Edit mardi 24/01 à 11h15 : Le Monde affirme ce matin que l’arme du SDF était factice tandis que « d’après les premiers éléments collectés, il ne semble pas (…) que les policiers aient été verbalement menacés. »

Une patrouille policière qui finit par la mort d’un homme sans-abri. Ce dimanche soir, un homme sans-abri de 49 ans a été tué par la police près de la place de la République. L’AFP rapporte que les policiers affirment que le sans-abri avait une arme de poing qu’il aurait pointé sur ceux, ce qui justifierait de l’avoir abattu de 4 tirs d’après une source de 20 Minutes.

Une enquête a été ouverte pour « tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique » pour déterminer les intentions et les actes de la victime. Une deuxième enquête concerne les policiers et sera menée par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), spécialisée dans le blanchiment des policiers. Il s’agira de déterminer si le meurtre commis par les policiers relève de la légitime défense, qui est régulièrement invoquée dans les affaires des violences policières pour exonérer les forces de l’ordre de toute responsabilité.

De tels drames, où la police tue des sans-abris, surviennent régulièrement. Sans logement, condamnés à la rue par la précarité et le chômage, victimes des addictions et des maladies mentales, ces derniers sont la cible privilégiée d’agressions et de harcèlement de la part de la police. En 2019, à Menton (Alpes-Maritimes) un policier avait ainsi tiré deux fois sur un sans-abri qui cherchait à se suicider avec un couteau. Si l’IGPN a été également saisie à l’époque pour étudier la légitimité des actions de la police, l’enquête n’a pas eu de suites.

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En 2020, Gérald Darmanin et Anne Hidalgo saluaient l’action de trois policiers qui avaient tué un homme sans-abris armé d’une barre de fer, tandis qu’en 2022, à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, la police aux frontières tuait Garry Régis-Luce, un homme sans-abri de 32 ans originaire de Martinique qui habitait à l’aéroport depuis des années.

Les policiers qui étaient quatre face à l’homme brandissant un couteau ont invoqué la « légitime défense » pour justifier le tir meurtrier dans l’abdomen. L’IGPN avait été saisie immédiatement après l’incident mais le parquet de Bobigny indiquait à Mediapart à l’époque privilégier la thèse de la « légitime défense ».

On apprend qu'il s'agissait d'un SDF (comme il y en a bcp à CDG), probablement en détresse psychologique, et que ce "sang froid" c'est un tir à l'abdomen.
Une folie la violence qui se banalise comme ça dans la société : ils ont tué un SDF en plein aéroport. https://t.co/ta0SyolsBW

— Philippe Alcoy (@PhilippeAlcoy) August 10, 2022

On le voit, les meurtres des hommes sans-abris par la police en France sont une routine. Une dépêche de l’AFP basée sur des sources policières, une enquête de l’IGPN qui finit par donner raison aux policiers sur la « légitime défense », l’oubli. Poussés dans la rue et sombrant dans l’extrême pauvreté à coup des reformes anti-sociales et du racisme systémique, les SDF sont dans le viseur permanent des policiers. Ces meurtres ne font pas débat en France car les victimes sont marginalisées et déshumanisées et n’ont personne pour les défendre. Le seul fait d’avoir l’air menaçant semble suffire à justifier la condamnation à la mort de ces hommes.