Déclaration

Aucune coalition socialo-réformo-écolo ne nous sauvera : pour un parti révolutionnaire d’indépendance de classe

Klasse Gegen Klasse

Aucune coalition socialo-réformo-écolo ne nous sauvera : pour un parti révolutionnaire d’indépendance de classe

Klasse Gegen Klasse

Ceci est l’appel rédigé par le comité de rédaction de nos camarades allemands de Klasse Gegen Klasse, qui appartient au réseau de presse international auquel appartient Révolution permanente. Il qui s’adresse largement aux militants et aux organisations anticapitalistes.

A l’occasion du 1er mai de cette année, nous proposons un regroupement de la gauche révolutionnaire contre la perspective de participation au gouvernement par le le parti Die Linke. Déclaration de l’Organisation Révolutionnaire Internationaliste (RIO), qui publie le journal KlasseGegenKlasse.

La crise capitaliste mondiale a été exacerbée par la pandémie du Covid-19 et la résurgence de la lutte des classes. Dans la direction opposée, le parti Die Linke formule des propositions de participation au gouvernement. Dans ce cadre, nous voulons ouvrir un débat avec l’avant-garde de la classe ouvrière et de la jeunesse sur la manière de mettre fin au capitalisme et à tous ses fléaux. En Allemagne, les forces anticapitalistes sont à la croisée des chemins : d’un coté la lutte pour une alternative révolutionnaire en dehors des partis au pouvoir, ou de l’autre l’intégration politique encore plus profonde dans le régime dans le sillage de Die Linke - y compris une éventuelle participation au gouvernement dans l’un des centres impérialistes mondiaux.

Cet appel est destiné à servir de prélude à une discussion sur le regroupement de la gauche révolutionnaire en Allemagne. Nous, l’Organisation Internationaliste Révolutionnaire (RIO), éditeur de KlasseGegenKlasse, sommes convaincus que ce regroupement doit se faire sur une base stratégique claire et une intervention commune dans la lutte des classes, le mouvement ouvrier et les mouvements sociaux, en partant de la nécessité d’une confrontation politique avec le parti Die Linke et sa stratégie d’union avec la gauche gouvernementale

Dans ce sens, nous adressons cet appel à tous les militants et organisations ayant des revendications révolutionnaires et anticapitalistes à l’intérieur et à l’extérieur de Die Linke.

Crise économique et pandémie - révoltes et révolutions

Les révoltes au Chili, en France, au Liban, en Algérie, en Irak, en Haïti, en Équateur et dans d’autres pays ont ébranlé l’ordre impérialiste mondial avant même la pandémie. Ce retour de la lutte des classes est l’expression d’une situation transitoire mondiale. La pandémie a pu interrompre brièvement cette vague, mais en ce 1er mai, nous assistons à une nouvelle flambée de protestations dans de nombreux pays.

Alors qu’il n’y a toujours pas d’issue à la crise mondiale, chez nous, le gouvernement s’enfonce de plus en plus dans la crise : tout récemment, une série d’affaires de corruption révélées a entraîné une perte de confiance massive dans la CDU/CSU et le gouvernement fédéral.

Si cette crise gouvernementale n’a pas encore atteint son paroxysme, c’est en grande partie du fait des bureaucraties réformistes - en premier lieu la bureaucratie syndicale - qui se sont ralliées au gouvernement fédéral depuis le début de la pandémie. Elles ont largement refusé de s’engager dans les luttes contre les licenciements, alors que la pandémie a mis un million de personnes supplémentaires au chômage. Ce n’est que dans des endroits isolés que la pression de la base a conduit à des grèves. Un exemple en est la lutte contre la fermeture de l’usine Voith à Sonthofen, qui a toutefois été trahie par les directions syndicales ce qui a conduit à la défaite de cette lutte.

Les mouvements sociaux comme la lutte pour le logement à prix décent ou les luttes antiracistes comme Black Lives Matter sont renforcés par la crise. Et même des phénomènes qui avaient été plus discrets pendant la crise sanitaire, comme les mouvements pour la justice climatique et les mouvements féministes, sont confrontés à l’incapacité du régime à proposer des solutions. Les femmes sont particulièrement touchées par la crise, et la catastrophe climatique continue de nous guetter, même après une éventuelle victoire sur la pandémie.

