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Après la répression policière

Répression judiciaire : 5 opposants aux méga-bassines jugés ce 28 novembre

Ce 28 novembre se tiendra à Niort le procès de 5 manifestants ayant participé aux mobilisations lourdement réprimées contre les méga-bassines à Sainte Soline. Alors que le gouvernement mène une offensive sécuritaire et répressive à l’encontre des militants écologistes, rendez-vous à la même date devant le tribunal pour un rassemblement de solidarité.

Seb Nanzhel

24 novembre 2022

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Crédits photo : AFP/Pascal Lachenaud

La répression à l’encontre des opposants aux méga-bassines qui ont manifesté à Sainte Soline se poursuit. Après avoir réprimé physiquement les militants, l’Etat les attaque également sur le terrain judiciaire. Ce 28 novembre se tiendra le procès de cinq d’entre eux à Niort. Un rassemblement de soutien est appelé par différentes organisations, dont Les Soulèvements de la Terre et le collectif Bassines Non Merci.

Le procureur et l’Etat sur le pont pour faire taire les opposants aux méga-bassines

Les 5 manifestants seront jugés pour « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou de dégradations de biens ». Autrement dit, ils seront jugés pour leur simple participation à la manifestation. Cette infraction particulièrement vague est en effet un pretexte depuis 2016 et les mouvements contre la Loi Travail pour réprimer les mouvements sociaux. Elle avait été utilisée massivement contre les Gilets Jaunes.

Interpellés pendant la manifestation, les militants inculpés avaient obtenu en comparution immédiate le 31 octobre le report de leur procès. Au cours de cette première audience, qui s’est déroulée dans un tribunal de Niort barricadé, encerclé par les CRS, le procureur a distillé des éléments de langage fidèles à la rhétorique gouvernementale de criminalisation des manifestants.

Comme le rapporte La Nouvelle République, il a ainsi pointé « la radicalisation d’un mouvement », l’apparition de « noyaux de plus en plus durs » ainsi que le « climat de peur » que « distillent » ces éléments. Dans la droite lignée de Darmanin et de son accusation en « éco-terrorisme », cet argumentaire sécuritaire ne sert qu’à justifier une répression toujours plus forte à l’encontre des manifestants. Comme l’explique l’avocate des manifestants, « Quand on voit 1.500 gendarmes, 8 hélicoptères déployés, le nombre de tirs... Je me demande de quel côté se situent le terrorisme et la terreur ! […] Avec les moyens déployés, les 1.500 gendarmes mobilisés, plus d’un million d’euros ont été dépensés pour réprimer des manifestants »

Cette répression judiciaire va de pair avec la répression physique des manifestants, dans le but de faire taire toute contestation vis-à-vis des projets de méga-bassines. Une volonté qu’a d’ailleurs mise en avant le procureur : « Cette spirale, c’est à moi qu’il appartient d’y mettre un terme ». Il n’a pas caché l’arbitraire de ces arrestations, assumant que les inculpés « sont ceux qu’on a pu interpeller », et sa volonté d’en faire des exemples : « Le message de ces comparutions immédiates est très simple : nous organiserons des déferrements systématiques ».

Une offensive contre le mouvement écologiste

Ce procès s’ancre dans une dynamique plus large de répression judiciaire à l’encontre des opposants aux méga-bassines. Une répression qui prend différentes formes. Des amendes ont été distribuées massivement aux manifestants. Comme le rapportait Médiapart le 15 Novembre, une enquête vise actuellement l’organisation de la manifestation, et plusieurs sont en cours sur les affrontements qui ont eu lieu avec les forces de répression. Également, toujours selon Médiapart, « Depuis la semaine dernière, des convocations en audition libre visant des membres de « Bassines non merci » ont lieu pratiquement tous les jours, selon des sources militantes. »

D’autres procès en lien avec la lutte contre les méga-bassines auront également lieu les 5 et 6 janvier 2023. Une répression judiciaire d’ampleur, que l’Etat a prévu d’étendre et de généraliser. Dans une circulaire datée du 9 novembre, le ministre de la Justice Dupond-Moretti appelait en effet les parquets à « une réponse pénale systématique et rapide » contre les militants s’opposants aux « projets d’aménagement du territoire ».

Ce climat sécuritaire et la criminalisation des opposants aux méga-bassines mis en place par l’Etat nourrit également une autre forme de violence. Le vendredi 18 novembre, un membre du collectif Bassines Non Merci était agressé et sérieusement blessé devant son domicile en représailles de son activité militante, selon un communiqué du collectif.

La répression contre les manifestants de Sainte Soline est la pointe avancée d’un phénomène plus large de répression de l’intégralité du mouvement climat. Dans cette fuite en avant sécuritaire, le gouvernement désigne maintenant la désobéissance civile comme une « antichambre du séparatisme ».

Contre la répression des militants de Sainte Soline, et plus généralement contre l’offensive sécuritaire qui frappe le mouvement climat, rendez-vous le 28 novembre à midi à Niort à 12h devant le tribunal judiciaire, pour un rassemblement de solidarité avec les inculpés.


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