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Réforme des retraites

80 000 personnes à Bordeaux : « Le nombre dans la rue ne suffit pas, il faut bloquer l’économie »

Ce samedi 11 février était appelé un quatrième jour de manifestation nationale contre le projet de réforme des retraites. À Bordeaux, 80 000 personnes étaient présentes d’après l’intersyndicale, soit plus que les trois premières dates. Dans le cortège, les discussions expriment des velléités de durcir le mouvement.

Olga Hagen

12 février 2023

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Ce samedi 11 février, ce sont 80 000 manifestants qui ont défilé dans les rues bordelaises selon l’Intersyndicale. Un chiffre record après les 50 000 personnes du mardi 7 février, les 75 000 personnes du 31 janvier et les 60 000 du 19 janvier. Le symptôme d’une colère qui ne faiblit pas face à la réforme antisociale de Macron, et continue de mobiliser. La police quant à elle, a déclaré le chiffre dérisoire de… 13 500 personnes.

Parmi les revendications, le retrait de la réforme, mais aussi la question de la retraite à 60 ans, très présente dans la manifestation. « Nous on demande la retraite à 60 ans, et 55 ans pour les métiers pénibles » explique Stéphane, délégué syndical central Owens Illinois France. Ce dernier poursuit : « Verrier, c’est travailler en 5X8. Pour qu’elle fonctionne ces usines là c’est 7 jours sur 7 et 24h/24h, le tout dans des conditions de travail dangereuses constantes. »

Beaucoup de primo-manifestants

La mobilisation se déroulant un samedi, le cortège a pris une ambiance familiale. De nombreuses personnes manifestants avec leurs enfants ou leurs proches sont venus fournir les rangs, en plus des cortèges syndicaux.

Plus dispersé que les premières journées, les cortèges syndicaux, CGT en tête, ont néanmoins fait le plein en ce samedi après-midi ensoleillé. D’autant plus, à côté des syndicalistes et travailleurs pour qui cette manifestation était la quatrième en un mois, nous pouvions remarquer la présence d’une proportion non-négligeable de primo manifestants. Cette présence parle du soutien massif au mouvement contre la réforme des retraites du gouvernement Macron, alors même qu’une partie importante de ces derniers nous ont témoigné ne jamais avoir fait grève pour le moment, mais suivre de près la dynamique. Ces primo manifestants déclaraient également se tenir prêts à soutenir et se joindre aux grèves à venir.

Le cortège de jeunesse fait à nouveau le plein : les étudiants bordelais doivent prendre en main leur mobilisation

Le cortège unitaire de jeunesse, placé en seconde place du défilé derrière la CGT, à quant à lui, réunit une nouvelle fois un millier de personnes dans une ambiance très dynamique malgré le début des vacances universitaires. « Macron t’es foutu, la jeunesse est dans la rue ! », « Solidarité avec les travailleurs du monde entier ! » : les slogans se sont enchaînés au rythme des cuivres et de la batucada.

Très apprécié par l’ensemble de la manifestation pour son ambiance, le millier de jeune présent démontre sa détermination à se mobiliser contre cette réforme mortifère, mais également “pour un autre monde”, comme l’inscrit l’une des banderoles de tête.

Alors que la jeunesse peut jouer un rôle déterminant dans le durcissement du conflit, pour que sa présence se massifie et que le mouvement étudiant puisse exprimer toute sa radicalité, l’investissement des cadres d’Assemblées Générales et des comités de mobilisation sur les universités doit redoubler. Ce n’est qu’au travers de ces cadres que la jeunesse, organisée et non-organisée, pourra unir l’ensemble de ses forces dans l’action et développer tout son potentiel au-delà des seules journées de manifestations isolées.

La mobilisation ne faiblit pas en Nouvelle-Aquitaine

Dans le reste du Sud-Ouest, le mouvement ne s’essouffle pas. C’est le cas à Pau, Bayonne ou Poitiers, où 12 000 manifestants étaient présents dans les rues. 8 000 personnes battaient le pavé à Périgueux et Niort, 7 500 à Brive-la-Gaillarde, 6 000 à Angoulême, 4 500 à Dax, ou encore 4 000 à Saintes. Des chiffres importants ramenés au nombre d’habitants, donnant parfois des moyennes comme 1 habitant sur 4 qui va manifester comme pour des villes comme Bayonne, Périgueux ou Tulle (Corrèze).

Éric, membre du bureau national de la CGT aviation civile, nous fait part de la même analyse : « Dans les villes petites et moyennes, ça marche plutôt bien. Depuis le début, on a des taux de manifestants bien plus élevés que ce qu’on a pu voir dans d’autres mouvements. »

Face à une colère qui se durcit : radicaliser le mouvement

Comme l’avaient prévu les syndicats, poser une journée de manifestation un samedi a permis de mobiliser les travailleurs pour qui il n’est pas toujours possible de faire grève. Après cette journée réussie, à Bordeaux et en Nouvelle-Aquitaine, mais plus largement partout en France, il est nécessaire que ces travailleurs puissent rejoindre la mobilisation. Parce que des journées éparses ne suffiront pas à faire reculer le gouvernement, il est nécessaire que les travailleurs puissent prendre en main le mouvement pour le durcir.

C’est dans ce sens qu’Eric s’exprime à notre micro : « les macronistes n’en ont rien à faire du nombre de personnes dans la rue. Il y a deux options : celle d’une grève plus dure, un blocage de l’économie partielle ou complet pour faire mal au patronat, soit il faut que ça castagne dans la rue, ce qui n’est pas toujours la meilleure solution. »

Si l’intersyndicale a appelé à une prochaine journée le 16 février et à mettre « la France à l’arrêt le 7 mars prochain », il ne pose pas concrètement la question de la reconductible. Or, le nombre de personnes présentes, le dynamisme des cortèges et les nouveaux secteurs présents montrent que la combativité n’est qu’ascendante et que personne n’a envie d’en rester là. Ainsi, il est urgent de s’organiser à la base pour étendre et durcir le mouvement par l’auto-organisation, au moyen d’assemblées, de coordinations et d’assemblées interprofessionnelles.


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