Les frictions entre États s’intensifient également, ce qui entraînera un risque accru de conflits armés et le déplacement de millions de personnes dans le monde. Pendant ce temps, les droits sociaux et économiques des migrants, déjà très limités, sont systématiquement restreints, qu’il s’agisse des travailleurs migrants touchés de manière disproportionnée par les effets de la pandémie ou des réfugiés à la merci des crises sanitaires dans les camps ou expulsés vers les zones de crise. L’impérialisme allemand bénéficie des exportations d’armes et de capitaux, des déploiements de l’armée fédérale, des traités et des contrats d’armement, ainsi que des sanctions économiques et des politiques économiques extorquées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI).

Les coûts de la crise se déjà répercutent déjà sur les travailleurs et les jeunes, et de nouvelles attaques se profilent à l’horizon, comme l’augmentation de l’âge de la retraite exigée par la la banque fédérale et les grands patrons. Tant un gouvernement conservateur-écolo qu’un gouvernement SPD-Les Verts-Die Linke doit et va promouvoir les intérêts de la bourgeoisie - en dernier ressort contre les travailleurs et les opprimés.

Contre la coalition SPD-Les Verts-Die LINKE comme "moindre mal" ! Pas de participation au gouvernement fédérale de Die LINKE ! Pour une rupture avec le parti de gouvernance régionale !

Die Linke vise une coalition Socialo-écolo-Die Linke comme alternance gouvernementale à la grande coalition actuelle (Socialistes et conservateur) à au niveau fédéral. Depuis sa fondation, Le parti a acquis une longue expérience de gouvernement dans plusieurs régions fédérales et s’est doté entre-temps d’une nouvelle direction qui a la prétention de réunir la "gauche de mouvement" avec la "gauche de gouvernement" pour un gouvernement réformateur libéré de la pression des conservateurs. Cependant, cela ne représente pas une alternative politique pour les jeunes, les femmes et la classe ouvrière. Die Linke, à travers sa participation au gouvernement dans les régions fédérales porte la responsabilité des expulsions de migrants, de l’expansion des moyens et du pouvoir de la police, d’une politique sanitaire pro-patronale et des attaques sociales . Au niveau fédéral, ces politiques ne feront que se renforcer dans l’intérêt du capital, puisqu’à la tête d’un pays impérialiste, les intérêts des sociétés multinationales et de l’impérialisme allemand sont encore plus importants. Si Die Linke forme un gouvernement fédéral commun avec le SPD et les Verts - les partis des réformes Hartz, anti-ouvrières, qui ont envahi le Kosovo et qui ont l’intention de mener une politique agressive contre la Chine et la Russie sous un visage "progressiste" avec l’administration impérialiste de Biden - celui-ci achèvera de se déplacer vers la droite.

Une éventuelle participation au gouvernement au niveau fédéral constitue donc un saut qualitatif dans la relation de Die Linke avec la bourgeoisie allemande et ses ambitions impérialistes. Ce n’est pas pour rien que les voix de la direction du parti - comme celles de la chef du parti Susanne Hennig-Wellsow - se font plus fortes pour abandonner les positions antimilitaristes de manière à participer plus facilement au gouvernement fédéral.

