil

12 novembre 2023

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800.000 manifestants pour Gaza à Londres : une gifle pour le gouvernement et le Parti travailliste

Les images de Londres ce samedi 11 novembre sont impressionnantes. Selon les organisateurs, plus de 800.000 personnes sont sorties dans les rues manifester en solidarité avec le peuple palestinien. Un mois après le début de l’offensive israélienne contre Gaza, il s’agit de la plus grande manifestation de solidarité qui a eu lieu en Europe. Une démonstration de solidarité internationale que beaucoup ont comparé à la manifestation monstre contre la guerre en Irak du 15 février 2003.

Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, avait pourtant fait part de sa volonté d’interdire la manifestation. En effet, le chef de l’exécutif avait déclaré quelques jours plus tôt que manifester le même jour que l’anniversaire de l’Armistice de la Première Guerre Mondiale relèverait de « la provocation » et du « manque de respect ». Sa ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, avait quant à elle qualifié la manifestation de « marche de la haine ».

Le gouvernement britannique issu du Parti conservateur (Tory) a donc pris fait et cause pour l’Etat israélien et le gouvernement Netanyahou. En visite à Tel Aviv le 19 octobre dernier, Rishi Sunak avait ainsi déclaré : « Vous n’avez pas seulement le droit, vous avez le devoir de rétablir la sécurité de votre pays », légitimant ainsi les bombardements et l’opération militaire contre Gaza. A titre d’exemple, un parlementaire nommé assistant ministériel a été démis de ses fonctions gouvernementales fin octobre, après avoir écrit une lettre au Premier ministre dans laquelle il plaidait pour un cessez-le-feu.

Malgré ces intimidations, la masse témoigne de la solidarité croissante avec la Palestine au Royaume-Uni, qui met dans la rue de très nombreux jeunes et travailleurs. Les déclarations des membres du gouvernement n’ont cependant pas été sans effet puisque des groupes de militants d’extrême-droite arborant des drapeaux anglais ont tenté d’attaquer la manifestation, non loin du Cénotaphe de Whitehall, le monument aux morts qui rend hommage aux soldats tués pendant le Première Guerre Mondiale.

Le journal d’extrême-gauche britannique Socialist Worker relate que les manifestants ont également ciblé Keir Starmer, le leader du Parti travailliste (Labor), principal parti d’opposition de gauche au gouvernement, en l’accusant de complicité avec Israël au même titre que Rishi Sunak et Joe Biden. Interrogé le 11 octobre dernier sur la radio LBC concernant le blocus israélien contre Gaza et notamment le blocage d’approvisionnement en eau et en électricité, Keir Starmer avait répondu : « Israël a le droit de se défendre ».

Cette prise de position a notamment causé des remous en interne du Parti travailliste, avec une cascade de démissions de cadres de l’organisation. Elle s’inscrit toutefois dans la longue histoire de trahison et de collaboration du Parti travailliste avec les crimes impérialistes, à l’instar de la politique menée par Tony Blair en faveur des interventions militaires en Afghanistan puis en Irak.

Comme en France, ces prises de position du gouvernement conservateur ou de la direction du Labour répondent tant à la nécessité de défendre les intérêts des puissances impérialistes au Moyen-Orient dont l’Etat d’Israël est le garant, qu’à l’agenda islamophobe et sécuritaire déployé pour stigmatiser, diviser et réprimer les classes populaires, dont un bon nombre sont issues de l’immigration post-coloniale. Mais en descendant aussi massivement dans les rues londoniennes en solidarité avec le peuple Palestinien, les manifestants ont infligé une claque à la fois au gouvernement de droite, à l’extrême-droite, et à la direction du Parti travailliste qui soutient l’offensive israélienne contre Gaza.

Ils démontrent que face à la complicité des gouvernements occidentaux et d’une partie de la gauche institutionnelle avec les crimes coloniaux commis par Tsahal en Palestine, il est nécessaire d’organiser la solidarité à la base, pour construire la riposte le plus large possible dans la rue et s’opposer aux politiques impérialistes par les méthodes de la lutte des classes.


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