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Mobilisation étudiante

15 mars dans les facs : aux côtés des grévistes, les étudiants continuent la mobilisation

Avant la mobilisation du 15 mars, les étudiants continuent de s’activer dans les facs. De nouvelles universités comme Paris 3 et Limoges ont connu des Assemblées générales importantes, quand les écoles d’arts et d’architectures sont fortement mobilisées. Dans beaucoup de villes, des actions de soutien aux travailleurs en grève s’organisent.

Antoine Weil

15 mars 2023

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15 mars dans les facs : aux côtés des grévistes, les étudiants continuent la mobilisation

Depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, les étudiants et lycéens participent largement à la mobilisation, donnant à voir des cortèges jeunes importants dans de nombreuses villes comme à Paris le 9 mars, sans que ne se développent cependant des Assemblées générales massives. En vue de la journée de grève du 15 mars, dans plusieurs universités les étudiants viennent grossir les rangs des AG, comités de mobilisation, et différents cadres d’auto-organsiation.

De Paris aux écoles d’art : de nouveaux secteurs rejoignent la mobilisation !

A Paris 3 notamment, un Assemblée générale ce lundi a décidé de bloquer l’université le lendemain matin. Mardi matin dès 9h, ce sont donc plusieurs centaines d’étudiants qui se sont retrouvés devant l’université, jusqu’à ce qu’ils obtiennent la banalisation des cours pour la journée. Réunis à plus de 300 personnes dans un amphithéâtre, ils ont alors décidé de reconduire le blocage le 15 mars lors d’une nouvelle AG, avant d’appeler à une manifestation jeudi 16 mars devant l’assemblée nationale.

Pour empêcher que la mobilisation se développe dans les prochains jours, la présidence de l’université a décidé de fermer l’établissement pour le 15 mars. Face à cette nouvelle fermeture administrative scandaleuse, les étudiant restent déterminés et appellent à se rassembler devant la fac ce matin.

La perspective d’un vote de la réforme des retraites au Parlement- ou d’un recours au 49-3- n’effraie en effet pas les étudiants. A la fac de lettres de Limoges par exemple, plus de 300 personnes étaient présentes en AG ce lundi et ont décidé de reconduire l’occupation de l’établissement.

Enfin, les écoles d’arts et d’architecture sont particulièrement mobilisées dans toute la France. Ces établissements, peu réputés pour leur tradition de mobilisation, ont fait une entrée remarquée dans le mouvement ces derniers jours, avec des cortèges très dynamiques, comme à Paris le jeudi 9 mars dernier.

Depuis le 8 mars les écoles des beaux-arts et d’architecture de Paris sont partiellement occupés par les étudiants. A Strasbourg également, les étudiants de la Haute école des arts du Rhin (HEAR) ont occupé leur école le 8 mars, après une assemblée générale rassemblant plus d’un quart des étudiants. Largement suivi, le mouvement continue de s’étendre : ce mardi l’école d’architecture de Nantes a été bloqué après une Assemblée générale de 350 personnes.

Désormais, 17 des 20 écoles d’architectures du pays sont bloquées. Si les revendications dépassent en partie la question de la réforme des retraites, les étudiants mobilisés contestant la baisse de financement des écoles d’art publiques, plusieurs d’entre eux cherchent à tisser des liens avec les travailleurs en grèves, et proposent d’apporter de l’aide sur les piquets.

Assemblées Générales, occupations, blocages… la mobilisation reste importante dans les universités

Aux côtés de ces nouveaux secteurs d’étudiants qui rejoignent la mobilisation, les universités qui ont réuni le plus de monde depuis du mouvements, tels que Rennes 2, le Mirail à Toulouse et Paris 1, se maintiennent dans la mobilisation, sans pour autant monter d’un cran. A Tolbiac, 350 étudiants et personnels ont ainsi décidé de bloquer la fac ce mercredi matin. A Paris 8 dans le même sens, la mobilisation s’enracine à partir des AG d’UFR, comme celui d’Arts qui a rassemblé plus de 150 personnes ce mardi.

Par ailleurs, plusieurs universités choisissent des modes d’action radicaux, signe que l’examen final de la réforme des retraites au Parlement n’affecte pas la détermination des étudiants mobilisés. A Caen par exemple, un bâtiment de l’université est occupé depuis une semaine, quand à Dijon, étudiants et personnels mobilisés ont organisé une action « crous gratuit » pour permettre aux étudiants de se nourrir gratuitement, et dénoncer dans le même temps la précarité alimentaire. A Tours également, plus de 150 étudiants en Assemblées Générales ont décidé de bloquer la fac ce mercredi.

Alors que la grève reconductible continue dans plusieurs secteurs stratégiques, les étudiants font également le choix de se tourner vers l’extérieur et de se lier aux grévistes. A rebours des journées passives organisées par l’intersyndicale, à Paris ce mardi des étudiants de l’Université Paris-Cité et de Nanterre étaient aux côtés des cheminots de Saint-Lazarre pour une action contre le siège du parti Renaissance.

A Dijon, des étudiants étaient également aux côtés des syndicats ce matin pour le blocage du dépôt pétrolier de Longvic. A Lorient également le « Comité de Lutte » de l’université de Bretagne Sud participaient tout au long de la semaine à l’opération « ports bloqués » en soutien à la grève des dockers, quant à Nantes, des étudiants ont participé à une action de blocage de rond-points. A la suite de cette action, les étudiants présents en nombre sur la fac pour participer à une AG se sont affrontés à la répression, et un étudiant a été interpellé.

Les facs engagées dans la grève reconductible

Si la mobilisation dans les universités n’a pas explosé à la suite du 7 mars, les AG et blocages se sont donc maintenus. Certaines universités et écoles ont même connu une hausse significative d’étudiants mobilisés, signe que la jeunesse répond à l’ambiance de grève reconductible qui se répand dans le pays. Avec des AGs et des comités de mobilisation actifs pour distribuer des tracts, relayer les AG et tisser des liens avec les autres secteurs, les universités qui ont milité activement en faveur des cadres d’auto-organisation ont connu une mobilisation importante, comme c’est le cas à Paris 3.

Présente sur les piquets de grève, les actions de blocage, et dans les manifestations sauvages qui se succèdent cette semaine, une frange de la jeunesse montre qu’elle est déterminée à continuer le mouvement. La diversité des revendications et des modes d’actions, de la défense des moyens pour l’université qui s’exprime dans les écoles d’arts à la dénonciation de la précarité étudiante soulignée lors des actions « Crous gratuit », rappelle également que la colère dépasse la question de la seule réforme des retraites.

Pour amplifier la mobilisation dans les facs, il s’agit de profiter au mieux des prochaines journées de grève, qui seront décisives. A l’heure où Emmanuel Macron est prêt à passer en force et à utiliser le 49-3, les étudiants doivent appuyer les grèves reconductibles et les actions organisées par les grévistes, qui imposent un autre rythme au mouvement. La mobilisation ne s’arrête en effet pas avec le 15 mars, et de nombreux secteurs restent en reconductible, à l’image des éboueurs parisiens en grève au moins jusqu’au 20 mars.

Afin d’appuyer les grévistes et de montrer la détermination des étudiants à remporter cette bataille, une manifestation de jeunesse en direction de l’Assemblée nationale est donc prévue jeudi 16 mars, jour du vote de la réforme des retraites. L’occasion de durcir le mouvement, pour faire enfin payer à Macron toutes ses attaques, de la sélection à la précarité étudiante en passant par le SNU obligatoire.


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