Certains secteurs de Die Linke continuent à alimenter l’illusion d’un "gouvernement rebelle", c’est-à-dire l’illusion qu’il sera possible de mener une politique contre les intérêts du capital à la tête de la plus importante puissance impérialiste d’Europe. Nous considérons qu’il s’agit d’une position qui leur sera fatale. La participation de Die Linke au gouvernement ne signifiera aucun progrès pour les forces du mouvement ouvrier et les mouvements sociaux dans leur ensemble, et au contraire elle approfondira les divisions chauvines contre les intérêts internationalistes de la classe ouvrière. La coalition SPD-Les Verts-Die Linke n’est pas un gouvernement dans l’intérêt des travailleurs et des opprimés - ni à Berlin, ni en Thuringe ou à Brême, et certainement pas au niveau fédéral. Dans ses gouvernements de régions fédérales, Die Linke soutient l’expansion de l’appareil policier et mène des raids contre les quartiers populaires, en coalition avec le SPD et les Verts. Ces gouvernements de gauche expulsent plus de 2000 personnes par an, y compris maintenant vers des zones de guerre comme l’Afghanistan. Elle est également coresponsable de nombreuses privatisations et politique austéritaires, comme la privatisation du S-Bahn à Berlin ou l’externalisation de filiales d’hôpitaux. Et Die Linke ne soutient pas ces politiques par "contraintes pratiques", mais préconise même dans son programme électoral la poursuite de l’expansion de la police, accepte les privatisations et autres mesures. Die Linke se lance dans la campagne électorale du parlement fédéral avec un programme qui nous promet quelques miettes de pain, et attend en retour notre confiance dans les institutions du régime. En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, la région fédérale la plus peuplée d’Allemagne, Sahra Wagenknecht (issue de l’aile droitière du parti Die Linke), est en première place sur la liste régionale, elle pourra sans problème débiter des slogans racistes alors que des millions de migrants, de femmes et de personnes homosexuelles souffrent déjà le plus des effets de la pandémie.

Qu’est-ce que les organisations et les militants aux aspirations révolutionnaires ont à opposer à cela ? Subordination aux ministres du gouvernement et à leurs campagnes électorales, et donc soutien au système contre lequel ils veulent en fait se battre ? Ou plutôt une campagne publique contre la participation au gouvernement et pour l’ouverture d’une perspective de lutte par des mobilisations de masse et des grèves contre la crise ?

Nous proposons à toutes les organisations anticapitalistes, socialistes et de lutte de classe, aux groupes syndicaux de base et aux individus qui rejettent la perspective de la participation gouvernementale aux niveaux fédéral et des régions fédérales une campagne offensive : "Aucune coalition Les Vert-SPD-Die Linke ne nous sauvera : la lutte des classes au lieu de la participation gouvernementale !" Une campagne qui s’oppose à la logique du "moindre mal" et propose une alternative à l’orientation de Die Linke vers une participation gouvernementale avec le gouvernement fédéral impérialiste.

Une telle alternative doit se concentrer sur la lutte contre les effets sociaux de la pandémie et de la crise mondiale, et relier les différents mouvements sociaux - tels que ceux contre les violences racistes et sexistes et contre la catastrophe climatique - au mouvement des travailleurs. Ensemble, nous devons lutter contre les logiques de privatisation et d’austérité dans les hôpitaux, contre l’expansion de la police et de l’appareil répressif, contre les arrestations et les descentes de la police raciste, contre la déportation des travailleurs migrants et des réfugiés, contre la violence sexiste, les expulsions des locataires, contre les politiques sanitaires favorables aux entreprises et contre le couvre-feu, ainsi que contre tout déploiement militaire à l’étranger. Au lieu du "greenwashing" dans l’intérêt des entreprises, nous avons besoin de la nationalisation de toute l’énergie, de la chimie et de l’industrie lourde sous le contrôle des travailleurs, de la gratuité totale des transports publics et d’une transformation écologique de la production avec une protection totale de l’emploi et des salaires, financée par des taxes sur le capital et les grandes fortunes. Pour faire face à la pandémie, nous devons nous battre pour un arrêt temporaire de toute l’économie non essentielle et une compensation salariale complète pour tous les travailleurs touchés, ainsi que des soins pour ceux qui en ont besoin dans l’intérêt des personnes plutôt que des profits. Cela signifie également l’abolition des brevets sur les vaccins et les médicaments et la nationalisation de l’ensemble des secteurs pharmaceutique et sanitaire sous le contrôle des travailleurs.

Une telle politique ne peut être menée à bien que si elle s’appuie sur la mobilisation des travailleurs, des jeunes et des mouvements sociaux, avec la perspective de leur auto-organisation - y compris contre les direction et bureaucraties réformistes des syndicats et des mouvements sociaux - plutôt que de placer leur sort entre les mains d’un gouvernement fédéral "de gauche". Selon nous, cela inclut également la lutte pour une coordination lutte de classe et anti-bureaucratique dans les syndicats, que nous proposons aux organisations avec lesquelles nous construisons conjointement le Réseau des syndicats militants (VKG).

