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Leurs profits contre nos vies

80 milliards pour les actionnaires du CAC 40 en 2022 : « tous les ans ils sont augmentés, pas les salariés »

Alors que les travailleurs ont été contraints de payer la crise, de couper le chauffage cet hiver et de surveiller leur panier de course, les actionnaires du CAC40 n’ont jamais touché autant d'argent qu'en 2022.

Maelle Hills

10 janvier 2023

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Les actionnaires des entreprises du CAC40 n’ont jamais touché autant d’argent qu’en 2022. C’est ce qu’a révélé cette semaine la revue spécialisée en finance Vernimmen.net, qui partage à ses abonnés ses compilations sur les grandes entreprises françaises. D’après celle-ci, dividendes et reventes d’actions confondues, les grandes entreprises françaises ont reversé 80,1 milliards d’euro à leurs actionnaires sur l’année passée. Ainsi, si l’on s’attarde seulement sur les dividendes, ces derniers ont atteint 56,5 milliards d’euros contre 45,6 milliards en 2021 et 28,6 milliards en 2020.

Les trois entreprises qui reversent les plus à leurs actionnaires représentent presque un tiers du total des dividendes versés du CAC40. Il s’agit de TotalEnergies, qui leur verse 13,3 milliards d’euros ; LVMH avec 7,1 milliards et Sanofi avec 4,7 milliards d’euros en rachats d’actions et dividendes. Pourtant si leurs actionnaires ont connu une excellente année 2022 ce n’est pas le cas des salariés.

En effet, les travailleurs de ces trois entreprises se sont mobilisés cette année, se mettant en grève pour réclamer une hausse des salaires face à une inflation galopante. Les raffineurs de Total ont ainsi mené une longue grève pour une augmentation de 10 % des salaires , de meme pour les salariés de Sanofi mais aussi pour différentes enseignes du groupe LVMH, notamment dans les usines Louis Vuitton et à Sephora

Alors qu’ils refusaient d’augmenter les travailleurs qui font fonctionner leurs usines et sans lesquels elles ne pourraient produire la moindre richesse, les grands patrons du CAC40 n’ont pas hésité à augmenter de façon record leurs actionnaires. Une augmentation qui s’est faite sur le dos des travailleurs, comme l’expliquait Alexis Antonioli, secrétaire général de la CGT Total Normandie en réagissant aux bénéfices déclarés par l’entreprise pour Révolution Permanente : « Quand on voit les conditions de travail dans lesquels on est, les postes vacants, les difficultés à gérer l’ensemble des postes, c’est déconnecté totalement de tout ça et on voit bien qu’on est dans un groupe qui fait du cash comme jamais et que cet argent il ne revient jamais à l’outil de travail ni aux salariés, il revient toujours à l’actionnaire. »

« Les travailleurs de Total se sont battus pendant plus de cinq semaines pour qu’on augmente leur salaire à la hauteur de l’inflation. En 2023 on va être encore plus impactés par cette inflation et on nous annonce que les actionnaires ramassent plus de 13 milliards d’euros. De mémoire TotalEnergies sur 2022 c’est 50 milliards en cashflow. Total avait largement les moyens d’augmenter ses 100 000 salariés dans le monde et s’ils l’ont pas fait c’est parce qu’ils préféraient conserver les bénéfices et augmenter les actionnaires. Au final c’est toujours aux travailleurs qu’on présente la facture, aujourd’hui si on nous parle du recul de l’âge de départ à la retraite, c’est en grande partie pour faire des économies. C’est toujours les travailleurs qui payent, qui ont bossé pendant le Covid, qui subissent l’inflation et à qui on refuse d’augmenter les salaires. On nous demande de travailler jusqu’à la mort pour les actionnaires. », explique Adrien Cornet, délégué CGT Total Grandpuits, interrogé par Révolution Permanente.

Du côté de chez Sanofi, c’est la même chose : « Tous les ans les actionnaires sont augmentés, c’est pas le cas des salariés », expliquait Jean-Louis Peyren, coordinateur CGT Sanofi alors que les salariés du géant pharmaceutique s’étaient mis en grève pour réclamer une augmentation de 10% quand les actionnaires avaient été augmentés de 16%. Au niveau du groupe LVMH, les salariés grévistes de Sephora dénoncaient aussi les dividendes records avec des pancartes ou l’on pouvait lire : «  Bénéfices records pour les actionnaires, 0 euro pour les salariés », « Bernard Arnault, partage le magot ! ».

Avec une inflation de 5,9% fin 2022, les prix de l’énergie qui ont augmenté de 15,1% et des produits alimentaires de 12,1%, les augmentations de salaires ne suivent pas. Ainsi, le « salaire réel » des travailleurs baissent encore tous les jours, alors même que les grands groupes réalisent d’énormes bénéfices et versent des dividendes records. Ces chiffres montrent une nouvelle fois que pendant que les travailleurs payent cher la crise, cette dernière profite aux grands groupes capitalistes qui concentrent toujours plus de richesse dans leurs mains.


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