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Dictature Patronale

Démissions chez Twitter : l’offensive contre les travailleurs continue, la plateforme en danger ?

Ce vendredi le réseau social est animé par une rumeur : suite aux annonces d’Elon Musk et à une vague de démission des salariés, Twitter pourrait disparaitre dans les prochains jours. Le scénario reste à l’heure actuelle peu probable, mais l'inquiétude traduit la peur suscitée chez les utilisateurs de la plateforme par la politique désastreuse de Musk dont les travailleurs de Twitter paient les conséquences.

Antoine Weil

18 novembre 2022

Facebook Twitter

La rumeur gonfle depuis ce matin sur le réseau social : Twitter pourrait fermer ce week-end. Elon Musk, le nouveau propriétaire de la plateforme, a en effet lancé mercredi un ultimatum à ses salariés, ces derniers devant accepter de « travailler de longues heures à haute intensité » « pour bâtir un Twitter 2.0 révolutionnaire et réussir dans un monde de plus en plus concurrentiel », et renoncer au télétravail, ou bien quitter l’entreprise.

Devant la pression managériale intense imposée par le nouveau dirigeant de l’entreprise, qui a également annoncé un renforcement du contrôle des travailleurs avec des évaluations dures, si bien que « seule une performance exceptionnelle vaudra une note suffisante », un grand nombre d’entre eux a finalement choisi de partir de Twitter. Des départs contraints, qui viennent s’ajouter aux licenciements décidés par Elon Musk, qui avait limogé la moitié des salariés en novembre. The Guardian fait état de centaines de salariés démissionnaires, alors que les salariés eux-même estiment que plus de 50% d’entre eux devraient quitter l’entreprise très prochainement.

Devant l’ampleur de la vague de démission et de ses conséquences médiatiques, Elon Musk a fermé tout accès au siège de l’entreprise à San Fransisco jusqu’à lundi. Une situation dont ont profité certains pour projeter sur la façade du site des messages ridiculisant Musk et dénonçant sa gestion brutale. Le départ massif de travailleurs qui assuraient le fonctionnement du site fait par ailleurs peser la menace de lourds dysfonctionnements, problèmes techniques et bugs à répétions. Une situation qui a rapidement donné lieu à la rumeur d’une fermeture à venir du site, avec le hashtag #RIPTwitter en tendance dans le monde depuis ce matin.

Un tel scénario ne devrait cependant pas se produire dans l’immédiat, et il est probable que le milliardaire ne va pas renoncer brutalement à la société acquise il y a quelques semaines pour 44 milliards d’euros. D’après des journalistes spécialisés dans les nouvelles technologies, on s’acheminerait plutôt vers une vente au rabais de l’entreprise après vraisemblablement une série de dysfonctionnement à venir dans les prochaines semaines, pour ce qui est déjà une débâcle pour Elon Musk.

La récente vague de démission intervient en effet après plusieurs échecs d’Elon Musk, qui a notamment lancé la certification payante - n’importe quel utilisateur de la plateforme pouvant être reconnu comme un compte officiel en échange de 8 dollars par mois- ce qui a donné lieu à un déluge de fausses informations, contraignant l’entreprise à revenir en arrière. Le rachat de twitter s’est également accompagné de licenciements massifs. Le patron, qui dispute à Jeff Bezos le titre d’homme le plus riche du monde, avait en effet annoncé le licenciement de plus de la moitié des 7000 employés dans la foulée de son rachat. Ces derniers avaient appris la nouvelle par mail, certains constatant même leur licenciement devant l’impossibilité de se connecter aux outils numériques de l’entreprise.

Au-delà des déboires de Twitter et d’Elon Musk, les licenciements et démissions marquent plus largement une importante crise de la tech et des géants de la Silicon Valley. En même temps que Twitter, Meta (groupe détenu par Mark Zuckerberg rassemblant entres autres Facebook, Messenger, WhatsApp et Instagram) a annoncé la suppression de 11 000 emplois dans le monde, soit 13% des effectifs de la multinationale.

Une crise qui répond en partie au resserrement monétaire des banques centrales et à un début d’éclatement de la bulle spéculative qui entourait ces entreprises. La valeur des géants du numérique a en effet longtemps été gonflée par les marchés financiers, ainsi au summum de sa valorisation boursière pendant la pandémie - 700 milliards de dollars- Tesla, détenue par Elon Musk, faisait mieux que les 11 plus grosses entreprises automobiles réunies, alors qu’elle ne vendait que 500 000 automobiles en 2020.

Si la fermeture de la plateforme ne devrait pas être pour tout de suite, ce nouvel épisode de la calamiteuse et violente reprise de Twitter par Musk illustre bien que face à l’instabilité économique que traversent tous les secteurs, dont les géants du numérique, le patronat n’a prévu de s’en sortir qu’en mettant toujours plus la pression sur le dos des salariés.

La violence qu’Elon Musk réussit à déchainer contre les salariés d’une des plus grandes plateformes au monde, au point que la question se pose de savoir si la plateforme ne vas pas plier bagage avec eux, nous ramène une de fois à poser la question fondamentale du pouvoir que procure la propriété capitaliste. Ici comme ailleurs, c’est aux travailleurs et aux usagers de reprendre le contrôle d’une entreprise dont ils sont tout et lui n’est rien.


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