Pour un regroupement révolutionnaire en dehors de Die Linke !

Nous voulons combattre la logique de subordination à la perspective électorale d’un gouvernement Vert-SPD-Die Linke avec tous ceux qui veulent faire avancer la lutte des classes dans l’intérêt des travailleurs, des jeunes, des femmes et des migrants. Mais en même temps, nous sommes d’avis que cette lutte - pour que les capitalistes paient la crise - ne peut pas seulement se limiter à aller contre la participation de Die Linke au gouvernement, mais doit contribuer à construire une alternative complètement différente. Nous défendons une gauche qui ne se fait pas d’illusions sur l’État et les partis réformistes. Une gauche qui se propose de dépasser les règles du jeu du régime bourgeois et de construire une force révolutionnaire qui puisse fusionner avec les secteurs les plus progressistes de la jeunesse, des travailleurs et mouvements sociaux. Un regroupement révolutionnaire indépendant de Die Linke.

Un tel regroupement ne se fera pas du jour au lendemain, mais devra se faire sur la base de conclusions stratégiques communes à partir des phénomènes centraux de la lutte des classes. Par conséquent, nous proposons d’utiliser une campagne commune contre la participation au gouvernement de Die Linke pour examiner les accords et les différences plus profondes sur la voie d’un regroupement révolutionnaire.

Nous sommes conscients qu’il s’agira d’une lutte à contre-courant. Mais notre tâche en tant que gauche révolutionnaire est d’utiliser une campagne contre la participation de Die Linke au gouvernement pour montrer que le capitalisme ne peut pas être réformé et qu’un bouleversement socialiste n’aura pas lieu dans les parlements. Nous devons montrer qu’il existe une alternative à la logique toujours identique du moindre mal et de la résignation : un véritable anticapitalisme cohérent dans la perspective de la révolution socialiste.

Actuellement, de nombreux membres de la Gauche anticapitaliste (AKL) qui militent au sein de Die Linke envisagent de ne pas faire campagne pour Sahra Wagenknecht en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Nous pensons que c’est une bonne chose et demandons donc aux camarades de l’AKL et aux organisations qui y sont actives avec une revendication révolutionnaire : Quelles conséquences les forces révolutionnaires en Allemagne doivent-elles tirer d’une participation de Die Linke à un gouvernement fédéral impérialiste et à des gouvernements de régions fédérales anti-ouvriers ?

Nous sommes convaincus que les camarades ayant des aspirations révolutionnaires doivent rompre avec la stratégie réformiste de Die Linke et aller de l’avant dans la perspective de construire une force révolutionnaire unie de la classe ouvrière. Sinon, ils soutiendront un projet qui subordonne les intérêts de la classe ouvrière aux intérêts de l’impérialisme allemand et abandonneront ainsi la lutte pour la révolution socialiste.

Une alternative révolutionnaire dans l’Allemagne impérialiste n’émergera pas simplement par la croissance de notre propre organisation ou par une alliance large et sans détermination stratégique des différentes organisations de gauche radicale. Au lieu de cela, une fusion de la gauche révolutionnaire avec les secteurs les plus avancés de la classe ouvrière et de la jeunesse, basée sur les leçons les plus importantes de la lutte des classes, sera nécessaire. Nous pensons que nous ne pouvons pas attendre qu’une telle organisation tombe du ciel le jour de l’éclatement spontané de la lutte des classes, mais que nous devons proposer des initiatives pour la construire aujourd’hui.

Exemples internationaux

En Argentine, le Front de gauche et des travailleurs (FIT) existe depuis 2011, avec des milliers de travailleurs et de militants révolutionnaires. C’est un front commun de quatre organisations qui, malgré les grandes différences de stratégie et de pratique politique, représentent un programme d’indépendance de la classe ouvrière et des opprimés vis-à-vis de l’Etat, du capital et des bureaucraties réformistes et populistes. Ils participent aux élections, dans lesquelles ils ont pu obtenir plus d’un million de voix. Nos camarades du PTS se battent pour que le FIT mène une lutte commune dans les mouvements ouvriers et sociaux afin de clarifier les différences stratégiques qui font obstacle à la construction d’un parti révolutionnaire uni en Argentine.

En France, une lutte acharnée est en cours au sein du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) sur la question de savoir si les révolutionnaires doivent former un front commun avec La France Insoumise, le parti réformiste-nationaliste de Jean-Luc Mélenchon, ou si le NPA doit se refonder sur une base révolutionnaire avec une orientation stratégique claire vers la classe ouvrière, dans la perspective d’un parti ouvrier révolutionnaire. Cette perspective signifierait une fusion avec la nouvelle génération de travailleurs issus des mouvements contre la réforme des retraites et des mouvements sociaux. Ceci est promu par nos camarades du NPA-Révolution Permanente. Dans l’État espagnol et en Catalogne, il y a également des efforts de la part des forces révolutionnaires pour construire un front anticapitaliste et révolutionnaire basé sur le rejet du gouvernement Podemos.

Nous pensons que la crise de Die Linke ne peut avoir une issue progressiste que par une rupture avec les directions traîtresses et la construction d’un pôle révolutionnaire en dehors de ce parti. Sinon, cela conduira à la frustration de milliers de militants anticapitalistes qui ne veulent plus être dans le même parti que des gouvernants racistes et anti-ouvriers.

Les expériences communes dans la lutte de classe et la voie vers un regroupement révolutionnaire

Une campagne offensive contre la participation de Die Linke au gouvernement et pour une sortie de crise pour les travailleurs et la jeunesse ne peut être qu’une partie de toute une série d’expériences communes qui seront nécessaires pour construire une force révolutionnaire unie en Allemagne. Dans ce sens, nous proposons également à tous ceux qui se sentent interpellés par cet appel de faire des expériences communes dans les prochaines luttes de classe, entre autres dans le mouvement des locataires pour l’expropriation des bailleurs privés, les mouvements hospitaliers et d’autres mouvements sociaux, afin de représenter une perspective de lutte de classe contre la gestion de la crise par le gouvernement et les direction syndicales acquises aux intérêts de la bourgeoisie, de mettre à l’épreuve les points d’accord et les différences et d’avancer sur la base de conclusions communes. Les occasions de le faire seront nombreuses.

Une tâche centrale d’un tel pôle révolutionnaire doit être la lutte pour un front uni contre la politique sanitaire du gouvernement et les attaques à venir des patrons. Pour cela, il faut également s’opposer à la politique des directions syndicales bureaucratiques et de partenariat social, qui ont montré dans la crise que leur intérêt n’est pas ceux des travailleurs, mais celui de la stabilité et de la continuité de l’exploitation capitaliste. Selon nous, la lutte pour arracher les syndicats aux mains de la bureaucratie du partenariat social ne peut se faire par une réforme de l’appareil bureaucratique ou une lutte pour les postes, mais uniquement par la construction d’un courant de lutte de classe au sein du mouvement ouvrier et des syndicats DGB, basé sur l’auto-organisation des travailleurs (comités de grève, assemblées de grève et de base, comités de coordination supra-entreprise, etc.) Cette lutte ne peut pas non plus être de nature purement économique, mais elle doit être profondément politique. Parce que la classe ouvrière doit d’abord combattre la bureaucratie, mais parce qu’elle doit aussi mettre en place un programme contre toutes les oppressions et le chauvinisme impérialiste qui divisent ses propres rangs. La lutte de la classe ouvrière doit aussi avoir comme objectif la construction d’une alternative politique à la social-démocratie et au réformisme, un parti socialiste révolutionnaire de la classe ouvrière.

Sur la base d’expériences communes dans la lutte de classe et de conclusions stratégiques, nous voulons avancer vers un pôle révolutionnaire : pour une gauche révolutionnaire et pour une alternative politique qui ne joue pas selon les règles du régime mais vise au contraire à renverser le système capitaliste.

Pour une gauche socialiste qui n’accepte pas la logique du moindre mal !

Nous voulons initier un processus de discussion pour un regroupement révolutionnaire en Allemagne qui soit indépendant du réformisme et des partis au pouvoir. Nous invitons toutes les organisations et tous les militants qui se sentent concernés à participer au débat. Nous mettons notre journal au service d’une telle discussion pour toute contribution.

Nous adressons cet appel à tous les militants et organisations ayant des revendications révolutionnaires-socialistes, anticapitalistes et de lutte de classe, à tous les camarades du parti DIE Linke qui s’opposent à la participation au gouvernement et/ou qui envisagent de le quitter, à la Gauche anticapitaliste (AKL) et ses organisations (SOL, SAV...), aux camarades et aux organisations du Réseau des syndicats militants (VKG), et à tous les secteurs de la gauche révolutionnaire qui veulent avancer vers un regroupement révolutionnaire.

L’appel s’adresse en particulier aux secteurs de la classe ouvrière et aux collègues qui sont aujourd’hui en première ligne de la lutte contre les mesures des capitalistes et du gouvernement, les travailleurs hospitaliers qui luttent contre la politique de coupes budgétaires, les travailleurs des usines et des grandes entreprises qui licencient, les travailleurs du commerce de détail, les enseignants et bien d’autres qui ne sont pas satisfaits des politiques de la bureaucratie syndicale et des partis réformistes au pouvoir et qui cherchent une issue à la crise dans l’intérêt de notre classe.

L’appel s’adresse également aux militants du mouvement des locataires qui n’ont pas d’espoir dans les gouvernements et qui pensent que les mobilisations et les grèves pour les expropriations sans compensation des bailleurs privé sont nécessaires. Il s’adresse aux militants du mouvement antiraciste qui n’ont aucune confiance dans les institutions de l’État et dans les partis au pouvoir, et qui pensent que la lutte contre le racisme doit être une lutte anticapitaliste. Il s’adresse aux militants du mouvement climatique qui s’opposent au capitalisme vert et à la cooptation de leur mouvement par les partis au pouvoir tels que les Verts. Il s’adresse aux militants des mouvements féministes et queer qui luttent contre l’oppression, la crise du care et la socialisation du travail domestique, et qui estiment qu’une perspective socialiste est nécessaire à la libération. Et à tous ceux qui croient que nous devons surmonter la séparation et la division de nos luttes par une stratégie anticapitaliste unifiée de la classe ouvrière dans la perspective de la révolution socialiste et qui croient que soit nous serons tous libérés des chaînes de l’exploitation et de l’oppression, soit personne ne le sera.

Il n’y a pas de temps à perdre

En Allemagne, de nouvelles attaques des capitalistes et des futurs gouvernements (qu’ils soient le "moindre" mal ou le mal "absolu") nous attendent. Mais il y a aussi des années de recrudescence de la lutte des classes - en Allemagne et dans le monde - devant nous. Les nombreux soulèvements de masse, comme au Chili, en France, aux États-Unis, au Myanmar, ainsi qu’en Irak, en Iran, etc. sont les signes avant-coureurs de nouvelles situations révolutionnaires. Préparons-nous à ces luttes en Allemagne également.

Un parti révolutionnaire ne peut être improvisé au moment de l’éclatement d’une situation (pré-)révolutionnaire. Il doit se développer dans les luttes ici et maintenant. Il doit se mettre à l’épreuve et faire ses preuves, dans la lutte contre les directions réformistes et sociales-démocrates. Il doit gagner la confiance des masses en construisant une unité efficace contre les attaques des capitalistes et des gouvernements. Enfin, il doit accroître son influence dans les secteurs de la classe ouvrière, dans la jeunesse et dans les secteurs opprimés, car ce n’est qu’ainsi qu’il pourra rallier la majorité de la classe ouvrière derrière lui au moment décisif et imposer une issue révolutionnaire à la crise : le renversement du gouvernement et la formation d’un gouvernement ouvrier avec la perspective de la transformation socialiste de la société.

Tirons-en les conséquences.

Construisons cette force ensemble.

Il n’y a pas de temps à perdre.

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